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les fanfics d'Aë

1001 nuits (OS)

19 Janvier 2017 , Rédigé par Aësälys Publié dans #OS

Résumé de lena1987: HG/SS. « Vas-tu m’emmener à ton lit ce soir ? » Sa lente question lui fait relever brutalement la tête de son livre. Ils sont assis sur le toit plat de la maison, sur une des plus élevées des montagnes. La vue tombe, tombe, tombe, sur la vallée sous eux. Une romance dans le désert. Léger M. Prix pour Sassyluv, 100e reviewer de ‘As is’.

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Disclaimer : Les personnages ne sont pas à moi, mais les délicatesses locales, si, jusqu’au numéro de téléphone amusant sur le pavement.

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Note de lena1987 : C’est le cadeau pour le 100e reviewer de ‘As is’, la merveilleuse Sassyluv. Elle voulait un mélange d’angoisse et de romance, allant avec la belle chanson de The Calling appelée ‘Chasing the Sun’. Il y a ici du fluff et une légère odeur de citrus.

Que quiconque ayant google aille chercher des images de Salalah (Oman). C’est un lieu paradisiaque et j’ai eu grand plaisir à écrire ce qui suit. Profitez bien.

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Aë : 'Alif Layla wa Layla' c’est ‘mille et une nuits’ en arabe. Le titre des contes a été bien traduit… ‘layla’ c’est la nuit, et sous l’orthographe de ‘Leïla’, c’est le second prénom de Nourhän ‘Nono’, ma poussine <3

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Mille et une nuits

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'Alif Layla wa Layla'

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Muscat, 2008

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Elle était assise trois rangs devant lui dans l’amphithéâtre, à éplucher des pistaches. Il prit un siège côté allée, comme toujours ; les vieilles habitudes ont la vie dure, et d’après la manière dont sa tête se tourna légèrement de côté lorsqu’elle réalisa que quelqu’un la regardait, elle était du même avis. Ses doigts, maintenant longs et fins, se déplaçaient avec méthode : l’ongle du pouce ouvrait la coquille, l’index entrait pour révéler le fruit en dessous, une riche combinaison de roses et de verts.

Il y avait deux petites piles sur la tablette pliante fixée à son siège. L’une surmontait un mouchoir et se composait des coquilles, l’autre, dans un bol de plastique, avec le produit fini. Aucune n’avait terminé dans sa bouche, et il découvrit qu’il perdait rapidement toute concentration pour la très ordinaire exposition des utilisations supposément révolutionnaires du sel de mer. A la place, il se pencha en avant, déposa ses coudes sur sa table et grimaça lorsque sa chaise grinça sous l’ajustement du poids de sa silhouette d’un mètre quatre-vingt douze.

Alors qu’il l’observait, Severus se demanda si quelque chose, chez Hermione n’avait pas changé. Tout d’abord, ses cheveux étaient courts, une masse de boucles s’arrêtant à ses épaules, plutôt qu’au milieu de son dos, comme ça avait été le cas lorsqu’il l’avait vue auparavant, presque dix ans plus tôt. Leur teinte était restée un mélange fascinant de cuivre, de brun et d’or, et voir qu’elle ne s’était pas souciée de les lisser avec un quelconque produit était rassurant. Ils étaient sauvages… et alors qu’il les fixait plus encore, il se dit qu’il aimait bien cela.

Elle était toujours minuscule, mais ses seins et sa taille affichaient des courbes lui donnant le corps de la femme de trente ans qu’elle était. Pas franchement de quoi se plaindre de ce côté-là, puisqu’il affichait lui-même cinquante ans. Revêtue de robes noires de coupe moderne, elle semblait s’être préparée à l’environnement, de part le long foulard de tissu noir repoussé sur ses épaules, prêt à être rabattu lâchement sur sa tête.

Quelle allure aurait-elle avec ? Severus reporta l’intégralité de son attention sur elle alors qu’elle poursuivait son travail sur les fruits secs, et se demanda si elle aurait l’allure des femmes natives de ce pays chaud et humide du Golfe –longues nuques fines drapées de noir, nez droits et regards taquins le suivant alors qu’il marchait sur l’estran local, la veille au soir. Les robes ressemblaient aux siennes ; il s’en était débarrassé une heure seulement après son arrivée, leur préférant à la place une chemise blanche habillée et un pantalon noir, l’idéal pour se déplacer dans la population locale sans attirer l’attention sur le fait qu’il était habillé comme leurs femmes.

Et quelles femmes ce sont. S’il était professeur d’histoire, ou même, Merlin l’en préserve, Professeur d’Etude des Moldus, il aurait saisi sa chance de les examiner. Elles se regroupent comme des goules, une timide congrégation dans le souk ou au bord de mer, parfois en groupe de noir sur l’herbe des parcs du village ou avec d’éclatants foulards dans les centres commerciaux modernes. Certaines repoussaient leur foulard pour couvrir l’arrière de leur tête et repliaient les bras avec de coquets sourires dirigés vers, à sa monumentale surprise, lui. D’autres recouvraient soigneusement leurs cheveux et naviguaient dans les rues de la ville avec une aisance dominatrice –son instant préféré (et quelque peu hilarant) fut quand une femme recouverte de noir, dont seuls les yeux soulignés de khôl noir apparaissaient, fit tomber un petit morceau de papier au sol, devant lui. Il se pencha pour le ramasser, rassembla ses rudimentaires connaissances de l’arabe, et découvrit un numéro de téléphone –un sursaut choqué de son menton le laissa regarder le regard dansant et rieur avant qu’elle ne disparaisse au coin de rue le plus proche.

Severus n’a jamais été désiré –pas réellement, pas comme il le souhaitait. Il connaissait bien assez ses fautes ; le regard des femmes qui le rencontraient pour la première fois était presque toujours le même, cataloguant mentalement ses lacunes tout en échangeant un salut poli. La liste était habituelle : cheveux trop gras, nez trop gros, peau trop pâle, corps trop fin, regard trop troublant. Pas ici. Il attirait l’attention comme leur mélange acidulé de doux jus de citron et de menthe, comprenant que c’était l’attrait de l’étranger qui lui donnait ici ce statut. Mais c’était bienvenu, même s’il n’agissait pas sur ce point.

La semaine de conférence offrait un répit bienvenu à sa position à Sainte Mangouste. L’endroit était toujours occupé, grouillant de patients et d’un flot d’employés semblant sans fin. Son propre bureau et laboratoire était un paradis de paix et de silence, mais le chaos était toujours là, seulement éloigné par un couloir. Quand il avait entendu parler du voyage financé pour Oman, il avait bondi sur l’occasion –tout comme pour les précédentes conférences, à Tokyo, Auckland et Alger.

Cela prenait pour l’instant la meilleure des formes, non pas qu’il l’aurait admis. Voir Hermione était complètement inattendu, mais il se sentait déjà bien plus intéressé par la suite de la conférence. Resterait-elle toute la semaine ? Il y avait une excursion de deux jours guidée dans la ville montagneuse de Salalah après –irait-elle ? Et le Portoloin vers les arbres à encens le surlendemain (toute sa motivation pour venir dans le pays) – le prendrait-elle avec lui ?

A nouveau, elle tourna la tête de côté, juste assez pour qu’il aperçoive un léger sourire sur le coin de sa bouche avant qu’elle ne baisse les yeux sur le tapis, avant de reporter son regard à l’avant. Elle le savait donc ici.

La présentation se termina peu de temps après. Son souffle s’arrêta lorsqu’elle se leva et sortit du rang, se plaçant face à la sortie, et, par extension, à lui. Elle ne le regarda pas une fois, se contentant de relever le fin foulard pour couvrir l’arrière de ses cheveux, son visage dénué de maquillage, en dehors d’une très fine ligne du khôl local autour de ses yeux. Elle devait être tombée entre les griffes des harangueurs du souk, pensa-t-il avec un sourire en coin ; elle était séduisante à se damner. Ses pistaches étaient serrées dans une main, le mouchoir dans l’autre. Elle marchait avec une confiance qu’il n’avait jamais vue, et le seul indice qu’elle lui donna fut un sourire en coin, avant que ses yeux ne reviennent sur la direction qu’elle prenait, suivant le flot de sorcières et sorciers par la porte.

Il lui fallut une seconde pour repousser le bureau et la suivre dans le soleil.

Il trouva assise sur un banc sur la falaise. Deux timides jeunes hommes du coin se tenaient à proximité, lui parlant d’une chose ou d’une autre. Il resta de côté un moment, se rappelant de la nouvelle de son divorce dans la Gazette du Sorcier deux ans auparavant –ce ne fut que lorsqu’elle détourna la tête, lassée du petit jeu, qu’il rejoignit le banc et s’assit, acceptant son accueil excessivement familier, qui écarta les jeunes hommes.

Ils n’échangèrent aucun mot. L’humidité était étouffante, comme dans son laboratoire au milieu d’un jour d’été. Il utilisa ses connaissances linguistiques de base pour acheter deux bouteilles d’eau sorties d’une glacière à un homme parlant Hindi au lieu de l’Arabe qu’il tentait d’utiliser, et lui en tendit une. Leurs doigts s’effleurèrent.

Bien plus tard, il était allongé au lit, uniquement revêtu d’impeccables draps blancs. Ses doigts pâles descendirent de plus en plus jusqu’à atteindre leur destination –pour la première fois, il enserra sa longueur sans que cela ne soit qu’avec l’image de parois internes et de cuisses serrées, mais à la place, une autre chambre d’hôtel, et d’autres draps blancs. Une femme à la folle chevelure, nue dans son lit, alors que ses propres doigts cherchaient et pénétraient, frémissant sous le pouvoir de son propre contact, le seul son qu’elle émettait étant son nom ; encore et encore. Il vint avec force, trop choqué et épuisé pour même prononcer un sort de nettoyage –tout ce à quoi il put penser dans son esprit fut de vaciller vers la salle de bain pour envoyer le jet du bidet sur sa semence maintenant figée sur ses cuisses.

L’eau froide le fit siffler, puis il revint au lit. Il était toujours tôt, mais il aurait été fou de penser qu’il pouvait se concentrer sur quoi que ce soit d’autre que la chance de la revoir.

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oOo

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« Je vendrais mon âme contre un peu d’eau fraîche » déclara Hermione, une de ses petites mains protégeant ses yeux alors qu’elle regardait au loin, l’air jouant avec eux en faisant apparaître abondance d’eau tout là-bas. Un piège du désert ; sans leurs baguettes, s’amusa Severus, ils auraient pu être dans de sales draps.

Il pointa sa baguette sur un mouchoir de tissu tiré de sa poche et le rafraîchit, puis le lui tendit, lui faisant signe de s’essuyer le front. La glace qu’il avait créée fondait dans sa paume, résistant à son charme de refroidissement lancé par précaution. Il utilisa l’eau dans sa main pour rabattre ses cheveux en arrière.

Ils avaient transplané vers les arbres à encens, évitant la conférence sur l’importance d’une communication efficace entre apprenti et Maître. Severus n’était pas intéressé, n’ayant jamais pris d’apprenti, et Hermione faisait de la recherche, pas de la pratique, et n’avait aucune intention de se qualifier en temps que Maîtresse des Potions. La petite différence entre leurs statuts était rafraîchissante ; il n’avait aucun désir de ressentir qu’elle recherchait son approbation. Elle l’avait déjà, mais certainement pas comme elle aurait pu l’imaginer.

Revêtue d’un long pantalon de toile et d’un léger kaftan bleu ciel lui arrivant à mi-cuisses, elle était la beauté personnifiée. Ses boucles frisottaient autour de sa tête, et elle portait un nouveau bracelet d’or à son poignet droit, une pièce légère et florale affichant de minuscules gemmes colorées aux pétales. Elle lui avait parlé des boutiques d’or dans le souk, des vendeurs excessivement joyeux et des femmes plus âgées qui riaient et tentaient de la persuader de rencontrer leurs fils. Son visage semblait plus jeune et à l’aise alors qu’elle lui racontait ses petites histoires ; il gloussa avec elle, prétendant que sa compagnie contribuait à lui amener son sourire léger.

Severus la regarda tendre ses doigts fins pour effleurer les fines branches à sa portée. Ils se tenaient proches l’un de l’autre, observant la résine. Sa chemise blanche était humide et collait à la peau luisante de son dos, tandis qu’il avait eu assez de bon sens pour métamorphoser son pantalon noir en lin gris. Il ne pouvait s’empêcher de regarder les boucles humides sur son front –auraient-elles été dans le même désarroi si elle avait été nue entre ses bras ? Viendrait-elle à lui avec la même passion qu’elle montrait aux arbres à encens ?

Viendrait-elle à lui ?

« Vous ne vendriez pas votre âme » dit-il enfin. « Revenons. L’appel de l’eau. »

Elle lui jeta un sourire en coin. L’air était chargé de chaleur, d’humidité et de son propre cœur battant.

« Bon, très bien » répondit-elle. « Déjeunerez-vous avec moi ?

-Je ne me soucie pas réellement de telles… activités frivoles » dit Severus, cherchant à voir si elle pouvait détecter la note d’humour.

Elle ne le déçut pas.

« Oui » émit-elle lentement, commençant à marcher puis s’adressant à lui par-dessus son épaule. « J’ai entendu dire cela de toi. »

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oOo

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Ils étaient assis sur le sol d’un restaurant à l’allure terne, localisé dans le recoin le plus pauvre de la ville. Hermione l’avait découvert sur un forum internet, et il lui avait jeté un coup d’œil curieux quand le serveur les avait dirigés au bas du couloir. Le restaurant était divisé par des rideaux en de nombreuses petites ‘pièces’ et les rires et conversations des familles confortablement installées se faisaient entendre alors qu’on les menait vers leur propre coin privé. L’homme souriant referma le rideau avec un geste grandiloquent lorsqu’ils commandèrent, et il fut béni de son rire.

« Tu as l’air totalement offusqué, Severus » lança-t-elle tranquillement, observant sa position figée sur le matelas de roseaux.

« Je le suis ! Pourquoi ne veulent-ils pas que l’on voie les autres clients ? Va-t-on manger un repas si atroce que nos réactions doivent être cachées ? »

Plus de rires suivirent, un petit gargouillis qui fila droit à son cœur.

« Non, crétin ronchon » le taquina-t-elle. « C’est, vois-tu, pour les femmes. Celles qui se couvrent le visage. Elles peuvent manger en privé. J’ai lu que…

-Nous y voilà » marmonna-t-il, la voix dénuée de venin, et marqué de quelque chose ressemblant suspicieusement à de la tendresse. Elle tapa son genou d’une main et s’interrompit quand le serveur se racla la gorge à l’extérieur, tout en ouvrant le rideau avec une lenteur exagérée.

« Pour me donner le temps de me couvrir » souffla-t-elle, conspiratrice, puis elle recula légèrement pour laisser de la place pour l’agneau bouilli et le riz parfumé qui étaient déposés entre eux. Il sirota avidement un cocktail de jus de fruits, l’observant terminer la première moitié de son jus de fraises frais d’une longue gorgée avant de sortir la tête du rideau pour rappeler le serveur en pleine retraite pour qu’il lui en ramène un autre. Ses charmes furent instantanés –un autre jus de fruit, cette fois à la mangue, lui fut ramené par un adolescent aux joues grêlées serré dans une chemise blanche et empesée.

« Quoi qu’il en soit » commença-t-elle lorsque les rideaux se refermèrent et qu’ils puissent se rendre ridicules en privé en mangeant le riz avec leurs mains, « j’ai lu que les coins traditionnels sont plus conservateurs, mais proposent de meilleurs repas. Côté amusement, le centre-ville est préférable, bien sûr. Mais c’est bon, non ?

Il considéra la question. Le cocktail aux fruits était mêlé de miel et de crème, et de quelque chose ressemblant à de l’eau de rose. Le riz et la viande, détecta son nez, étaient épicés à la cardamome, au citron séché, au poivre et à un mélange subtil qu’il ne pouvait repérer, mais qui devait être un mélange tout prêt pour le plat. La sorcière, de l’autre côté du plat, dévorait avec enthousiasme aisément reconnaissable, s’arrêtant pour lui jeter un coup d’œil de sous ses cils tandis qu’il rassemblait ses pensées.

« Oui » dit-il simplement. « C’est bon. »

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oOo

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Deux jours plus tard, ils dînèrent dans un hôtel près de l’eau. Elle avait pris sa main et l’avait secoué dans un transplanage d’escorte, et il n’avait absolument aucune idée d’où ils étaient réellement. Ils parlèrent du voyage officiel qu’ils avaient fait le matin aux arbres à encens et il lui montra les notes qu’il avait prises sur des idées pour utiliser l’odeur afin d’améliorer les philtres de paix.

« Viens » murmura-t-elle quand ils eurent terminé leur poisson légèrement frit. Il prit sa main offerte et la laissa l’emmener au loin à nouveau.

Ils apparurent sur une plage. Il était heureux d’avoir pris des sandales à la place de ses chaussures fermées ; elle était pieds nus. Leurs pieds formaient de doux creux dans le sable alors qu’ils avançaient vers la faible lumière –il lui avait remis sa confiance, et ne ressentit pas d’impatience lorsqu’elle lui fit signe d’accélérer jusqu’à ce qu’ils courent à petites foulées vers la lumière.

C’était un jeune homme revêtu d’habits traditionnels. Il avait une baguette à la main, et lorsqu’il les vit, il leur fit signe de venir d’un doigt sur ses lèvres. Hermione se tenait proche de lui, et il pouvait sentir le tissu de sa longue et large chemise de soie tandis que le lent vent chaud soufflait autour d’eux. L’homme éteignit la lumière d’une incantation inconnue et Severus fut douloureusement conscient de la façon dont ses sens s’élevaient sous la lumière de la lune, saisissant l’odeur de ses cheveux et l’air salé collant à sa peau.

Le guide marmonna quelques mots qu’il ne comprit pas, et Hermione agrippa son bras, ses ongles s’enfonçant légèrement dans la manche de sa chemise de coton gris. Elle lui mit un coup de coude dans les côtes, puis garda son bras près du corps de Severus. Quand il baissa les yeux vers elle, elle fixait le sable, et il fit donc de même.

Les tortues émergèrent et il se surprit par un court son amusé ; elle le regard, interrogatrice, et il expliqua qu’elles lui rappelaient les première année entrant dans la Grande Salle pour la première fois. Elle ne rit pas, mais son regard dansait dans la lumière de la lune. Il se dit que c’était suffisant.

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oOo

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Les choses qu’il voulait faire à cette femme, il ne pouvait pas même se pousser à les dire à voix haute. Il pouvait à peine les penser. Au minimum, il voulait goûter sa peau –faire courir sa langue sur son corps, s’arrêtant pour l’essence douce-amère à la jonction de ses cuisses avant de continuer pour voir si l’air salé de la ville côtière collait aussi à son ventre. Ou sa peau portait-elle la saveur entêtante des dattes medjouhl répandues en gouttes épaisses et brillantes sur les assiettes à desserts qu’elle avait commandées chaque nuit ?

Le premier jour où il l’avait vue après tant d’années, ses yeux avaient vu plus loin que les siens. Ils étaient comme des orbes de sucre brun, et rencontrèrent son regard comme l’huile sur l’eau –ils se posèrent sur lui, mais sans le laisser entrer.

Maintenant, elle marchait près de lui avec des sourires semblant lui être entièrement réservés.

Elle vint avec lui à Salalah, dans cette ville montagneuse couverte d’arbres verts et de paysages luxuriants. Il faisait chaud partout ailleurs dans le pays, si chaud que l’air était chargé d’humidité. Et le soleil… le soleil brûlait avec une férocité qui le laissait souvent essoufflé. Mais ici, dans les montagnes, il faisait frais et il marchait dans la maison dérobée du Ministère avec une sensation intense de satisfaction. Il était pour l’instant seul –aucun membre de son équipe n’avait choisi de dépasser les dates officielles de la conférence.

Elle, si.

Elle allait rester dans un hôtel proche du centre de la ville, mais sous le prétexte de l’intimité, il l’avait attirée avec toute l’innocence qu’il avait pu afficher alors que tout ce à quoi il pouvait penser était comment serait un baiser avec elle, sentir sa langue glisser dans sa bouche.

Hermione avait presque vingt ans de moins que lui et c’était comme si cela comptait à peine. Il était un homme, elle était une femme, et il y avait un poids sur ses épaules qui la séparait de la fille qu’elle avait été. Lui, aussi, était différent, supposait-il. Ses cheveux étaient plus longs, et il les portait généralement attachés en arrière. Sa peau était toujours pâle mais plus saine, plus jaunâtre. Il avait arrangé ses dents lors d’une explosion de vanité, après la fin de la guerre, même si elle ne lui semblait pas être le genre de femme à se soucier de ce genre de choses.

« Vas-tu m’emmener à ton lit ce soir ? »

Sa question murmurée lui arracha violemment la tête de son livre. Ils étaient assis sur le toit plat de la maison, sur une des montagnes les plus élevées. La vue descendait bas, bas, bas sur la vallée.

« Le dois-je ? » demanda-t-il, laissant le livre se refermer. La Métamorphose des Potions pouvait attendre. Il s’était interdit tant de choses, mais merder ça n’était pas quelque chose qu’il souhaitait.

« Je ne sais pas » dit-elle avec honnêteté, se passant une petite main dans les cheveux.

L’intensité de son désir l’énervait –il frémissait sous sa peau et alors qu’il la regardait, assise dans l’autre fauteuil, avec la table basse entre eux, une bouteille de rhum intacte sur celle-ci, il décida qu’elle n’avait jamais semblé si jolie. Ses cheveux avaient été attachés en vrac et des mèches s’échappaient pour encadrer son visage. Le maillot noir et le pantalon de lin qu’elle portait la couvraient à peine, mais il les imaginait déjà en pile sur le sol.

Severus était et est un homme soigneux, habitué à être seul. Il voulait Hermione, oui, et il voulait l’emmener à son lit. Mais la ligne blanche est toujours là, sur l’annulaire de sa main gauche ; même le soleil inépuisable du Golfe Arabique n’a toujours pas retiré le rappel physique qu’elle a un jour été mariée.

Et ce fut cela qui le fit ouvrir une fois encore le livre. Parce qu’il ne voulait pas simplement l’emmener à son lit –il souhaitait se réveiller avec elle au matin, embrasser les taches de rousseur sur son nez, s’asseoir avec elle ainsi, pour lire en fin de journée. A la fin de chaque journée.

Rassemblant son courage, il parla d’une voix également basse. « Cela signifierait-il quelque chose pour toi ? »

Il ne voulait pas être tranchant ou désagréable –son regard pensif montrait combien elle le comprenait bien. Et en retour, à sa façon, il la comprenait. Elle avait peur ; il devait avancer avec précautions.

« Je ne sais pas » dit-elle encore, fixant sans les voir les arbres.

« Alors non.

-Voudrais-tu que cela signifie quelque chose ? »

Il se détourna du livre qu’il ne lisait pas encore vraiment et croisa son regard pour la seconde fois. Pouvait-il vraiment répondre à cette question ? Il était presque tenté d’Occluder, mais s’y refusa ; il ne l’avait pas fait en presque dix ans, pourquoi commencer maintenant ?

« Seul un imbécile ne souhaiterait pas une telle chose » dit-il, plaçant ses mains sur ses genoux et regardant droit devant lui, aussi loin d’elle que possible. Il ne manqua pas ses paroles suivantes.

« Es-tu un imbécile, alors, Severus ? »

Il laissa échapper un souffle, se leva et ouvrit sa bouche pour parler, puis se ravisa. Mieux valait ne pas dire certaines choses.

Il revint à l’intérieur.

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oOo

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La brume collait à la maison lorsqu’il revint d’un petit plaisir solitaire ; il avait visité les restes de la vieille Route de la Soie, pour se rappeler qu’il existait des choses plus grandes que lui. Des choses plus grandes que désirer Hermione Granger, qu’il avait connue alors qu’elle n’était qu’une brillante petite fille, et maintenant en tant que femme mystérieuse et troublante.

Elle le salua d’un sourire et une assiette de fruits, puis revint à son livre. De la musique jouait doucement dans la maison. Celle-ci était une bâtisse ancienne, traditionnelle, ressemblant à une boîte : il y avait un étage à la demeure, puis un toit plat entouré de murs. C’était là qu’une personne avait eu un éclair de génie et placé un sortilège suffisamment solide pour qu’en atteignant le haut de l’escalier, on voyait que le mur face à la vallée semblait avoir été retiré. C’était presque comme jouer avec une maison de poupée, puisque Severus et Hermione devaient choisir le style de chaises qu’ils souhaitaient ici, et elle était celle qui avait choisi de couvrir le toit plat d’un tapis de roseaux multicolore. Il appréciait cela.

Ils s’assirent sur le tapis et parlèrent pendant des heures au-dessus d’un repas qu’il avait ramené de la ville. L’huile coulait de ses doigts, s’échappant de l’aubergine frite qu’elle mangeait. Il voulait lécher l’éclat de ses mains dorées de soleil.

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oOo

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L’après-midi suivant, l’air était lourd de l’odeur de fleurs sauvages, et des nuages de pluie rôdaient au-dessus de la maison. A chaque minute à présent, le ciel pouvait s’ouvrir sur la maison, battant les terres en-dessous pour encourager plus d’arbres, plus de végétation. Il se pressa à l’intérieur, indifférent à la façon dont ses vêtements lui collaient grâce à un étrange mélange de brouillard et d’humidité. Il avait été nager dans l’océan, pour encourager son esprit empli de désir à ne pas se voir plus grand qu’une fourmi dans l’entièreté du monde –pas plus grand qu’un homme au milieu des doux flots et de l’eau qui s’étiraient encore et encore jusqu’à atteindre des rivages bien différents de ceux-ci.

 

Elle se tenait dos à lui, une tasse fumante de thé noir à la menthe entre les mains. Faisant face à la fenêtre, la lumière jetait sur lui une ombre et en retour emplissait la silhouette d’Hermione d’une beauté le poussant à se maintenir d’une main au mur pour rester debout. C’était un grand espace, la cuisine, le salon et la bibliothèque, le tout rassemblé en un. Il n’y avait pas de lieu où se cacher en dehors de sa chambre, et il était malade d’y passer seul ses soirées.

« Déjà de retour ? » Tout comme le premier jour de la conférence, elle ne se tourna qu’à peine, pour que son profil lui soit clair. Un petit sourire occupait le coin de sa bouche.

« Oui » répondit-il sans nécessité. Il avait déjà mémorisé le maillot et le pantalon large –il savait qu’alors qu’il touchait à peine ses seins, il était assez court pour que la courbe de ses reins soit délicieusement visible. Il savait qu’il y avait un lien à la taille de son pantalon qui, s’il était ouvert, ferait tomber de son corps le large vêtement. Et il savait qu’en cet après-midi, elle ne portait aucun sous-vêtement sous le maillot ; maintenant qu’elle lui tournait le dos, il n’y avait aucune ligne montrant le tissu ajouré retenant habituellement ses seins.

Son souffle s’accéléra spontanément. Son cœur commença à battre furieusement. Il voulait qu’elle se retourne tout à fait et le défie de la regarder mais en même temps, il voulait fuir. Il était furieux contre lui-même, en colère de ne pouvoir contrôler ses pensées. Il ne pouvait détourner le regard.

Hermione s’avança vers une des bibliothèques et saisit une autre tasse de thé chaud.

« Pour toi » dit-elle tout bas, la tendant dans les airs près d’elle en se tournant pour faire face aux fenêtres s’alignant sur tout l’arrière de la maison, tout comme sur le toit au-dessus. Rassemblant ses esprits, il s’avança à grands pas vers la main tendue et saisit la tasse, luttant contre le réflexe d’arracher sa main quand ses doigts effleurèrent les siens. Son contact le brûlait plus qu’aucun liquide bouillant ne l’aurait fait –ce n’était rien, mais sa peau était marquée au fer rouge. Il commença à siroter le thé subtilement épicé, résigné à revenir à sa chambre pour une douche chaude où il pourrait prendre sa queue en main et récupérer une certaine forme de normalité.

Puis cela arriva.

Avec toute la subtilité qu’elle possédait (ce qui était bien plus que tout ce qu’elle en avait eu enfant), elle le laissa debout à la fenêtre et alla à l’évier de la cuisine. Ses yeux se fermèrent et un soupir s’échappa de sa bouche lorsqu’il vit qu’elle tenait la main qui l’avait touchée sous un flot régulier d’eau froide.

La brûlure –la chaleur d’acier- le marquage- elle le sentait ! Ce n’était pas magique ; il n’y avait pas d’incantation, pas de sort, simplement la chaleur poignante d’un désir, d’une envie, d’un besoin.

Il fut près d’elle en une seconde, main tendue au-dessus d’elle pour refermer le robinet et étudia sa forme tremblante un instant avant de l’attirer à lui en une étreinte maladroite. Il ne comprit pas ce qu’elle désirait, ni ce qui arrivait, mais il la réconfortait ; elle tenait son cœur entre ses mains, et le brûlait comme le soleil qui les éblouissait dans cette ville.

« J’ai peur » expira-t-elle dans sa chemise de coton gris. Il caressa ses boucles de la main gauche tandis que l’autre la tenait fermement. De petites mains s’agrippaient à sa chemise, et il pouvait sentir une humidité s’étendre sur son torse, venue de ses larmes. « J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur.

-As-tu peur de moi ? » Il ne voulait presque pas entendre la réponse ; il avait fait de terribles choses après tout, en son temps.

« Non ! » s’exclama-t-elle, s’écartant et ramenant ses mains sur ses épaules. Elle était si proche. Il ne pouvait plus penser, ne pouvait plus voir en dehors de ses grands yeux bruns. « Non, je n’ai pas peur de toi, Severus. J’ai peur de moi.

-Quelle raison y a-t-il d’être effrayé, Hermione ? Pour une fois, fait taire ton vibrant esprit. » Il secoua la tête. Ses boucles frisottées chatouillèrent sa nuque.

« Tu ne vois pas ? Il n’y a que des raisons de s’effrayer. Tout est nouveau et je ne sais quoi faire. »

Il ne put s’en empêcher ; un simple sourcil s’était arqué avant qu’il ne le réalise, et un sourire en coin plein de joie s’étira sur ses lèvres. « Viens » dit-il gentiment, comme s’il calmait une pouliche sauvage. « Tu peux faire ce que tu veux. » Il regarda ses mains sur ses épaules, fixa son annuaire nu. « C’en est toute la beauté, non ? Quoique tu veuilles, tu peux l’avoir. »

Severus réalisa qu’il n’avait pas retiré les mains de son corps quand elle inspira profondément. Sa main droite était toujours recourbée sur sa taille, la gauche emmêlée dans les pointes de ses cheveux. Il n’avait pas cherché à s’attacher à elle. Ou si ?

« Et si… » commença-t-elle, avant de s’interrompre pour déglutir. Elle releva les yeux vers lui et il aima le fait que sa tête se penchait de côté. « Et si je voulais t’avoir ? »

Cette fois, ce fut Severus qui déglutit et seules ses mains sur ses épaules l’empêchèrent de reculer. Que de tels mots sortent de sa bouche était inimaginable. Mais il voulait que ce soit vrai. ‘Pour une fois’ supplia-t-il à quiconque ou quoi qui puisse écouter, ‘bénissez-moi de cela.’

« Cela signifierait-il quelque chose pour toi ? »

Ses doigts s’enfoncèrent dans son épaule en réponse à sa question soufflée. Ses sourcils bruns froncés avec sérieux, et une rangée de dents blanches surgirent pour mordre sa lèvre inférieure. « Severus, cela signifierait tout pour moi. Tout, et plus. » La férocité de ses traits signifiait qu’il ne pouvait hésiter –son honnêteté l’attirait, addictive. Il voulait l’entendre le dire, encore et encore.

« Dis-le encore » demanda-t-il, la voix rauque, alors même que son visage approchait, tandis qu’elle se dressait sur la pointe des pieds. L’ombre d’un sourire illumina son visage.

« Cela signifierait tout pour m- »

Il l’interrompit, l’attirant contre son corps en couvrant sa bouche de la sienne. Oh, Merlin… Il gémit en sentant son goût de menthe, de thé et de mélasse, de sel, d’air marin et d’Hermione.

Il pouvait se laisser aller à aimer une telle femme ; laisser son cœur lui échapper, se servir à elle sur un plateau d’argent. Peut-être cela avait-il déjà été le cas.

Hermione prit ses mains dans les siennes pour les faire reculer contre le plan de travail de la cuisine, les plaçant sur sa taille pour remonter son haut, exposant sa peau veloutée à son contact ; sa bouche ne quitta jamais la sienne.

Le serpent du Seigneur des Ténèbres ne l’avait pas tué, mais cette femme, cette enchanteresse… son petit miaulement quand ses mains avaient englobé ses seins avait failli y parvenir. Il laissa ses mains descendre pour saisir son cul, laissant échapper un souffle lorsqu’elle bondit dans ses bras et le laissa la porter hors de la pièce, en bas du couloir, vers les draps blancs dans lesquels il avait dormi, et quand elle fut étendue sur son lit, boucles de cuivre répandues sur son oreiller, bras tendus vers lui, il pensa que ça aurait très bien pu n’être qu’un rêve de plus.

« Severus ? »

Il baissa sur elle les yeux, et la vue le laissa muet. Il parvint à croasser un « Oui ? »

Elle se redressa sur le lit et s’agenouilla sur le bord, face à lui, tandis que ses mains se débarrassaient rapidement de la chemise de coton aux longues manches qu’il portait. Pas de bouton –un miracle. Il pencha le corps pour qu’elle puisse la glisser par-dessus sa tête.

« Vas-tu me laisser te montrer comment je te veux, Severus ? » lui demanda-t-elle, ses yeux bruns étant à présent ceux d’une tentatrice, une sorcière qui l’ensorcelait. Une part de lui avait espéré être convaincue, même s’il en était venu à être à l’aise dans sa peau. Il n’acquiesça pas, gardant le contact visuel avec elle alors qu’elle ramenait ses doigts agiles se déplacer sur son pantalon de toile, accrochant l’élastique à sa taille pour le repousser, un petit sifflement quittant sa bouche lorsqu’elle réalisa qu’il trouvait la chaleur trop lourde pour porter le moindre sous-vêtement en dessous.

Il se sentit manquer d’assurance lorsqu’elle le libéra puis prit sa longueur dans ses petites mains, cessant de tirer et pousser lorsqu’il fut allongé sur le lit, complètement nu pour elle, les cicatrices comme le reste. Comme sentant son malaise, elle se redressa et débarrassa son fessier de ses vêtements et resta nerveuse face à lui, les dents s’attaquant à sa lèvre inférieure. Il se hissa sur ses coudes, respirant déjà avec difficulté. Seins lourds, une taille minuscule suppliant juste pour que ses doigts s’y agrippent. Un petit bedon de ventre, des boucles brunes soignées en dessous qui lui mirent l’eau à la bouche. Des cuisses semblant douces et de longues, longues jambes ; de délicats petits pieds.

« Magnifique » soupira-t-il, et c’était tellement vrai. « Parfaite, magnifique, enchantante, exquise, éthérée… »

Son rire l’interrompit et il s’autorisa le sourire le plus coquin qu’elle lui ait jamais vu. « Je pourrais continuer sans fin » admit-il, et, alors qu’elle se laissait retomber près de lui puis serpentait au bas de son corps pour le prendre en bouche, il laissa échapper une rivière d’adjectifs, l’enfer même semblant se consacrer à dire à cette femme, cette sorcière, son Hermione, à quel point elle était totalement merveilleuse.

Seul le désir de se pousser en elle lui fit émettre « Merlin, Hermione –arrête… s’il te plaît ! »

Il la saisit sous les bras et tortilla leurs corps jusqu’à être allongé sur elle, écartant les boucles de son front, le regard plongé dans le sien.

« Je pourrais t’aimer, tu sais. Je vais t’aimer. Je le sais déjà » dit-elle doucement tout en se léchant les lèvres, pure juxtaposition de péché et d’innocence. En guise de vengeance, il pencha la tête pour tracer de sa langue une ligne de son ventre à chacun de ses tétons, ses mains se refermant sur sa taille lorsqu’elle frémit. Elle avait le goût de tout ce qu’il avait jamais pensé vouloir désirer.

Fermant les yeux, il conjura leur semaine ensemble en son esprit, se rappelant le sentiment submergeant de paix qui accompagnait sa présence, la joie qui retombait sur lui chaque fois qu’elle lui souriait.

« Peut-être est-ce déjà mon cas » admit-il.

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oOo

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Londres, 2011

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L’air était chaud et sucré dans la cour de leur maison de l’Impasse du Tisseur. Hermione avait transformé la maison en guise de remerciement pour sa belle mère hantée dont le portrait les observait depuis la bibliothèque, à l’étage. Il la préférait ainsi. C’était un lieu différent, pour une femme différente.

Les branches du jasmin se repliaient autour du treillis installé au-dessus de la clôture, et le terreau enchanté nourrissait les arbres fruitiers près du petit cabanon, au fond du jardin. L’odeur des citrons verts et jaunes et des grenades alourdissant les branches était lourde et enivrante. Il se tenait dans l’encadrement de la porte, portant son habituelle chemise blanche, calé contre le cadre et surveillant la beauté qui ne manquait jamais de lui couper le souffle.

Elle était assise sur une des chaises qu’ils avaient métamorphosées pour ressembler à celles de la maison de Salalah. Ses jambes étaient tendues et croisées au niveau des chevilles, la robe d’été bleue remontait et exposait la chair crémeuse composant ses cuisses. Un large chapeau couvrait ses boucles. Une petite table de bois était installée derrière sa chaise, soutenant un verre de jus de citron et de menthe glacé. Elle lisait un livre de contes qu’il lui avait acheté dans une des anciennes librairies de Muscat –un magasin sorcier qui exposait fièrement le livre de deux cent ans dans sa vitrine avant qu’il ne l’y arrache avec un sourire triomphant.

« Combien de fois as-tu lu ça ? » dit-il doucement, laissant sa voix atteindre les oreilles de sa femme. Elle ne tourna qu’un peu la tête de côté, lui donnant la chance de voir son doux profil. Un sourire de guingois, au coin de sa bouche, l’attira plus près.

« Un nombre incalculable de fois » répondit-elle avec un rire mélodieux, levant les yeux vers lui. Il fourra ses mains dans ses poches comme pour ne pas l’attraper sous le bras pour l’embarquer dans leur lit.

« Tu peux, si tu veux » reprit Hermione, le regard dansant alors qu’elle riait encore, consciente de la direction prise par ses pensées.

« Je ne veux pas te faire mal » marmonna-t-il. « Mais tes seins, mon épouse… » il s’interrompit et s’agenouilla près d’elle, faisant courir sa langue sur la douce peau s’arrondissant sous la coupe de la robe. « Auront-ils toujours cette allure ?

-Je ne sais pas. Nous découvrirons cela plus tard. Emmène-moi au lit » demanda-t-elle en retour, prenant ses mains pour s’aider à se relever. Il sentit son sourire s’élargir quand elle repoussa ses cheveux en arrière. Il se tourna sans un mot et la mena dans la maison, passant la porte arrière et la cuisine, puis montant les escaliers et rejoignant leurs draps blancs et frais, où il déshabilla son enchanteresse et fit courir ses mains sur son ventre rond.

« Magnifique. Tu ne cesseras jamais d’être belle pour moi » promit-il, embrassant son ventre et gloussant quand la minuscule petite fille à l’intérieur fit frémir la peau comme les vagues sur le rivage.

« Tu me parles ou tu lui parles ? » demanda Hermione, un sourire dans la voix. Il leva les yeux vers elle, gardant la joue nichée sur ses cuisses tandis que ses mains commençaient à la taquiner.

« A vous deux. » Sa voix était claire et honnête –elle fit écho dans la chambre. « Et je vous aime toutes les deux, aussi. » Il observa la bande d’or à sa main gauche, parsemée de gemmes colorées pour s’assortir au bracelet floral qu’elle portait toujours.

Hermione couina, s’arquant sous son contact comme un chat. Si une femme pouvait ronronner, alors il aurait cru que c’était très exactement ce qu’elle faisait, lorsqu’il laissa sa langue passer juste un peu sur son clitoris. Severus pouvait lire en sa femme comme dans un livre ouvert, un livre qui brûlait et explosait. Il était toujours abasourdi que cette femme puisse être appelée sienne ; son épouse, son amour.

« Moi aussi, je t’aime » cria-t-elle entre deux souffles lourds alors qu’il l’amenait au précipice et l’abandonnait cruellement juste avant qu’elle ne puisse finir. Elle s’agrippa à lui, luttant à demi pour le repousser, frustrée, puis le laissa s’allonger de côté, derrière elle, et tirer sa cuisse sur la sienne pour la pénétrer très lentement, ses doigts n’effleurant qu’à peine ses seins sensibles. Il plaça un baiser à bouche ouverte sur son épaule, léchant sa peau portant toujours le goût de sel de mer.

Pendant un instant de flottement, son livre lui revint en tête, preuve de sa victoire –il avait attendu mille et une nuits avant de lui demander d’être sa femme, voulant faire ce qu’il fallait mais en même temps souhaitant la garder libre comme l’air. Chaque nuit attendue, il l’avait cochée sur un petit calepin qu’il gardait dans un tiroir de sa table de nuit.

Il avait triché, bien sûr. Il avait compté depuis l’instant où il avait réservé ses tickets pour la conférence à Muscat, une année avant qu’elle n’épluche des pistaches trois rangs devant lui, pour pouvoir avoir gagné douze mois sur le rendez-vous qu’il prévoyait de lui proposer. C’était la chose Serpentard à faire.

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* * *

fin.

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Note de Cricri: wahouuuuuuu..... j'ai adoré!!!' Je veux rencontrer le même chéri.... ❤️💕❤️💕💕

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Aë : J’va te faire rencontrer de (beaux) célibataires de la famille de mon mari hohoho *récupère une presque belle-sœur géniale au passage, Aë, pas Cricri, ou alors les deux*

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Note d’OceeSnape : <3 <3 <3 Je suis amoureuse de cet OS je crois. C’est tellement beau, délicat et charmant

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« Peut-être est-ce déjà mon cas » admit-il. (AAAAANW <3 C’est trop cute)

1001 nuits (OS)
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N
Tout en douceur et en poésie... Superbe, merci à toi Aë, bonne année et bises à ceux qui te sont chers.
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A
Merci beaucoup!
C
Magnifique! Un grand merci!
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A
Merci à bientôt ^^
M
Merci!!! Je veux y aller !!!
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A
Moi aussiii
B
C'était très poétique, le travail sur les mots est impressionnant, on peut littéralement sentir les parfums, les textures et les atmosphères.<br /> Et la fin est parfaite : la préméditation, c'est le premier pas vers la perfection !
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A
Merci ^^ ça a été plus ardu à traduire que beaucoup d'autres, forcément ^^
Z
On se croirait vraiment dans un conte des mille et une nuits. Merci, Aë, pour cette traduction !
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A
je t'en prie ^^ à bientôt!