/image%2F0952498%2F20140708%2Fob_baa255_ae.jpg)
Pride, or What Goeth Before a Fall 6
Partie sixième
.
Note de l'auteur : Seinfeld non plus n'est pas à moi. Je me demande combien d'entre vous repéreront la référence ici ?
.
.
oOoOoOo
.
.
« Je ne suis pas gay ! »
Une douzaine de personnes se tournèrent pour dévisager Severus. C'était compréhensible, tout bien considéré, puisque sa déclaration avait tapé dans les aigus, résonnant plus encore contre les sols de marbre. A la périphérie, il repéra Draco dansant au bras de Potter, et l'air de celui dont le chiot préféré vient de se faire rouler dessus par une voiture volante.
« Non pas qu'il y ait quelque chose de mal avec ça » ajouta Severus à la hâte, le regard dirigé vers le jeune homme.
Une horde de fouineurs les dévisageait à présent, Severus tira donc Hermione hors de la piste de danse, l'emmena dans un couloir et entra avec elle dans une salle de conférence vide afin d'avoir un peu d'intimité.
Il claqua la porte derrière eux et jeta des sorts de silence. Les dieux ne sont pas uniquement injustes, se dit Severus. Ce sont des sadiques dégénérés qui l'avaient mené à sa propre destruction. Il laissa son front retomber contre le bois de la porte, ne désirant pas se retourner pour lui faire face.
Une petite main douce vint saisir la sienne.
« Non » siffla-t-il, tirant son bras contre son torse.
Elle lui répondit par le silence.
Une minute s'écoula, et il se retourna lentement. Ses yeux étaient grand ouverts et légèrement rougis, puisqu'elle luttait pour retenir ses larmes. Ses cheveux, légèrement hors de contrôle, et ses bras enserraient sa poitrine en un geste protecteur. Ses excuses et sa confusion étaient inscrites sur ses traits, et il la connaissait assez bien pour savoir qu'elle se mordait la langue, attendant qu'il prenne la parole.
Elle était adorable, au-delà des mots.
Il savait qu'il tombait amoureux d'elle.
Il avait cru être en train de la séduire.
Et elle croyait qu'il était gay.
Il marcha de long en large, à grands pas, le long d'un mur, muet, en colère, et humilié.
Si seulement le sol s'était ouvert et l'avait avalé entier, l'arrachant à sa misérable existence. Si seulement il n'avait pas passé les deux derniers mois à caresser la possibilité qu'elle s'intéressait à lui. Si seulement il pouvait remonter le temps jusqu'à la période où il était encore satisfait de sa solitude et content de ce qu'il avait dans la vie.
Du point de vue de Severus, il n'y avait qu'un moyen de sauver l'instant. Il devait l'empêcher de découvrir ses rêves puérils de l'avoir, elle, dans sa vie. Cela serait simple ; elle ne pouvait pas même concevoir qu'il s'intéressait aux femmes, elle ne pourrait donc certainement pas discerner son intérêt pour elle. Il se retourna pour lui faire face, le visage figé en masque glacial. Sa voix était à peine plus élevée qu'un murmure, mais il énonça chaque mot avec une précision tranchante. « Vous avez grandement dépassé les bornes ce soir, Miss Granger. »
Les larmes dévalaient à présent ses joues, et ses seins parfaits s'élevaient et retombaient à chaque lourde respiration. « Je pensais... je pensais... l'opéra et le brunching et tes vêtements...
-T'ont fait croire que j'étais pédé ? » demanda-t-il. « Un homme peut écouter une femme chanter et avoir quand même envie de la sauter. La garde-robe entière est un cadeau pour les Malfoy ; je n'en ai rien choisi, et toi, entre tous, devrais être habituée à les voir habiller leurs inférieurs n'ayant aucun sens de la mode. Oui, vraiment, félicitations pour ton incapacité à voir au-delà des clichés, Granger. »
Un millier de choses filait dans son esprit alors qu'elle baragouinait excuses et explications. « Et Narcissa disait... Elle disait que...
-Narcissa connaît les femmes que j'ai fréquentées dans le passé » souligna Severus. « Bon sang, elle a jeté la plupart d'entre elles dans ma direction. »
Hermione fronça des sourcils. « Mais je pensais qu'elle... » Sa voix s'éteignit. « Je présume que je l'ai mal comprise. »
Severus ne répondit pas.
« S'il te plaît, crois-moi » supplia-t-elle. « Je ne t'aurais jamais mis avec Pierre, ni Kingsley, ni Charlie, d'ailleurs, si j'...
-C'étaient des rencards ? » s'exclama Snape, l'interrompant. « J'ai eu un rencard avec le Ministère de la Magie ? » Son esprit revint sur les souvenirs de ses conversations avec Weasley et Shacklebolt. Avait-il dit ou fait quelque chose pouvant lui causer plus d'embarras encore ? Bordel de merde, pensa Severus, Je ne savais même pas que Weasley était gay.
« Oui ? » émit-elle, et son ton le fit sonner comme s'il s'agissait d'une question plutôt que de l'annonce d'un fait.
« Le Ministre sait-il qu'il est sorti avec moi ? »
Semblant ébranlée, elle ne répondit pas.
« Granger, qu'avez-vous dit à Shacklebolt, exactement ? » demanda-t-il, désirant clarifier les choses, pour sa propre paix intérieure. « Je vous en prie, dites-moi que vous avez dit le mot 'verre » plutôt que 'rencard' lorsque vous avez planifié cette lamentable mascarade. »
Elle déglutit et acquiesça à grands mouvements de tête. « 'Verre', oui. Je pensais juste, enfin » commença-t-elle. « Il a fallu si longtemps à Harry et Draco pour se mettre ensemble, et ils n'ont toujours pas tout réglé... c'est évident, je suppose, même si ça va mieux qu'à une époque, et qu'il semblerait qu'ils vont bientôt...
-Merci de cesser de tourner autour du pot. » Sa patience s'amenuisait, mais plus que cela, il savait qu'il ne pourrait supporter d'être exposé ainsi face à elle plus de quelques instants de plus. C'était déjà extrêmement douloureux, le repoussant dans ses retranchements, mais il voulait des réponses avant qu'il ne parte pour trouver de quoi se soulager au fond d'une bouteille, dans la tranquillité de sa maison.
« Je voulais que tu trouves l'amour et l'adoration » émit-elle, illuminée par la beauté et l'espoir de la quelconque vie imaginaire dont elle avait rêvé pour lui. « Tu es brillant, Severus, et tu es gentil quand personne ne regarde, et j'ai vu combien tu es aimant et affectueux avec les amis comme moi. Je voulais que tu puisses construire une relation avec quelqu'un, que tu aies quelqu'un auprès de qui venir chaque soir. »
Il grimaça, parfaitement conscient de la cruelle ironie de sa déclaration. Si elle avait détecté cette partie de lui qui se comportait de façon aimante, c'était parce qu'il l'aimait elle ; non parce qu'il était une espèce d'humanitaire. Il se rendait chez elle comme si c'était son foyer depuis des semaines maintenant, et bien qu'il répugnait à l'admettre, il avait commencé à contempler un futur infini passé à revenir chaque jour à ses côtés.
Non pas qu'elle sache cela.
Ou qu'elle l'apprenne un jour.
« Epargnez-moi cette piètre excuse de conte de fées, Granger » cracha-t-il, sa voix lasse dépourvue de son mordant habituel. « C'est pour les Potter et Weasley de ce monde. Ce ne sera jamais pour moi.
-Je n'y crois pas » déclara-t-elle. Sa voix était douce, plus douce que ce qu'elle se laissait habituellement être, et elle tendit une main vers son visage.
Il recula. « Vous croyez en de nombreuses choses. Dois-je vous rappeler vos idées fausses à mon sujet ? » lâcha-t-il froidement. « Vous semblez vous croire infaillible. Vous vous êtes clairement trompée. »
Là-dessus, il secoua la tête, lui tourna le dos, et partit.
Qu'ils aillent tous se faire foutre, pensa Severus, commençant à étouffer sous son propre malheur. Il était directement revenu chez lui et avait sorti une bouteille à demi vide de cognac, abandonnant totalement l'idée d'un verre pour boire dans le silence de sa sinistre maison.
Il avait pensé être clair comme de l'eau de roche, et il avait pensé qu'elle était d'accord avec lui sur ce qui se passait entre eux, quoi que ce fut. Il lui avait offert des putains de fleurs, nom de Dieu.
Des fleurs.
Il avait courtisé les attentions d'une femme pendant presque deux putains de mois.
Une fois parvenu à intégrer l'idée que oui, Granger était résolument intéressée à intégrer sa vie pour du long terme, et que oui, elle était une femme plutôt qu'une enfant, il avait commencé à réévaluer cette fille.
Il y avait toujours sa manie de chercher à contrôler le monde, mais il y avait aussi une gentillesse fondamentale en elle, qui l'avait attiré. Elle avait tendance à montrer son affection pour les gens en mettant son petit bouton de nez dans leurs affaires.
Tant de gens l'avaient ignoré pendant tant de temps qu'il avait découvert apprécier sa nature exigeante. Il venait chez elle lorsqu'elle l'invitait. Il cuisinait pour elle lorsqu'elle souhaitait une démonstration de son talent dans la confection des éclairs. Il se plaignait et grommelait lorsqu'il le faisait -elle n'avait pas besoin de savoir qu'il ne faisait que la suivre comme un petit chien, comme ça avait été le cas avec Lily- mais il faisait tout cela car il aimait le sentiment que quelqu'un le veuille pour quelque chose.
Le fait qu'elle le félicitait de ses talents tout en piquant en douce du rab de pâtisseries ne faisait aucun mal, ni le fait qu'elle passait ses doigts dans ses cheveux quand ils lisaient ou regardaient des films sur son canapé. Elle se calmait en sa présence, parlait moins, et se détendait d'une manière qui lui faisait croire qu'elle aussi tirait quelque chose de cette relation.
Pendant des semaines, il s'était laissé croire qu'un futur avec elle était possible. Il ne voulait pas aller trop vite ou trop loin. Simplement tester le terrain, pour ainsi dire. Bien sûr, il n'avait également pas la moindre idée de comment séduire une jeune femme, son passé amoureux consistant en une demi-douzaine de rendez-vous et une poignée de coups d'un soir.
Oui, il ne l'avait jamais tripotée, ni laissé sa main descendre pour caresser son corps d'une façon correcte, ni ne l'avait embrassée, peu importe combien de fois il s'était surpris à fixer ses lèvres et à y penser. Il y pensait tout le temps. Il tentait d'être le gentleman que sa mère n'avait jamais eu.
Il ne pensait pas qu'elle puisse croire qu'il n'était pas intéressé par elle. Ne lui avait-il pas ramené ces satanées fleurs pour déclarer ses intentions ?
.
oOo
.
Il n'aurait jamais imaginé qu'elle pouvait croire qu'il était gay.
Hermione se tracassait constamment, maintenant que Severus ne lui parlait pas. Il refusait ses hiboux, les renvoyant avec leurs lettres intactes. Il ne répondait pas à sa porte quand elle venait, frappant ad nauseum jusqu'à s'abîmer la peau des doigts.
Elle comprenait que Severus était en colère et embarrassé parce qu'elle avait cru qu'il était gay, mais elle ne comprenait tout simplement pas pourquoi il ne lui avait pas ri au nez pour avoir manqué l'évidence avant de passer à autre chose. Il n'était pas homophobe ; voir son soutien envers Draco et Harry rendait cela clair. Pourquoi prendrait-il comme une offense personnelle qu'elle ait fait de fausse supposition sur sa sexualité ?
Plus que tout, Hermione avait envie de se botter le cul. Tous ses Et si ? revenaient la hanter. Et si Severus n'était pas gay ? Eh bien, il s'était révélé que sa baguette tournait bien vers les femmes. Elle avait eu un homme considéré, attentif, méchamment intelligent dans sa maison pendant des semaines, et elle avait stupidement gâché l'opportunité. Elle n'était pas exactement reconnue pour ses talents de séductrice, mais avec la plus petite opportunité, elle pensait qu'elle aurait pu tenter sa chance avec Severus.
Dans les premières semaines ayant suivi le Gala du Souvenir, Hermione avait plus ou moins établi ses quartiers sur le canapé de Harry. Le vieux pull de Quidditch de Harry (et, quand il n'était pas disponible, celui de Draco, aussi) devint un talisman réconfortant la sorcière alors qu'elle tentait de trouver comment s'excuser auprès de Severus.
Un soir, Hermione était repliée avec une couverture dans le salon de Square Grimmauld. Le livre qu'elle tentait de lire était depuis longtemps oublié à ses côtés, et elle gardait le regard fixé sur la fenêtre, tentant de comprendre ce qui arrivait à sa vie.
Un bruit de pas et de bavardage signala l'arrivée de plusieurs personnes hors de la pièce, mais elle resta où elle était, enveloppée de sa propre léthargie.
« … et je ne lui ai jamais dit que Severus était gay » insista la voix d'une femme. Narcissa, pensa Hermione. « Comment aurais-je pu, quand il est si douloureusement évident que ce n'est pas le cas ? Cet dégouline métaphoriquement de virilité. »
Hermione entendit du mouvement de l'autre côté du mur. L'instant aurait été approprié pour faire connaître sa présence, pour qu'ils cessent de parler d'elle. Pour quelque raison, elle tint sa langue et s'enfonça un peu plus dans son patchwork.
« Elle en était tellement convaincue » déclara Harry, la voix tranquille. « Quand je lui ai posé la question, elle a dit qu'elle commençait juste à arranger des rendez-vous pour Snape, quand elle pense que vous lui avez dit de le faire.
-Franchement, Harry » s'agaça la femme, « J'ai dit qu'il n'était pas son type. C'est vrai ; il n'a jamais été intéressé par ses élèves. J'ai tenté pendant un moment de les lier à Posy Parkinson et les cousines belges des Greengrass, mais cela a chaque fois été un désastre. Pour ce que cela vaut, les seules femmes avec qui je sais qu'il ait jamais été étaient des Moldues, et ceci est également quelque chose que Miss Granger n'est pas.
-J'aurais voulu qu'elle mentionne ce qu'elle avait en tête » émit Harry, ayant clairement assez confiance en sa future belle-mère pour faire ses confidences. « Il était totalement évident que Snape était intéressé par elle. J'ai essayé de lui dire. Je n'ai réalisé ce qu'elle faisait que la nuit du Gala, mais alors, c'était déjà trop tard. »
Snape était intéressé par elle ? C'était nouveau pour Hermione. Elle le croyait énervé parce qu'elle l'avait mal compris et qu'elle avait planté son nez dans ses affaires. C'était un homme douloureusement réservé, et fier, et il avait raison : elle était allée trop loin.
Cela aurait-il pu être plus que cela ? Etait-il vraiment intéressé par elle, de façon romantique ?
Des larmes retenues s'écoulèrent des yeux d'Hermione alors qu'elle se rappelait le bouquet qu'il lui avait amené chez elle et le sourire timide qu'il lui avait offert en même temps que les fleurs. Elle ferma les yeux et se laissa replonger dans ses souvenirs, se rappelant la façon dont il la tenait dans ses bras, protecteur, quand ils étaient seuls, et comment elle trouvait ses yeux sur elle dès qu'il croyait qu'elle ne le regardait pas.
La façon dont il la taquinait lorsqu'elle n'était pas de son avis.
La façon dont il plaçait son bras sur son dos, sur le canapé, pour qu'elle puisse se nicher plus près.
Oh, Merlin, pensa-t-elle. J'ai merdé les choses pour de bon. Il avait peut-être été intéressé par elle, mais c'était terminé, grâce à son erreur. Elle renifla et tendit la main vers les mouchoirs, espérant que ni Harry ni Narcissa ne la remarquent.
Ils s'éloignèrent.
.
oOo
.
La vie de Severus se simplifia quand Hermione n'y fut plus. Il avait de nouveau ses soirées pour lui, il utilisait donc son temps à développer une nouvelle potion à vendre dans l'apothicairerie. Avec tous les changements arrivés, grâce à Weasley et Shacklebolt, les affaires se déroulaient mieux encore que ses projections initiales. Sa salle de stockage débordait des ingrédients envoyés par Charles pour ses concoctions, et Severus devait toujours décider de la manière dont il investirait les sommes d'argent insensées qu'il ramassait.
Il avait aussi récupéré ses samedis matin. Il avait cessé de se montrer à Square Grimmauld pour les brunchs de Draco et Potter, et se disait que la voir ou l'écouter débattre avec les jeunes hommes tout en se remplissant de café ne lui manquait pas.
Deux semaines après le Gala du Souvenir, Snape avait reçu un hibou de Draco l'invitant un soir après le travail. Malgré ses meilleures résolutions, il s'y rendit.
Le gamin l'attendait près de la cheminée. « Tu manques à Hermione, tu sais. »
Severus grogna. Pas Draco aussi. « Les soucis de Miss Granger ne me concernent pas. »
Draco sourit et le mena dans le couloir. « Tu ne veux pas savoir comment elle va ? Tu pourrais être intéressé de savoir qu'elle passe son temps ici à pleurer sur ton compte et l'épaule de Harry. Ils ont cet étrange rituel avec de la glace et de mauvais films, et cela occupe toute la pièce. »
Severus grimaça. « Elle passera à autre chose dès qu'elle aura trouvé un autre projet sur lequel travailler.
-Veux-tu bien lui en trouver un ? » demanda Draco. « Tant qu'on y est, voudrais-tu bien en être un ? J'aimerais récupérer mon fiancé et ma maison. » Depuis leur première danse au gala et la demande en mariage pour le moins publique de Potter à la fin de cette même soirée, Draco avait pris pour habitude d'utiliser le mot 'fiancé' au lieu du prénom de Potter.
Le fiancé de Draco. Tout s'arrangeait au mieux pour le gamin, ce qui irritait Severus au-delà de tout ce à quoi il s'était attendu. Cela ne comptait pas de savoir combien de temps avait passé Draco à être un petit connard arrogant, enfant, ni de voir la quantité de mauvais choix qu'il avait faits, adolescent, parce que l'univers avait apparemment abandonné toutes ses charges pour donner au blond tout ce qu'il désirait. Un travail important ? Draco était bien placé au Ministère. Une belle allure ? Les sorciers et les Moldus, indifféremment, le reluquaient, où qu'il aille. Un partenaire aimant ? D'une manière ou d'une autre, il s'était casé avec le sorcier le plus adoré de Grande-Bretagne.
Par contraste, Severus n'avait fait qu'une erreur. Une erreur terrible, merdique et imbécile, oui, mais qui l'avait hanté pour l'entièreté de sa vie adulte.
« Tu veux récupérer ton fiancé ? » demanda Severus. « C'est aisé. Jette-la dehors. Renvoie-la chez elle.
-Ah, mais cela ne me fera gagner aucun point avec la petite dame. » Draco se versa un verre de vin. Pensant à voix haute, il précisa sa déclaration. « Le petit homme ? Je peux appeler Harry ainsi ? Non pas qu'il soit petit, quelque soit le point de vue. Il est en réalité plutôt... »
Severus brandit sa baguette et jeta un sort de silence au jeune homme. « Pour l'amour de tout ce qui est sacré, ne termine jamais cette phrase en ma présence. »
Draco saisit sa gorge, tentant de trouver un moyen pour contourner le sort et parler.
Ignorant les gestes fous du blond, Severus s'avança vers le buffet et saisit une bouteille intacte du même rouge que celui que Draco buvait. « Merci pour le vin et ton évidente inquiétude au sujet de ma vie. » Sa voix était dure et amère lorsqu'il poursuivit. « Elle finira par te laisser tranquille. Jusque-là, tu devras faire avec ses jérémiades. »
Il défit le sort en quittant la pièce en direction de la cheminée.
« Attends ! » s'écria Draco, le rappelant. « S'il te plaît ! »
Severus s'immobilisa de suite. Draco n'utilisait cette expression qu'en dernier recours.
« Elle est en colère contre elle-même » expliqua Draco, se grattant la nuque comme toujours lorsqu'il était inhabituellement sincère. « Elle est aussi terriblement confuse, mais elle veut passer du temps avec toi. » Draco leva les yeux vers Severus et rit. « Tu as vraiment joué serré sur ce coup. On suspectait que quelque chose se tramait, mais ni Harry ni moi ne savions que toi et Granger étiez devenus si proches. »
Severus n'avait pas besoin de savoir à qui ce 'on' se référait. Savoir que lui et Granger étaient sujet de spéculation de Harry Potter et Draco Malfoy était suffisant pour lui faire questionner chaque choix fait au cours de sa vie. Il fixait le mur, attendant que Draco crache tout ce qu'il avait à dire.
« Donne-lui une autre chance » insista Draco. « Tu ne le regretteras pas.
-Je regrette déjà tout ce qui la concerne.
-Eh bien » émit le blond, tergiversant, « apprends juste à être à nouveau dans la même pièce qu'elle.
-Pourquoi ? »
Un instant passa, laissant Draco tripoter ses boutons de manchettes. « La date du mariage est fixée. Nous nous marions dans un mois à compter de samedi. »
Draco fit un pas vers le sombre homme. « Tu m'as sauvé quand je ne le méritais pas, et tu m'as gardé en vie alors que mon propre père... Bref. » Draco toussota. « J'espérais t'avoir à mes côtés pour la cérémonie. »
Severus cilla. Il était touché par la candeur de Draco. « Ne sois pas idiot. Bien sûr que j'accepte. »
Draco tenta de l'enlacer, mais aucun n'avait grande pratique dans cet acte, et il finit donc maladroit et tendu.
« Je ne l'ai pas encore dit et je ne le redirai pas, mais je te souhaite tout le bonheur du monde dans ton mariage. Tu es chanceux d'avoir trouvé... tu sais qui. Enfin... » Severus s'éloigna du jeune homme, la bouteille de rouge toujours calée sous le bras. « Je prends quand même le vin. »
Draco acquiesça. « Tu sais aussi bien que moi à qui Harry va demander d'être son garçon d'honneur, enfin, sa fille d'honneur. »
Severus soupira, et jeta un Accio sur une seconde bouteille de la collection de Draco. Elle vola en souplesse dans les airs, et quand elle fut à sa portée, Severus la saisit par le goulot et la cala sous son autre bras. « Oui. Oui, en effet. »
.
oOo
.
Hermione ne savait pas quoi faire. Ce qu'elle voulait, désespérément, était impossible, puisqu'il n'existait pas de moyen d'asseoir Severus devant un thé pour demander de faire table rase.
Elle poursuivait sa vie de manière normale, travaillant de longues heures au Ministère. Le bureau du Ministre était incroyablement occupé lorsque le Magenmagot était en session, et Hermione passait donc dix à douze heures par jour à revoir des propositions de lois et à transcrire des procès. Elle nota que Kingsley avait embauché un second assistant personnel pour tenir le rythme face à la charge de travail, un jeune homme trapu au dos musculeux. Plus de pouvoir pour toi, pensa Hermione. Au moins y avait-il quelqu'un au Ministère qui s'envoyait en l'air.
Elle passait énormément de son temps libre à tenter de ne pas penser à ce qu'une relation avec Severus aurait été. Ce que son imagination fervente proposait était ou insipide ou proche du scandaleux ; ses rêveries consistaient en temps calmes, discussions et lectures communes sur son canapé, ou en rapports sexuels sauvagement créatifs sur toutes les surfaces de sa maison. L'Hermione imaginaire était pour le moins souple, et le Severus Fantasmé avait un goût délicieux.
Ron et Harry se servaient de distraction. Avec la date du mariage de Harry, dans une semaine tout juste, les trois amis avaient pris tout leur temps hors du travail pour aider aux préparations de dernière minute et célébrer ce qui restait des jours de célibat de Harry.
Grâce à Ron, Hermione se mettait enfin à jour des ragots de la famille Weasley. Il parla à ses amis de tous ses frères et sœur alors qu'il se servait des différents échantillons de gâteaux.
Dans le même temps, Harry tentait de régler le placement des invités à table pour la réception de mariage, et Hermione écrivait à la main les noms sur les cartes épaisses.
« Pas celui-là » lança Ron en reposant le drizzle cake au citron. Il releva sa fourchette, prit une tranche de gâteau au chocolat et aux framboises. « J'en étais où ? Ouais... Percy et Audrey sont enceints de leur deuxième, et maman est devenue cinglée la semaine dernière parce que Charlie se marie enfin avec sa copine, maintenant qu'il a sauvé ce gros nid. »
Hermione en laissa tomber sa plume. « Charlie se marie ? Avec une femme ? »
Ron lui jeta un regard éberlué. « Il voit cette poule, Irina, depuis des mois. Il voulait pas le dire direct à maman pour qu'elle ne demande pas des petits-enfants et un grand mariage. Ils veulent faire les choses dans l'intimité.
-Oh. »
Les yeux de Ron s'écarquillèrent lorsqu'il comprit le sous-entendu de la question d'Hermione. « Charlie n'est pas gay. »
Hermione se figea.
« Non pas que ça soit mal » ajouta Ron à la hâte, avec un regard vers Harry.
Hermione laissa tomber sa tête entre ses mains. « Je suis vraiment, vraiment mauvaise là-dedans, n'est-ce pas ? »
Harry laissa tomber toutes ses cartes et l'enlaça, traçant des cercles rassurant dans son dos. « Tu n'as pas à avoir toujours raison, Hermione. On fait tous des erreurs. Il va s'en remettre. Tu verras.
-Je ne pense pas qu'il me pardonne un jour » dit-elle, la voix étouffée par la chemise de Harry.
Pendant ce temps, Ron était passé au Victoria Sponge Cake.
Hermione était impatiente de voir le mariage de Harry, mais ses émotions étaient confuses. Elle voulait célébrer le mariage de son mari à cœur joie, mais ses pensées ne cessaient de revenir à Severus, leur amitié, et ce qu'elle craignait qu'ils avaient perdu.
Elle le reverrait dans six jours. De quoi aurait-il l'air ? Voudrait-il bien enfin lui parler ?
Sachant que ce pouvait bien être futile, elle griffonna une nouvelle lettre à son attention. Plutôt que de s'attarder sur le passé, elle écrivit au sujet du présent -ce qu'elle avait fait, combien sa compagnie lui manquait, et tout ce qu'il signifiait pour elle. Elle envoya cette lettre par hibou, comme elle l'avait fait pour des dizaines de lettres auparavant.
Quelques jours s'écoulèrent, et elle ne reçut pas de réponse.
Mais la lettre ne revint pas non plus.
.
.
oOoOoOo
.
.
A VENIR :
.
Hermione sourit à Severus. « Tu sais, le garçon d'honneur et la demoiselle d'honneur sont censés baiser toute la nuit, portés par leur solitude et leur ébriété. »
.
.
Note de Toodleoo :
Chers lecteurs, il ne reste qu'un chapitre après celui-ci !
Mes sincères remerciements à vous, les adorables personnes qui ont lu et apprécié, ou ceux qui ont lu et apprécié et reviewé, surtout drasticactions, Sarah, LGilbert1982, RAV3N R1PP3R, mama123, meg527, viola1701e, Lunajen323, arianou, vampirela69, just an anon reader, slytherinwitch1, Rocky181, Onyx Obsidian, bonnie stam, Seraphina Angel, HPGW4eva, SereniteRose, Fammi Capire, willowlux, Selice, Giada, catsgotmytongue, fanficti0naddict, ndavis77, Icanbeaduck, et irononmaiden du dernier chapitre. Nous avons une centaine de personnes suivant cette histoire, avec 600 et quelques en plus qui lisent chaque chapitre. Je ne peux vous remercier assez, vous reviewers, de prendre un instant de votre journée pour écrire que vous avez réellement apprécié cette histoire !
Psst... Seinfield ? Personne ?
.
Aë : Un drizzle cake... drizzle, c'est un genre de glaçage non couvrant fait de sucre et de citron. En dessous c'est un gâteau basique. On voit parfois 'gâteau glacé au citron' comme VF. Vala.
Sinon, je veux bien que quelqu'un m'explique la référence ^^'
J'ai laissé 'Posy' Pankinson de la VO, car elle parle ensuite des cousines belges des Greengrass, et je me suis dit que ça pouvait tout autant être une erreur qu'un OC de la famille de Pansy.
.
Note de Fantomette34 : Pauvre Hermione, elle s'est fourvoyée sur toute la ligne, mais j'ose croire que Severus saura revenir sur sa décision ^^
.
AndreaPlume : Que d’espoir et de désillusions dans ce chapitre… Qu’il est drôle de voir Harry et Draco tout faire pour que Severus et Hermione se retrouve ! J’aime beaucoup !
.
.
Notes d'Andrea Plume :
.
Si seulement le sol s'était ouvert et l'avait avalé entier, l'arrachant à sa misérable existence. Si seulement il n'avait pas passé les deux derniers mois à caresser la possibilité qu'elle s'intéressait à lui. Si seulement il pouvait remonter le temps jusqu'à la période où il était encore satisfait de sa solitude et content de ce qu'il avait dans la vie. Mais non, ne pense pas ça !!!!!!!!!!!
.
Il avait courtisé les attentions d'une femme pendant presque deux putains de mois. De la jérémiade d’amoureux éconduit, c’est bon ça !
.
Oui, il ne l'avait jamais tripotée, ni laissé sa main descendre pour caresser son corps d'une façon correcte, ni ne l'avait embrassée, peu importe combien de fois il s'était surpris à fixer ses lèvres et à y penser. Il y pensait tout le temps. Il tentait d'être le gentleman que sa mère n'avait jamais eu. Et tu y as réussi ! Tu as été bluffant !
Il ne pensait pas qu'elle puisse croire qu'il n'était pas intéressé par elle. Ne lui avait-il pas ramené ces satanées fleurs pour déclarer ses intentions ? Décidément, ce bouquet de fleurs te travaille !^^
.
-Franchement, Harry » s'agaça la femme, « J'ai dit qu'il n'était pas son type. C'est vrai ; il n'a jamais été intéressé par ses élèves. J'ai tenté pendant un moment de les lier à Posy Parkinson et les cousines belges des Greengrass, mais cela a chaque fois été un désastre. Pour ce que cela vaut, les seules femmes avec qui je sais qu'il ait jamais été étaient des Moldues, et ceci est également quelque chose que Miss Granger n'est pas. Comment elle embobine Harry !!! Aë : pourquoi embobine ?
.
Des larmes retenues s'écoulèrent des yeux d'Hermione alors qu'elle se rappelait le bouquet qu'il lui avait amené chez elle et le sourire timide qu'il lui avait offert en même temps que les fleurs. Et si tu savais ce que te les offrir lui a coûté comme effort !
.
Draco saisit sa gorge, tentant de trouver un moyen pour contourner le sort et parler. Mince, je ne savais pas qu’il y avait Dark Vador dans cette histoire !!!^^
.
L'Hermione imaginaire était pour le moins souple, et le Severus Fantasmé avait un goût délicieux. Soupir…
.
Les yeux de Ron s'écarquillèrent lorsqu'il comprit le sous-entendu de la question d'Hermione. « Charlie n'est pas gay. » Tu t’es encore plantée Hermione… Décidément…
.
Quelques jours s'écoulèrent, et elle ne reçut pas de réponse.
Mais la lettre ne revint pas non plus. Ah, c’est bon signe ça !
'L'Hermione imaginée et le Severus Fantasmé'...
/image%2F0952498%2F20171225%2Fob_6c3a2d_47d3d6d23a21815ff1c0b69feae6fa8e-harr.jpg)
Pride, or What Goeth Before a Fall 7 (fin) - les fanfics d'Aë
Partie septième . Note de Toodleoo : Dédié à vous, adorables lecteurs et reviewers, tout spécialement drasticactions, sassy973, vampirela69, slytherinwitch1, Casus Belli, Sarah, LGilbert1982, ...
http://aesalys.publications.over-blog.com/2017/12/pride-or-what-goeth-before-a-fall-7-fin.html
/image%2F0952498%2F20171225%2Fob_6c3a2d_47d3d6d23a21815ff1c0b69feae6fa8e-harr.jpg)
/image%2F0952498%2F20171111%2Fob_d901ad_8c633a7f9851648cfd7c510bdfa243c44fc69d.jpg)
/image%2F0952498%2F20171027%2Fob_06548c_7426899aa48a27a599ac2cf2a8904f54-danc.jpg)
/image%2F0952498%2F20170928%2Fob_134b2c_975a392dc4525b23430cf2da9c0f46c9.jpg)
