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Roses d'acier 14
Chapitre 14
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Severus expira longuement.
« Quand a-t-il commencé à vous consulter, Granger ?
-Après sa première tentative de suicide. Sainte Mangouste me l’avait adressé avant mais il avait refusé, et à sa tentative, Draco est allé le voir –ils ont été dans l’équipe de Serpentard ensemble, ils étaient restés en contact, et il avait voulu retenter sa chance quand il a su qu’il était au plus mal, pour pas… » Hermione sait qu’elle parle trop, et pas très bien, mais pour l’instant, c’est la seule chose qui l’empêche de craquer. « Il a réussi à le convaincre, et a pris son premier rendez-vous à sa place. »
Charlie fouillait les papiers accumulés sur la plupart des meubles et saisit une photo –sorcière, mais dont le sujet principal ne pouvait bouger.
L’enfant du nouvellement suicidé Miles, monté sur un mini-balai.
L’image pourrait être plus atroce encore, mais l’angle cache le pire. Les cendres s’élèvent lentement sur la photo, et le balai s’agite faiblement sous le petit corps avachi.
« C’est une photo de chez nous, ça, non ? » lance Charlie après quelques secondes hébétées. Severus se tourne vers lui, et acquiesce rapidement.
« Emballe ça, et tout ce qui s’y rapporte.
-Hermione, tu as envoyé un hibou à Miles, récemment ?
-Non, généralement, on donne les factures en main propre… » Le choc retombe doucement, et Hermione ne sait pas encore très bien si elle va pleurer ou pas. « Pourquoi ? »
Charlie lève une enveloppe au format de la photographie qui affiche le sceau de cire de son cabinet. Le sang d’Hermione se glace.
« C’est bien une des tiennes ? » Il désigne le carré de papier. Elle acquiesce, tendue.
« Je… dois partir. »
Elle tourne les talons et file.
« J’y vais » lâche Severus au rouquin avant de partir sur ses talons.
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Ses pas précipités filent dans l’escalier, au risque qu’elle se rompe le cou –ou une cheville. Très vite, elle entend dans son dos d’autres pas, et devine ceux de Severus, plutôt que de Charlie –le pas est plus léger.
Le souffle trop heurté pour continuer, elle se laisse tomber sur un pallier, et réalise qu’elle pleure –tout juste. Elle essuie rageusement ses larmes, et espère qu’il ne les remarquera pas, mais son foulard en porte les traces, ses joues ne sont pas parfaitement sèches, et Severus se tient devant elle, parfaitement droit.
« Hermione » appelle-t-il. C’est étrange, ce n’est pas déplaisant, mais pas agréable non plus. ‘Étrange’ convient bien.
« Je veux coopérer avec les Aurors » lance-t-elle comme pour répondre à une question. Elle se redresse et reprend sa descente, d’un pas raide mais plus lent, régulier. Il la rattrape en trois pas, la dépasse d’un quatrième et se plante devant elle. Il ne m’arrêtera pas pense-t-elle, je suis innocente. Je suis innocente, mais ils sont morts à cause de moi.
Elle sait que sa voix tremble, tremble beaucoup, trop sans doute. Son pragmatisme la pousse à oublier les morts pour se soucier d’elle : visiblement, elle est la cible.
« Vous… vouliez me parler ? C’est ce que vous avez dit tout à l’heure, non ? »
Il acquiesce rapidement. « Nous avons pour l’instant trois fleuristes anglais qui ont vendu des roses d’acier à une jeune femme brune et… plantureuse peu de temps avant la mort de Cho Chang. » Il marque un bref arrêt. « L’un d’entre eux a été ravi de découvrir ‘Hermione Granger, la grrrande héroïne de guerre’ sur son pas de porte à l’ouverture de son échoppe. »
Elle serre les dents et réponds. « Je ne m’attends pas à ce que vous me croyiez, mais ce n’était pas moi.
-Je vous crois. »
Elle ramène sur lui un regard abasourdi. Il fronçait les sourcils, ne semblant pas y croire lui-même.
« Vraiment ?
-Oui. Mais il va falloir nous aider à comprendre ce qui se passe.
-Je l’ignore… Je croyais être simplement utilisée contre Cho… Et maintenant, Miles est…
-Je me suis trompé sur vous » reprend-t-il, comme s’il voulait s’excuser, sans que son ton ne le marque. « Et maintenant, tout tend à prouver que vous êtes la cible réelle.
-Seulement maintenant ? » C’était une question rhétorique, mais il ne le prit pas ainsi.
« J’ai vu la liste des procès où vous avez été impliquée, et le pourcentage de condamnés grâce à vous. Le fait que vous puissiez être remise en cause arrangerait de nombreuses personnes. »
Elle a un sourire sans joie, chargé d’ironie.
« Tiens, vous vous en rendez compte, maintenant ? » Elle fait un pas comme pour reprendre sa descente, mais il l’interrompt.
« Je dois remonter examiner l’appartement. Je vous accompagne à l’ascenseur ?
-Non, je prends l’escalier.
-Encore ?
-Ca entretient la forme…
-Sur huit étages, sans aucun doute, docteur Granger » ironise-t-il.
« Il n’en reste que six » lança-t-elle par-dessus son épaule en repartant. Hermione ne prenait jamais l’ascenseur. S’il lui était vraiment impossible de faire autrement, elle s’y contraignait, comme au Ministère. Très vite, elle entendit ses pas remonter rapidement l’escalier, et réalisa que son cœur battait à ses oreilles.
Oui, Severus Snape ne manquait pas de charme. Il en impose note Hermione, ou plutôt se le rappelle-t-elle. Il avait, quelque part, meilleure allure que lorsqu’elle était élève –ou alors, elle était simplement insuffisamment adulte, à l’époque, pour réaliser ce à quoi il ressemblait réellement, en ne se focalisant que sur ses aspects négatifs, qui restent nombreux ricane-t-elle intérieurement en atteignant l’entrée principale du bâtiment.
Hannah ressort au même instant de l’ascenseur.
« J’ai cru que j’allais devoir te refaire sortir du Ministère » commence-t-elle. « Ils m’ont dit que Snape t’avait coursée dans l’escalier.
-Oui, si on veut. Miles est mort.
-Je sais. Ca grouille d’Aurors, ici » lance-t-elle en jetant un œil au planton, qui laisse passer un petit groupe en robes réglementaires.
« Charlie a trouvé une photo. Reçue dans une de mes enveloppes apparemment.
- Une enveloppe, ça se vole facilement. Ce n’est rien.
-Sauf pour Bletchey » contre Hermione. « Tu as pris… ?
-Ton manteau ? Oui. Tu vas attraper la mort, si tu ne fais pas attention. Ca caille, dehors.
-La bonne nouvelle c’est que Snape me croit innocente… » Elle rougit un peu sous le regard que lui jette la blonde.
« Il te l’a dit lui-même ?
-Oui… »
Hannah ricane. « Et tu l’as cru ? Tu es vraiment naïve et idiote si tu…
-Je ne suis ni naïve, ni idiote. Arrête.
-Si tu crois ce que te disent les Aurors, tu l’es. On y va ?
-Je vais marcher.
-Comme tu veux. » Hannah soupire. « Écoute, je m’inquiète, tu vois ? Snape, si on oublie qu’il a délavé, c’est le grand brun ténébreux typique, avec ses yeux noirs et son allure, mais c’est un Auror. Il a l’habitude de mentir pour faire avouer ses suspects. Fais attention. »
Elle lui souffle un baiser ironique et s’éloigne de quelques pas vers le point de transplanage le plus proche.
« Snape et Charlie vont te faire leurs numéros jusqu’à ce que tu leur dises des choses qui les arrangent. Tu as cru à l’exhibition de virilité rousse de Weasley ? » Elle ricane encore. « Snape a un numéro plus discret, mais apparemment, plus efficace, avec toi. Bref… Ne parle plus avec le Bureau des Aurors tant que tu n’es pas avec ton avocate. Et jusqu’ici, c’est encore moi, mais si tu continues à faire des tiennes, ça peut changer. Tu me le promets ? »
Hermione garde le regard fixé sur elle, et se tend, agacée.
« Je ne sais pas si je déteste plus ton jugement sur mes qualités professionnelles ou ton avis tranché sur la conduite que je dois tenir avec les Aurors. Je suis psychomage, Hannah. Repérer les mensonges, c’est mon rayon, mon domaine. Snape était sincère, que ça te plaise ou non ; et Charlie me fait son numéro de muscles bandés à chaque fois que je le croise depuis que j’ai quitté son frère. Il peut penser que ça lui servira maintenant, mais son attitude n’est pas nouvelle.
-Si tu refuses de suivre ma stratégie pour ta défense, tu peux te chercher un autre avocat » tranche Hannah. « A la plus tard, doc Grangie » lance-t-elle par-dessus son épaule avant de s’éloigner à grands pas.
Hermione grince des dents, ce qui la fait frissonner de dégoût. Voir son titre moqué deux fois en si peu de temps est inhabituel et assez écœurant. Elle fouille ses poches, espérant trouver de quoi se payer une pinte, côté sorcier ou Moldu –le second, de préférence. Huit mornilles, quelques noises et trois livres. Elle n’avait pas pris de sac, donc n’a pas de quoi faire grand-chose.
Elle reporte son regard vers le bâtiment de Bletchey, puis ferme les yeux, et les rouvre très vite, envahie par les images des deux morts. Le visage figé de Miles, le corps détruit de Cho. Elle ne se sent pas capable d’y retourner.
Les dernières phrases d’Hannah résonnent. Ginny semblait avoir une bonne image de Snape, mais cela ne voulait pas dire que celle-ci était méritée. Son frère et Snape l’avaient cuisinée un moment, et même s’ils ne faisaient que leur travail, ça restait désagréable, blessant. Elle veut continuer à travailler avec eux, mais hors de question de le faire sans précautions.
Pour l’instant, il lui faut prendre un pot au calme, souffler un peu, et elle connaît le coin idéal, à proximité.
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Sphinx Skeeter-McAulay renvoie sa tresse colorée dans son dos après avoir évité de justesse un sorcier juché sur un vieux balai. Le Brossdur antédiluvien tressautait plus qu’il n’avançait, et Sphinx vérifie sa cheville endolorie tout en jetant un ou deux signes grossiers au sorcier. Qui l’ignore et tente d’accélérer, ne parvenant qu’à accélérer les tressautements du Brossdur.
Une fine pluie tombait depuis quelques minutes, et se transforma en averse violente.
Elle sourit : c’était idéal pour sa filature, puisque tous les passants se protégeaient de l’eau, se rendant moins reconnaissables.
A trente pas devant elle, Hermione Granger ressort du pub dans lequel elle était entrée une petite heure auparavant. Constatant la pluie, elle s’élance à grands pas, bondissant au-dessus des quelques grandes flaques s’étalant peu à peu dans la rue.
Sphinx la suivait depuis quelques heures, et avait ainsi pu obtenir un second scoop : la mort de Miles Bletchey senior, qui ferait sans peine la prochaine une.
Elle n’avait pas de photo faramineuse, mais elle était la seule journaliste sur place et avait pu prendre une série de clichés pas totalement nazes, avec Granger, l’air sérieuse, le planton, l’arrivée d’autres Aurors et de Gamp.
M’man ne pourra pas me voler cet article gronde-t-elle intérieurement. Il me faut cette interview exclusive se motive-t-elle alors que la pluie empire encore. Il fallait qu’elle arrive à lui parler seule à seule, puisqu’apparemment, c’est ce qui l’avait convaincue pour Snape.
Sphinx est plutôt d’avis de suivre celui de l’avocate : Granger doit en dire le moins possible, et de préférence, laisser l’avocate parler à sa place. Mais leur dispute –en public, en plus- et la plus-ou-moins séparation du duo accusée-avocate –toujours en pleine rue- n’avait été ni discret ni élégant.
Granger, avec ses idées naïves sur la police sorcière, était idiote, et cela se retournerait probablement contre elle –tôt ou tard.
Ou alors, elle était vraiment ciblée, vraiment tout à fait innocente, et dans ce cas, c’était plus intéressant : l’article pourrait la montrer en tant que ‘la’ journaliste qui avait trouvé la vérité avant tous les autres.
Tout ce qui comptait, c’était que son nom arrive enfin en première.
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Gamp, penchée sur le corps, jetait quelques sorts de test, lorsque Severus était à nouveau entré dans l’appartement.
A présent, il classe les documents douteux trouvés dans plus ou moins toutes les pièces, quand Williamson l’interpelle.
« Snape ! Charlie ne sait pas ce que c’est, mais toi, tu t’y connais en machin moldus, non ?
-Oui » acquiesce-t-il depuis la chambre. Il remet rapidement une liasse de papiers sans intérêts sur une étagère et retourne dans le salon pour découvrir Williamson planant à un mètre du sol, tenant un petit objet noir et rectangulaire en joue au bout de sa baguette.
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Note de Sockscranberries : Bon, on avance pas beaucoup dans le schmilblick là hein ^^
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Aë : Une petite transition, et des choses qui prendront sens plus tard ^^
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Note de Cricri : nouveau meurtre... Quelqu'un qui travaille au ministère??? Pour avoir accès aux photos.... Aurait-elle par son expertise permis à un assassin d'avoir une peine allégée??? Sevy jouerait-il un double jeu... L'intrigue s'épaissit...
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Oui, Severus Snape ne manquait pas de charme. (C’est le moins que l’on puisse dire ! ^^)
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Charlie me fait son numéro de muscles bandés à chaque fois que je le croise depuis que j’ai quitté son frère. Il peut penser que ça lui servira maintenant, mais son attitude n’est pas nouvelle. (Charlie le séducteur… :D)
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