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les fanfics d'Aë

Post Tenebras Lux 30

8 Février 2016 , Rédigé par Aësälys Publié dans #Post Tenebras Lux (C)

Note de Loten: Ce chapitre est moins joyeux. Je promets que c’est presque la dernière fois que Minerva joue les garces ; elle se choque plus ou moins elle-même cette fois.

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"Take it back, I dare you, take it back.
No, you can't? You should have though
t of that."
– Garbage, 'As Heaven Is Wide'.

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« Reprends-le, je t’en défie, reprends-le.

Non, tu ne peux pas ? Tu aurais dû y penser. »

– Garbage, 'As Heaven Is Wide'

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Vraiment, se dit Hermione, mélancolique, en étudiant la carte du Maraudeur, elle aurait dû le savoir. Tout allait si bien, et elle s’était bêtement autorisée à croire que cela durerait – les gens devinaient pour elle et Severus et, étonnamment, la soutenaient, la charge de travail diminuait enfin pour eux deux, puisque la fin d’année approchait, même le temps était merveilleux.

Et puis il y avait eu une réunion de professeurs…

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Minerva observa la pièce. « J’ai reçu un hibou du Ministère ce matin; la commémoration va devoir être avancée à fin Mai, puisqu’ils sont occupés en juin. »

Severus, qui, comme d’habitude faisait semblant de ne pas écouter, lui jeta un regard, sourcils froncés. « Quoi ? »

Hermione voulut le renseigner, se rappelant qu’il ne pouvait avoir su l’année précédente. « Chaque année, il y a une commémoration au Ministère, pour la guerre. »

Il secoua la tête, impatient. « Je le sais. Mais qu’est-ce que ça a à voir avec le Ministère ?

-Le Ministère gère la cérémonie. »

Son expression s’assombrit. « Pourquoi ? »

A présent, les professeurs le regardaient tous, perdus et prudents –comme ils l’étaient généralement quand Severus décidait de s’impliquer dans une discussion. Les choses devenaient alors systématiquement assez volatiles.

« Pourquoi pas ? » demanda Flitwick.

Severus fronça des sourcils, le regard durci. « Parce que le Ministère dans son entier n’a absolument rien à voir avec la guerre ; qu’ils ont refusé de s’impliquer quand Fudge a enfin été convaincu que nous n’étions vraiment pas un groupe de psychotiques instables tentant de le faire renvoyer. Scrimgeour n’était pas meilleur. Tout le Ministère n’a fait qu’empirer les choses ; pourquoi devrait-il y avoir présence du Ministère maintenant ? »

Il y eut une pause, tandis que tous s’entre-regardaient. Personne, dans cette pièce, n’avait été dans l’Ordre, mais tous avaient pris part à la guerre. Personnellement, Hermione pensait que Severus avait tapé juste.

« Nos Ordres de Merlin viennent du Ministère » tenta Neville après quelques instants, et il dut visiblement s’empêcher de grimacer sous le regard meurtrier de Severus. Tous deux s’entendaient mieux, ces temps-ci, dans le sens où ils parvenaient à s’ignorer l’un l’autre, mais les habitudes avaient la vie dure, et il n’y avait pas grande affection entre eux.

« Et pourquoi ont-ils donné des récompenses ? » demanda le Maître des Potions, semblant à présent sincèrement en colère. « Quel droit avaient-ils de vous tapoter la tête? Ils vous ont essentiellement félicités pour avoir gagné la guerre dont ils niaient l’existence même, pour faire ce qui était nécessaire alors qu’ils s’asseyaient, se serraient la main, minaudaient et tentaient de vous arrêter.

-Oui, et vous n’en avez pas eu » persifla Minerva.

Il lui jeta un regard noir, la colère dans son regard s’accentuant. « Je ne m’attendais pas à en avoir un, et je n’en désire aucun » gronda-t-il. « Je ne comprends pas pourquoi vous tous l’avaient accepté, comme si le Ministère avait quoi que ce soit à voir avec ce qui est arrivé. Ce ne sont pas les titres qui honorent les hommes, mais les hommes qui honorent les titres.

-Alors, qu’est-ce qui aurait dû arriver ? » demanda Hermione, prudente, tentant de calmer la situation. Elle ne pensait pas que citer Machiavel était franchement utile à ce point, aussi justifié que le commentaire puisse être.

« L’Ordre du Phénix n’a rien à voir avec le Ministère de la Magie et aurait dû rester indépendant. Si vous sentiez tous le besoin de vous donner les uns les autres des prix, très bien, mais cela n’avait rien à avoir avec le gouvernement. »

A nouveau, il avait parfaitement raison, mais ce fut assez gâché par la réplique acide de Minerva. « L’Ordre du Phénix aurait trouvé plus facile d’organiser ce genre de choses si quelqu’un n’avait pas assassiné le chef de l’Ordre. »

Severus s’immobilisa tout à fait. Hermione avait déjà vu ça ; la tension dans son corps était immanquable, et même avant qu’un nerf ne s’agite sous son œil, elle le savait à deux doigts de vraiment perdre toute maîtrise. « Ce n’est pas juste, Minerva » dit-elle, surprise de la froideur de son ton. « Ce n’était pas un meurtre, c’était un an avant la fin de la guerre et ce n’était pas la faute de Severus s’il n’y avait aucune direction cohérente à ce point, et cela n’a rien à voir avec ce qu’il disait. Ca n’a vraiment rien à voir avec le Ministère.

-Pour l’amour de Merlin, ma petite, veuillez-vous bien cesser de le défendre ? » lâcha la Directrice. « Ce n’est pas un pauvre elfe de maison incompris, c’est un Mangemort, et que le Ministère ait ou pas à voir avec les commémorations de la guerre, il n’a certainement aucun droit à faire de commentaire ! Qui a empiré la guerre, le Ministère ? Ou Snape ? Je sais qui a cause le plus de morts ! »

Hermione tremblait, si en colère qu’elle ne put parler. Ce fut finalement Neville qui répondit tout bas. « Ce n’est pas juste. » Minerva lui jeta un regard noir et il pâlit, mais carra des épaules et pencha la tête. « Le Professeur Snape était de notre côté, et nous avions besoin de lui. Peut-être que si l’un de nous avait fait ce que lui a fait, nous n’aurions pas eu besoin de lui, mais personne d’autre ne le pouvait. Dumbledore lui-même a expliqué que le Professeur Snape lui obéissait, et s’il n’avait pas fait ça, que serait-il arrivé? Je considère ce que nous avons perdu. Harry aussi, et il savait.

« Comment pouvez-vous le défendre ! Combien de fois vous a-t-il envoyé à l’infirmerie ?

-Je ne m’en souviens pas » répliqua calmement Neville. « Mais si Voldemort avait mis qui que ce soit d’autre à sa place, j’aurais été rapidement tué, et probablement pas de façon agréable. La plupart d’entre nous aussi, d’ailleurs.

-Il était un de ceux qui ont attaqué vos parents, petit idiot!

-Non, pas du tout » parvint à contrer Hermione, tandis que Neville blanchissait, tout en affichant quelques points rouges aux joues. « C’était Barty Croupton junior et les Lestrange. Je ne pense pas que Severus ait seulement été présent, et il n’aurait rien pu y faire si ça avait été le cas.

-Ne me renvoyez pas ça à la tête, Minerva » émit lentement Neville avant que quiconque ne puisse parler. Il semblait réellement en colère, ce qui n’était pas quelque chose que l’on voyait communément chez le Professeur de Botanique, avec son caractère doux. « Même Snape, à l’époque où il se comportait en bâtard, n’a jamais utilisé ça contre moi. Même lui ne serait jamais tombé aussi bas. »

La Directrice déglutit. « Je suis désolée, Neville. C’était inexcusable. Je ne peux juste pas comprendre pourquoi vous voudriez défendre un homme comme Snape.

-Peut-être parce que c’est la chose à faire? C’est ce qu’un Gryffondor est censé faire, non ? » Neville secoua la tête et jeta un coup d’œil à Hermione. « Est-ce que quelqu’un t’a déjà écoutée quand tu expliques ça, Mione ?

-Jusqu’ici non » lança-t-elle moqueuse, « mais ce n’est pas une raison pour arrêter. Severus n’est pas le méchant ici.

-Possiblement parce que Severus, en fait, n’est plus ici » nota la voix traînante de Phineas Nigellus depuis l’un des cadres suspendus au mur de la salle des professeurs. « Il est parti il y a un moment. Si ça intéresse quelqu’un. »

Abasourdie, Hermione regarda autour d’elle et constata que la porte était ouverte et que Severus était clairement absent. Oh, merde. Elle espérait juste qu’il était resté assez longtemps pour entendre que tout le monde ne l’attaquait pas, mais d’une certaine façon, elle en doutait.

« Eh bien, Albus ? » poursuivit Phineas, accusateur. « Que vaut ta justice Gryffondor, maintenant ? »

Le portrait d’Albus Dumbledore secoua tristement la tête. « Minerva, je voudrais que tu cesses cela. Je t’ai raconté toute l’histoire…

-Environ dix-huit mois trop tard » opposa Hermione, en colère. « Ca aurait pu être bien de le dire à quelqu’un avant que vous ne fassiez de Severus un meurtrier et un traître et le deuxième sorcier le plus détesté du monde sorcier, vous ne croyez pas ? Peut-être que si vous l’aviez fait, il n’aurait pas eu à fuir et passer les dix années suivantes à se cacher et à souffrir. »

L’ancien Directeur soupira et acquiesça. « Vous avez raison, ma chère, je l’admets. Je l’ai déjà admis à Severus auparavant, et je me suis excusé, pour ce que ça peut valoir à présent. J’ai fait de très nombreuses erreurs en ce qui le concernait, et il a toujours continué à en faire plus que tout ce que j’aurais pu lui demander. Son avis sur le Ministère est justifié ; et malgré ce que tu en penses, Minerva, Severus n’a jamais été particulièrement intéressé par les récompenses matérielles. Avec le traitement que lui a accordé le Ministère après la première guerre, et avec leur conduite pendant la seconde, je ne pense pas qu’il aurait accepté un Ordre de Merlin, s’il lui avait été offert. Je vais devoir y réfléchir.

-Et je ferais mieux d’aller trouver Severus » conclut tranquillement Hermione en se levant. « Je doute qu’il puisse y avoir quoi que ce soit de dit qui mérite d’être écouté, et il ne risque pas de parler à qui que ce soit d’autre maintenant.

-Je vais t’accompagner un peu » lança à la hâte Neville, les deux Gryffondors ne souhaitant apparemment pas donner à leur employeur la chance de dire quoi que ce soit d’autre, et ils partirent entendant Phineas commencer ce qui ressemblait à une attaque passionnée contre l’hypocrisie.

« On va où, Mione ? » demanda Neville une fois qu’ils furent sortis.

« Aucune idée. Je doute que Severus soit même resté dans le parc. Mais si j’étais restée là-dedans plus longtemps, j’aurais commencé à balancer des sorts. C’est seulement totalement injuste, et je me fiche que ça puisse sonner complètement puéril! »

Neville hocha la tête, compréhensif. « Je suis avec toi. Je n’aurais jamais cru que Minerva pouvait être une telle… garce. Elle s’est attaquée à moi uniquement parce qu’elle était amère. Et Snape avait vraiment raison, nous aurions vraiment dû dire au Ministère d’aller se faire foutre et de se mettre leurs médailles là où le soleil ne brille jamais.

-Nous avions des choses plus importantes à penser à l’époque » répliqua-t-elle d’un ton absent. « Je ne suis pas même sûre d’où j’ai mis mon stupide Ordre de Merlin. Quelque part au fond d’un carton, je suppose.

-Moi non plus » acquiesça-t-il. « Tu te souviens de la cérémonie de remise ?

-Vaguement, mais tout ça est un peu flou, maintenant. Nous étions tous en état de choc, la plupart d’entre nous était blessés, et personnellement, j’avais juste envie de ramper dans un coin pour pleurer avant de revenir dans le grand brassage ambiant. Nous devions tous avoir des têtes de zombies. » Elle soupira. « Ca va ? »

Il acquiesça. « Je ne m’attendais pas à ce qu’elle dise ça, mais… ouais, je vais bien. Je suis blessé qu’elle ait dû faire ça, mais le sujet ne fait plus mal, plus vraiment. Enfin, tu devrais t’inquiéter pour ton homme. Il avait l’air… chais pas. Mal. »

Elle acquiesça, malheureuse. « Ca le blesse plus qu’il ne l’admettra jamais. Ca va le laisser en fatras pendant des jours. Et tout allait si bien, avec les Weasley et le reste. »

Neville s’immobilisa et fronça des sourcils. « Maintenant qu’on est en mode ‘j’emmerde le Ministère’, pourquoi ne pas passer en mode ‘j’emmerde tout le monde’ ?

-Comment ça ?

-Pousse Snape à aller à la cérémonie. Il a autant le droit d’y être que nous autres –plus, en fait. Tu l’as mentionné l’an dernier ?

-Non. Il n’y serait pas allé. Il n’ira pas non plus cette fois, encore moins maintenant.

-Je pense qu’il devrait, tu sais. Il est l’un d’entre nous, même si personne d’autre ne l’admettra. »

Hermione papillonna des yeux, puis l’enlaça brutalement, ses yeux la picotant. « Tu ne sais pas combien ça compte pour moi, Neville. Merci. » Reniflant sans élégance, elle essuya ses yeux avec sa manche. « Il devrait y aller, tu as raison, mais je ne pense pas qu’il le fera. Et maintenant, je ne prévois pas de tenter de le persuader; il va être si énervé et en colère sur ce qui vient d’arriver.

-Ca va aller pour toi ?

-Quoi ? Oh, oui. Il ne s’énerve pas souvent sur moi, jamais physiquement, seulement verbalement, il s’arrête toujours quand il réalise ce qu’il fait. Je déteste juste le voir si mal. »

Il acquiesça lentement. « Même moi je l’ai vu. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Il semble plus… Chais pas, en fait, mais il est plus compréhensible, maintenant. Je présume que c’est grâce à toi ?

-Il ne le verrait pas comme une bonne chose répliqua-t-elle, morose, mais il était vrai que Severus faisait moins d’efforts pour cacher ses sentiments, ces jours-ci –en tout cas, avec elle, et cela débordait probablement sur le reste de sa vie. Petit à petit, elle semblait avoir percé quelques ouvertures dans ses murs.

« Bon » reprit Neville plus légèrement, « on se venge comment de Minerva ? De toute évidence, nous ne pouvons pas la laisser s’en tirer après avoir énervé ses trois plus brillants éléments. »

Elle sourit malgré elle. « Un petit discours d’encouragement et les rôles s’inversent. J’ai créé un monstre. »

Il lui sourit en retour. « Boarf, je suis toujours comme ça, quand Snape n’est pas là pour me jeter des regards noirs. J’admets librement qu’il est de notre côté et qu’on lui doit tout, et aussi qu’il semble te rendre heureuse, pour des raisons que je ne comprends vraiment pas, mais il est toujours sacrément terrifiant. »

Elle sourit plus encore. « Je sais. » Son sourire s’effaça. « Enfin, la vengeance devra attendre. Maintenant, je veux trouver Severus ; je m’inquiète pour lui.

-Il est probablement bien meilleur dans ce domaine que nous » concéda joyeusement Neville. « Je file boire un verre à Pré-Au-Lard, de toute façon. Si je vois Snape, je te le ferai savoir. » Il toucha son bras, l’air plus sérieux. « Désolé. J’espère que ça va s’arranger. »

Hermione l’enlaça à nouveau. « Merci d’avoir essayé, Neville. Ca signifie beaucoup pour moi, surtout venant de toi –je sais que tu ne l’aimes pas.

-Ca ne compte pas, que je l’aime ou pas, il ne mérite pas ça. Et je suis sacrément en colère contre Minerva, maintenant. A plus tard. »

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A présent, Hermione fixait une fois de plus désespérément la carte, cherchant en vain le petit point marqué Severus Snape. Elle n’avait aucune idée d’où il était ; il était parti depuis maintenant des heures. Elle avait envoyé son patronus quatre fois, lui demandant de juste lui dire qu’il allait bien, et n’avait pas eu de réponse, la laissant sérieusement inquiète.

Enfin, elle fut réveillée de son sommeil perturbé par Pattenrond ; le demi-fléreur miaula encore et donna un coup de tête impatient sur son visage, et tapota la carte de sa patte dès qu’elle leva la tête. Elle loucha sur le nom familier sanglota presque de soulagement. « Merlin merci, Pattou » expira-t-elle, prenant son familier dans ses bras pour enfouir son visage dans sa fourrure. « J’ai vraiment cru que quelque chose lui était arrivé. » Elle leva les yeux vers l’horloge, au mur ; il était plus de deux heures du matin. Il avait disparu une grande partie de la journée et de la nuit. Enlaçant son chat, qui pour une fois ne tenta pas de lui échapper, elle ramassa la carte et fixa la porte.

Quand Severus entra, elle sentit son cœur se serrer douloureusement en le voyant. Il semblait d’une certaine façon plus petit, et plus âgé ; sa posture était défaitiste, ses épaules courbées. Il leva un instant les yeux vers elle, suffisamment longtemps pour qu’elle voie que ses yeux étaient injectés de sang et que son visage était hagard, puis il détourna les yeux et commença à la contourner.

« Où étais-tu ? » demanda-t-elle doucement, détestant que sa voix semble si petite, tout en serrant plus fort Pattenrond contre elle. « J’étais inquiète pour toi.

-Quelle bêtise de ta part » répliqua-t-il froidement, traversant la pièce pour se diriger vers la porte menant au reste de ses quartiers.

« Pourquoi ne pas m’avoir dit que tu allais bien? »

Il cessa de bouger, mais ne se retourna pas. Après un long moment, il répliqua de façon assez inattendue « J’ai essayé.

-Je ne comprends pas…

-Je n’ai pas pu faire apparaître mon Patronus. Je ne pouvais pas me concentrer sur un souvenir heureux. » Il eut un rire âpre, le son rude et amer dont elle se rappelait, plutôt que le rire chaleureux et sincère qu’elle en était venue à tant apprécier. « J’ignore pourquoi. »

Pattenrond émit un son malheureux entre ses bras, observant Severus d’un air inquiet. Hermione regarda son dos, se demandant que dire. « Severus… »

Il secoua la tête, sans la regarder. « Laisse-moi seul, Hermione » dit-il, fatigué. « Je ne suis pas de bonne compagnie, et je ne mérite pas le temps que tu passes avec moi. Putain, laisse-moi seul, c’est tout. » Ouvrant la porte, il partit, et elle entendit ses pas dans l’escalier menant au laboratoire.

« Oh, Pattenrond » expira-t-elle tristement au chat. « Comment vais-je arranger ça ? »

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Quinze minutes avant cinq heures du matin, il quitta le laboratoire. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il avait fait là-bas, mais elle doutait qu’il ait pu concocter quelque chose, pas dans cet état ; si elle avait dû deviner, elle aurait dit qu’il était resté à fixer le mur –et possiblement à boire, bien qu’elle ne pensait pas que ça ait été le cas cette fois. Assise sur le canapé, dans le noir, avec Pattenrond sur ses genoux, Hermione l’écouta grimper les escaliers et se déplacer dans la salle de bain ; quand elle entendit la douche couler, elle prit sa décision et reposa doucement le chat. Il ronronna, encourageant, et disparut dans les ombres ; elle inspira et s’approcha en silence de la salle de bain.

Elle n’était pas verrouillée, ce qui lui donna confiance en le fait qu’elle faisait ce qu’il fallait. Clairement, une part de lui espérait qu’elle viendrait, sans quoi il aurait verrouillé la porte de façon à ce qu’aucun mortel ne puisse la passer. Ou, plus probablement, il était si blessé qu’il ne s’en souciait plus. Elle ouvrit doucement la porte, se glissa à l’intérieur et la referma derrière elle, son regard fouillant l’air brumeux. Severus était une ombre sombre dans la cabine de douche ; d’après la quantité de vapeur, il avait mis l’eau aussi chaude que possible, suffisamment chaude pour vraiment faire mal. Silencieusement, elle commença à se dévêtir.

Quand elle fut dévêtue, elle avança sans un son sur le carrelage et ouvrit la porte de la douche. Il l’ignora complètement, occupé à se savonner mécaniquement les cheveux, lui tournant le dos. Grimaçante à cause de la chaleur presque bouillante de l’eau, Hermione glissa ses bras autour de sa taille et s’approcha d’un pas, déposant sa joue contre son dos sans rien dire. Il continua à l’ignorer, mais après quelques minutes, il baissa assez la température pour qu’elle soit tolérable, quoi qu’à peine ; il avait même cessé de faire semblant qu’il prenait une douche, se contentant de rester immobile. Il ne se détendit pas à son contact, mais ne tenta pas plus d’y résister ; c’était comme si elle n’était pas là du tout.

Quand il lui parla enfin, elle sursauta. « Ne perds pas ton temps. » Sa voix était rauque, râpeuse, et profondément fatiguée.

Elle ne se soucia pas de demander ce qu’il voulait dire. « Je ne le considère pas comme une perte.

-Je ne peux pas être sauvé. Retourne à tes précieux elfes de maison.

-La plupart d’entre eux n’ont pas besoin d’être sauvés, pas plus que toi. Il n’y a rien de mauvais en toi, Severus.

-Hah. C’est ton opinion.

-Et elle n’a pas d’importance à tes yeux? » demanda-t-elle, prudente.

Il resta un moment silencieux. « Tu sais que si. Mais tu te trompes. Je ne le mérite pas.

-Ce n’est pas à toi de le décider. » Elle ferma les yeux et se lova contre son dos, sentant la chaleur humide de sa peau marquée et le mouvement régulier de sa respiration.

« Tu n’es pas en position de prendre une décision informée. » Il prit une profonde inspiration, et quand il parla encore, sa voix était de nouveau éteinte, totalement dénuée d’émotion. « Tout le monde me jette la mort de Dumbledore au visage, mais ce n’est que le moindre de mes crimes. J’ai tué des gens que tu connaissais personnellement, des gens avec qui tu as été à l’école. Ton professeur d’Etudes des Moldus, Charity Burbage, est morte en criant devant moi, me suppliant de la sauver. Si tes parents avaient été pris, j’aurais reçu l’ordre d’aider à leur torture, et je l’aurais fait sans hésitation. J’ai torturé certains de tes amis les plus proches presque jusqu’au seuil de la mort. Et il y en a d’innombrables autres, des victimes anonymes. Le plus jeune enfant que j’aie tué avait peut-être deux ou trois ans. La plupart de leurs morts étaient très lentes –après tout, le sort de découpe était ma spécialité, et j’ai également un certain talent dans l’utilisation du Doloris.

Si Bellatrix t’avait livrée au Seigneur des Ténèbres quand elle t’a capturée, comme elle était censée le faire, il aurait forcé ton esprit et prit toutes les informations qu’il souhaitait ; il aurait ensuite ordonné ton viol, à répétition et en public, et puis tu m’aurais été donnée. J’aurais reçu l’ordre de te tuer, de te garder en vie aussi longtemps que possible avant de te tuer, pour être certain que tu ne retenais rien –de telles tâches étaient fréquemment miennes ; de nombreux autres n’avaient pas mon… contrôle. Et je l’aurais fait. Tu n’aurais pas été la première de mes anciennes élèves dans cette position. Je me serais assuré que ta mort prenne des jours, comme les leurs. Tu aurais été brisée. Nous nous brisons tous, à la fin. »

Hermione fut un peu surprise de découvrir qu’elle ne pleurait pas. En fait, elle se sentit presque anormalement calme lorsqu’elle prit la parole. « Severus, ferme-la. Je ne suis pas idiote. Je sais quel était ton rôle parmi les Mangemorts. Je sais même que le Seigneur des Ténèbres n’était pas le seul à exiger ce genre de choses de toi –tu étais l’équivalent d’une Langue-de-Plomb pour l’Ordre, puisque tu faisais le sale travail que nous ne pouvions pas même évoquer. Nous t’exigions des informations sans jamais oser franchement demander où tu les obtenais, ni comment. A chaque fois que j’entendais parler d’un autre meurtre des mains d’un Mangemort, je me demandais si tu étais impliqué. J’ai parlé à Neville, Ginny et Luna, et vu leurs souvenirs ; je sais ce que tu leur as fait.

Mais je t’ai tenu quand tu pleurais entre mes bras, et je t’ai écouté t’excuser et supplier d’être pardonné dans tes cauchemars. J’ai vu le souvenir où tu dis à Dumbledore que les gens que tu as vus mourir étaient ceux que tu ne pouvais sauver. Je sais que quand tu venais aux réunions de l’Ordre avec les vêtements maculés de sang, c’était bien plus souvent ton sang que celui d’un autre. C’était brutal et c’était ignoble, et c’était la face sombre de la guerre. Je n’ai jamais pensé que tout n’était que batailles et gloire. Tu as largement payé le prix qui t’était exigé, peu importait le coût, et tu as gagné la guerre pour nous, rien à foutre de ce que disait la prophétie. Personne d’autre n’était assez fort pour faire ce que tu as fait ; ce n’était pas juste, mais c’était nécessaire.

Et je ne suis pas la seule à le penser. Tu n’es pas seul, Severus. Neville s’est levé pour prendre ta défense ; Neville, qui a été terrifié par toi pendant des années, qui est toujours un peu effrayé par toi, que –comme tu l’as bien souligné- tu as torturé. Même lui sait ce que tu as fait pour nous. Minerva ne peut pas abandonner son amertume, mais ce n’est qu’une personne. Tous ceux qui savent pour nous nous soutiennent. Je ne suis pas naïve, et je sais que ce ne sera pas toujours le cas, mais tu n’es pas aussi universellement détesté que tu le crois.

-Dans tous les cas, je sais parfaitement que tu te fiches de ce que le monde en son entier pense de toi. Ca n’empêche pas la douleur et cela ne la justifie certainement pas, mais c’est leur problème, et pas le notre. Je ne pense pas que tu sois une perte de temps et je sais suffisamment ce que tu as fait pour qu’il n’y ait rien que tu puisses admettre qui pourrait me détourner de toi, alors arrête de tenter de me repousser. Je ne partirais pas. »

Son discours avait été bien plus long et bien plus mélodramatique que ce qu’elle avait prévu, nota Hermione durant le silence qui suivit, mais il était nécessaire que ce soit dit. La grande question était de savoir si Severus allait ou pas réellement écouter, et si c’était le cas, la croirait-il ? S’il avait été tout autre homme, elle lui aurait dit dans l’instant qu’elle l’aimait, mais ce n’était pas n’importe quel homme –c’était son Severus, son Severus brisé, marqué, amer, et bien qu’elle l’aimât sincèrement, elle ne voulait pas franchement le dire dans ces circonstances. Il se demanderait toujours si elle l’avait dit uniquement parce qu’elle pensait le devoir.

« Je pourrais te faire partir » émit enfin tout bas Severus. « Si je pensais que c’était la chose à faire, si je pensais que tu serais mieux sans moi. » Son ton rendait clair le fait qu’il le croyait, et ses paroles la frappèrent un peu trop bien pour qu’elle reste calme.

Ses nerfs cédèrent. « Vas-y, alors ! » cracha-t-elle, s’écartant brutalement de lui. Sans lui donner une chance de répondre, elle envoya un coup de pied à l’arrière de son mauvais genou, et saisit son bras alors qu’il vacillait, le retournant pour le renvoyer brutalement contre le mur carrelé. Si elle lui avait laissé ne serait-ce qu’une seconde pour réagir, il l’aurait tuée par réflexe avant même de réaliser ce qui était arrivé ; elle n’avait qu’une seule chance, et elle la saisit. Plongeant dans son regard, elle rugit « Legilimens ! »

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Hermione savait que la seule raison pour laquelle elle était toujours en vie était qu’elle l’avait totalement pris par surprise. Il avait confiance en elle, complètement, et cela signifiait qu’elle était la seule personne au monde dont il ne se méfiait pas en permanence ; il ne s’était pas attendu à ce qu’elle trahisse cette confiance et l’attaque. Alors que la connexion mentale se formait, elle tenta de ne pas se sentir effrayée ; c’était sûrement du suicide.

Elle sentit un instant de pure panique chez lui alors que son esprit réagissait par automatisme, retombant dans un très vieux schéma de pensée ; elle le sentit autoriser l’intrusion, laissant de l’espace devant elle alors que des murs s’élevaient violemment quelque part, profondément. Il était conditionné pour le faire, parce que le seul qui envahissait habituellement son esprit avait été Voldemort. L’étendue infinie de sa terreur était horrifiante ; comment avait-il pu retourner si souvent à son maître en le craignant tant ?

Un instant plus tard, plus de murs apparurent, plus puissants et plus évidents, et la peur laissa place à une pure rage. S’il avait eu sa baguette en main à cet instant, elle savait qu’il l’aurait tuée. De tous les sorts possibles qu’elle aurait pu utiliser contre lui, l’invasion de son esprit était le pire qu’elle aurait pu choisir, et l’émotion qui s’échappait de lui à présent allait bien au-delà de la rage, quelque part dans les eaux d’une furie psychopathe.

Mais elle connaissait Severus mieux que n’importe qui d’autre ne l’avait jamais connu, et elle pariait maintenant là-dessus. Son esprit et ses émotions étaient disciplinés, et il agissait très rarement sans penser. Il avait été espion pendant presque deux décennies, tout cumulé, et il était expert pour lire une situation et tout remarquer, en voyant plus loin que l’évidence pour trouver ce qui était caché. Elle sentit cette rage terrible et effrayante mourir lentement, se transformant en immobilité et sut qu’elle avait eu raison ; il réalisait qu’en vérité, elle n’avait pas envahi son esprit. Elle n’avait rien fait d’autre qu’établir la connexion, et maintenant, elle restait passive, son esprit complètement ouvert au sien, et attendait.

Elle lui avait offert une fois de lui permettre de voir la vérité dans son esprit, pour confirmer si elle tentait ou pas de cacher sa relation par honte, et il avait refusé. Il avait dit qu’il voyait cela comme une forme de viol, et bien qu’elle ne soit pas experte en magie mentale, elle en avait suffisamment expérimenté pour croire qu’il en avait le droit. Mais c’était à son instigation, son invitation. Elle avait ouvert la porte ; il avait simplement à regarder par là.

Après ce qui sembla être un assez long moment, elle sentit un effleurement très précautionneux alors qu’il s’avançait mentalement d’un pas ; elle pouvait presque sentir son hésitation tremblante alors que sa morale et sa peur luttaient contre son besoin désespéré de savoir. Hermione se concentra sur le souvenir de la réunion de professeurs et de sa conversation avec Neville, ensuite, tentant de pousser les souvenirs vers lui ; elle n’était pas très bonne à ce petit jeu, mais lui si, et elle le sentit regarder. Si cela avait été une Pensine, elle l’aurait fait suivre de versions soigneusement écourtées de ses conversations avec George et Poppy, mais il aurait repéré toute tentative de censure, et ce n’était pas le but. Elle resta simplement là en silence, se concentrant pour ne pas résister, lui permettant de regarder tout ce qu’il voulait.

Il hésita, réalisant à quel point elle devait se sentir dévoilée, et elle saisit un frémissement d’émotion qui passa trop rapidement pour être identifié avant qu’il n’effleure à nouveau très timidement son esprit, très légèrement et rapidement, passant à la surface de ses pensées les plus immédiates et collectant une impression générale sans regarder quoi que ce soit de spécifique. Il ne s’aventura pas plus loin et ne regarda pas plus avant, s’extirpant avec une gentillesse surprenante avant de trancher brutalement le lien et de claquer la porte.

Hermione cligna rapidement des yeux et se concentra sur le monde réel pour découvrir Severus la fixant, l’expression troublée, tous deux ignorant l’eau coulant toujours sur eux. Son regard contenait des larmes qui ne coulaient pas, mais il ne pleurait pas ; il semblait plus choqué que quoi que ce soit d’autre, bien que son expression disparaisse rapidement.

« Tu vas bien ? » demanda-t-elle doucement.

« C’était incroyablement dangereux » répliqua-t-il d’une voix rauque. « J’ai failli te tuer.

-Je sais » répondit-elle. « Je savais ce que je faisais et comment tu réagirais. Mais je te connais aussi. Je savais que tu hésiterais, et j’étais bien certaine que tu hésiterais assez longtemps pour réaliser ce que j’avais fait. »

Il lui jeta un regard étonnamment calculateur et leva la main, désignant quelque chose par-dessus son épaule. Elle se retourna et poussa un cri ; la vitre de la cabine de douche était brisée, et le mur carrelé, derrière, était enfoncé, et il y avait des marques de brûlures sur le sol. « J’ai failli te tuer » répéta-t-il, sa voix vide de toute inflexion. « Ne refais jamais ça, Hermione.

-Tu ne m’écoutais pas, Severus. Je ne savais pas comment t’atteindre autrement. »

Il secoua la tête. « Ca ne compte pas; ne refais jamais ça, pour aucune raison. La prochaine fois, je pourrais bien ne pas pouvoir m’arrêter à temps. As-tu la moindre idée de ce que ça me ferait de réaliser que je t’aurais sérieusement blessée, voire même tuée ? »

Déglutissant en jetant un nouveau coup d’œil sur la destruction, elle serra ses bras contre son corps, frissonnante malgré la chaleur de la douche, et ferma les yeux. « Je suis désolée, Severus. Je ne pouvais pas supporter de te voir comme ça. »

Brusquement, il l’enlaça dans une étreinte rude, la serrant assez fort pour arracher toute bribe d’air de ses poumons. « Quelle femme idiote » expira-t-il d’une voix rauque. « Tu as risqué une attaque physique ou mentale juste pour tenter de me remonter le moral ? Tu ne te protégeais pas du tout. J’aurais pu effacer ton esprit ou brûler chaque gramme de chair sur tes os. »

Lorsqu’elle parvint à inspirer, elle lui rendit son étreinte avec tout autant de force. « Severus, j’aurais presque tout risqué pour te voir sourire. » Ses bras se défirent assez longtemps pour qu’il la soulève avant de la serrer à nouveau, il plongea son visage contre sa gorge et commença à trembler ; elle passa ses bras autour de ses épaules et ses jambes autour de sa taille, s’accrochant à lui aussi fort qu’elle le pouvait, tentant de ne pas pleurer.

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« Merlin, Hermione, tu fais peur à voir » murmura Neville au petit-déjeuner. Tu n’as pas dormi ?

-Non » répondit-elle d’une voix un peu rauque, lui souriant timidement.

« Pourquoi ? Ca allait si mal ?

-Il n’est revenu qu’à plus de deux heures du matin, et il était bien cinq heures du matin quand j’ai pu lui parler. Lorsqu’on a réussi à arranger les choses, il était presque l’heure du petit-déjeuner, de toute façon.

-Ouch. Mais c’est bien arrangé ? »

Elle se surprit à sourire. « Oui. » Neville arqua les sourcils, et elle secoua la tête avec un sourire en coin. « Du calme, mec ; pas comme ça. Ca ne marche pas vraiment avec Severus –enfin, si, ça marche, mais il aurait probablement été encore pire après. Nous n’avions pas le temps, de toute façon. »

Neville lui jeta un regard reconnaissant, puisqu’elle n’avait pas développé, et reporta son attention sur ses œufs. « Alors, il est où, maintenant ?

-Il répare le mur de la salle de bain. Ne demande pas » ajouta-t-elle quand il lui jeta un regard vide. Elle fit un signe de tête en direction du centre de la Grande Table. « Il y a eu quelque chose de sa part, ce matin ?

-Aucune idée » répondit Neville, « puisque je ne lui ai pas laissé une chance de parler. Ce n’est pas parce que ça me blesse moins maintenant qu’il y a quelques années que je vais la pardonner aussi vite. »

Hermione acquiesça, approbatrice, et reprit son toast. Quelques minutes plus tard, Neville lui mit un coup de coude et elle leva les yeux pour voir nul autre que Severus lui-même entrer dans la Grande Salle et s’avancer vers eux entre les longues tables des maisons ; apparemment, il avait décidé de prouver à Minerva qu’elle ne l’intimidait pas. L’observant, elle réalisa que quelque chose avait changé ; il se déplaçait avec plus de confiance, plus à l’aise dans sa propre peau, l’aura de son pouvoir et de sa certitude étaient presque tangibles, et son boitement presque inexistant. Il ressemblait plus au Professeur Snape dont elle avait gardé souvenir, obstiné et en colère, se refusant à toute forme de compromis. De toute évidence, son petit discours de motivation, couplé à ce qu’il avait vu dans son esprit, quoi que ce fut, lui avait profité, d’une façon ou d’une autre.

« Tu baves » murmura Neville, le sourire moqueur, alors qu’elle le fixait.

« Pas du tout » nia-t-elle vivement en un souffle, incapable de retenir tout à fait son sourire. Le charisme et l’air de force qu’elle avait longtemps associé à Severus était à présent plus évident, et elle devait l’admettre, cela le mettait en valeur. Il semblait enfin heureux de qui il était. Observant les personnes attablées, elle saisit le regard de Madame Pomfresh, et l’infirmière lui sourit un peu avant de détourner le regard ; l’expression de Minerva était fermée.

Ignorant toutes les personnes présentes comme à son habitude, Severus prit place en bout de table et se concentra à, semblait-il, boire son propre poids de café noir ; il semblait plus fatigué encore que ce qu’Hermione ressentait, bien que seule une personne le connaissant comme elle pouvait l’avoir repéré. Toute son attention était apparemment sur sa tasse de café, mais il avait légèrement déplacé sa chaise en s’asseyant et sa jambe touchait la sienne, plus ou moins de la cheville à la hanche.

Une plus grande surprise était à venir, puisque lorsqu’ils quittèrent la Grande Salle, elle avançait avec Neville quand elle sentit Severus surgir près d’eux. Neville lui jeta un œil de côté et elle haussa vaguement des épaules ; elle ne savait pas non plus ce qu’il avait en tête. Il évitait habituellement tout le monde en public. Tous trois marchèrent un court moment en silence avant que Severus ne lance soudainement « Neville. »

Surpris, Neville prit un instant pour répondre. « Euh, oui ?

-Merci pour ce que vous avez dit hier. »

Ils le fixèrent tous deux ; il évita de croiser leur regard et après un instant, il fila dans un couloir de côté, disparaissant en souplesse de leur vue de son habituelle démarche fluide. Neville le regarda faire, bouche bée, pendant un long moment. « En dehors de lorsqu’il a fait l’appel pour notre premier cours de potions, je ne pense pas qu’il ait jamais utilisé mon prénom avant » parvint-il finalement à dire. « C’est toi qui lui a fait faire ça, ‘Mione ?

-Non » nia-t-elle, secouant la tête pour faire bonne mesure. « Je lui ai montré le souvenir de ce qui a été dit à la réunion et de notre conversation après, c’est tout. Nous n’en avons même pas discuté, et je ne savais vraiment pas qu’il allait faire ça. » Après un instant, elle sourit à son ami. « Tu vois, je t’ai dit qu’il pouvait être gentil.

-Je pense que le monde va s’écrouler » marmonna-t-il, semblant hésiter entre rire et fuir. L’axe de son univers personnel avait clairement commencé à s’inverser.

« Tu t’y feras. A plus tard. » Epuisement exclu, aujourd’hui semblait s’annoncer bien meilleur que la veille, nota Hermione en se dirigeant vers sa salle de classe.

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La journée se passa comme toutes les autres journées d’enseignement, bien qu’elle soit à présent incroyablement fatiguée, et choisit de faire une sieste à la place du déjeuner, dans l’espoir de tenir jusqu’à la fin de la journée. Son dernier cours était avec les troisièmes années, et lorsqu’ils partirent, Timothy Alton resta en arrière pour lui poser une question.

« Oui, Mr Alton ? »

Il lui jeta un grand regard innocent qui signifiait clairement que des soucis suivaient. « Je me demandais si le Professeur Snape allait bien…

-Et pourquoi vous poser une telle question ? » demanda-t-elle en levant la tête pour lui jeter un regard calculateur.

« Eh bien, j’ai eu potions ce matin, et il n’agissait pas comme lui-même, Professeur » répondit-il honnêtement. « Je pense l’avoir presque vu sourire une fois, alors forcément, je suis inquiet.

-Serpentard vient de perdre cinq points pour votre impudence, Mr Alton » soupira-t-elle en se forçant à ne pas sourire. « Pourquoi avoir choisi de me parler à moi de ces ‘inquiétudes’, plutôt qu’au Professeur Snape ?

-Parce que je préfère que ma tête reste attachée à mon cou, Professeur Granger. »

Se mordant un instant fermement la langue pour garder son expression sous contrôle, Hermione secoua légèrement la tête et désigna la porte. « Je pense que vous devriez partir avant que je ne sois forcée de déduire plus de points, Mr Alton. Cela suffira. » Alors qu’elle le prononçait, elle réalisa qu’elle avait cité sans y penser un des phrases que Severus avait dites lors de la dernière occasion où elle avait vu Timothy avec son Directeur de Maison. Elle ne fut donc pas surprise de voir le garçon afficher un large sourire.

« Comme vous dites, Professeur. Merci. » Il déguerpit à la hâte par la porte, la laissant se dire une fois de plus avec un léger sourire qu’elle aurait fait une Serpentard merdique. Culotté, ce morveux. Mais je l’aime bien. Elle était parfaitement consciente du fait que toute la Maison Serpentard suspectait fortement leur relation, avant même Noël, quand Severus leur avait dit d’avoir confiance en elle comme en lui –d’un point de vue Serpentard, c’était l’équivalent de le hurler sur les toits, en réalité.

Mais puisqu’ils étaient des Serpentards, ils ne diraient rien. En partie parce qu’ils pouvaient se sentir supérieur, puisque personne d’autre n’avait été assez futé pour le deviner, en partie parce que les Serpentards ne diffusaient pas de rumeur en dehors de leur Maison, en partie parce qu’ils aimaient pouvoir faire confiance à plus d’un professeur de l’école, mais aussi parce qu’ils avaient une idée assez précise de ce que leur aurait fait Severus dans le cas contraire.

Incapable de retenir un petit sourire, Hermione se leva et s’étira, jetant un œil à l’horloge. Elle avait maintenant un temps libre, mais elle savait que ce n’était pas le cas de Severus ; il était probablement préférable qu’elle retourne à ses appartements presque inutilisés pour tenter de récupérer un peu de sommeil avant le dîner.

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Quand elle revint aux cachots, elle trouva Severus à son bureau ; apparemment, il avait lui aussi dormi en pointillé au cours de la journée pour tenir le coup. Il était de toute évidence d’humeur académique, entouré de notes éparpillées et griffonnant furieusement, et leva à peine les yeux quand elle entra.

« Tu travailles sur quelque chose de nouveau ? » demanda-t-elle en se perchant sur le seul coin libre qu’elle avait pu repérer sur son bureau, pour tenter de lire son écriture étriquée et hérissée à l’envers.

« D’une certaine façon » répondit-il d’un ton absent, raturant brutalement quelque chose qu’il venait juste d’écrire. « Pas une potion, cette fois, par contre. Je pense à prendre un nouveau projet, non pas que j’imagine en avoir le temps. »

A présent curieuse, Hermione cessa de loucher sur ses notes chaotiques et leva les yeux vers lui. « Quel projet ?

-Hier m’a au moins montré que nous ne pouvons dépendre de Poudlard pour un rapport véridique et impartial de la guerre » marmonna-t-il, écrivant si vite qu’elle ne comprit pas comment il pourrait relire ensuite quoi que ce soit. Terminant la phrase avec un mouvement d’arrêt inutilement puissant, il se renfonça dans son siège et leva les yeux vers elle, le regard prudent et indéchiffrable. « Minerva ne sera certainement pas la seule incapable d’empêcher ses sentiments personnels de teinter son rendu de ces années-là. Et comme nous l’avons vu quand nous essayions de l’expliquer à tes parents, toutes les sources d’information officielles seront pires qu’inutiles. »

Elle tritura ses mots dans son esprit, cherchant un sens caché, et enfin, cligna des yeux et lui jeta un regard assez surpris. « Tu penses écrire un livre ? C’est merveilleux, mais tu as raison, tu n’as pas franchement le temps. »

Il sourit à demi et replongea dans ses notes. « Pas… exactement » dit-il lentement, évitant son regard. « Je pensais à la possibilité d’une collaboration. » Il lui jeta un coup d’œil incertain. « As-tu déjà pensé à une carrière plus littéraire ? »

Considérant le fait qu’elle n’avait que récemment mesuré à quel point elle aurait fait une mauvaise Serpentard, Hermione fut assez impressionnée de la myriade de motifs possibles tourbillonnant à présent dans son esprit. Et au vu du désastre de la veille, il était inévitable que celle qui atteigne ces lèvres soit « Un récit complet de la guerre, co-écrit par Snape et Granger ? Ca, ça ferait une bonne claque dans la face de… eh bien, tout le monde ! »

Severus rit tout bas, l’incertitude se transformant en joie. « J’admets que l’idée serait attirante, ne serait-ce que pour cette raison.

-Mais c’est vraiment tentant » dit-elle plus pensivement. « Ta vision personnelle de l’histoire, et les élèves qui ont besoin de connaître toute l’histoire. Avoir ton côté des choses pour que les gens cessent de te cracher dessus et de t’insulter. C’est vraiment une très bonne idée, même si Merlin seul sait quand nous trouverons le temps. C’est sans doute pour ça que les sorciers vivent si longtemps, je pense. » Elle lui sourit. « Peut-être que nous pourrions en parler correctement une fois l’année terminée et que nous aurons plus de temps. »

Il acquiesça, l’incertitude apparaissant à nouveau brièvement dans son regard. « En parlant de l’été… » commença-t-il avec prudence, « je me demandais si tu avais des projets pour les vacances.

-Non, je n’en ai pas vraiment » répondit-elle lentement, « mais apparemment, toi, oui. Tu veux bien m’éclairer ? »

Il se redressa sur sa chaise, joignit les doigts et lança d’un ton neutre « Je pensais à la France.

-Oh ?

-Oui. J’ai entendu que la région de la Dordogne en particulier a beaucoup à proposer. »

Hermione lutta pour ne pas rester bouche bée. A moins qu’elle se trompât totalement, Severus venait juste de lui proposer de l’emmener rencontrer ses parents ; elle se demanda si quelqu’un d’autre pouvait comprendre ce que faire cette offre lui coûtait. Résistant à sa première impulsion –se jeter sur lui pour l’embrasser à pleine bouche- elle parvint à garder un ton léger. « Un jour, tu auras une surprise pour moi qui ne me plaira pas. »

Il se détendit et sourit encore. « Absurde ; je suis de toute évidence expert lorsqu’il s’agit de plaire aux femmes » répliqua-t-il, sarcastique.

C’était le sous-entendu le plus ouvert qu’elle ait jamais entendu de sa part, et elle n’allait certainement pas le laisser filer ; elle lui sourit et arqua un sourcil. « Oh, vraiment ? Je ne me rappelle pas avoir remarqué cette expertise. Je pense qu’une démonstration est nécessaire… »

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Note de Loten: Encore plus de fanart: une belle bannière de EreshkigalGirl : http://s10.photobucket.com/user/EreshkigalGirl/media/PTLbannar.jpg.html

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Note de Sockscranberries : Hé bien, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu droit à des remarques déplacées de Minerva. Ca ne m’avait pas manqué.

Je confirme que Hermione a été un tantinet (bonjour l’euphémisme) imprudente de se mesurer à Severus, mais tout est bien qui finit bien, et heureusement.

Je suis toujours aussi fan de ce Thimothy Alton (manque pas un D à son nom de famille ?? ^^) et j’ai hâte de voir ce que pourrait donner un livre sur la guerre écrit par nos deux héros favoris :D

J’ai hâte de me plonger dans le prochain chapitre !! :D

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Aë : XD J’adore tes commentaires… J’avais pas même fait gaffe pour Tim ^^’

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Note de Cricri : c'est un de mes chapitres préférés... J'espère qu'il y aura une vengeance bien salée contre le vieux chat de gouttière qui crache des boules de poils partout... Et que leur projet aboutira...

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Aë : eheheh…

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Ce ne sont pas les titres qui honorent les hommes, mais les hommes qui honorent les titres. (C’est vraiment bien dit !)

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« L’Ordre du Phénix aurait trouvé plus facile d’organiser ce genre de choses si quelqu’un n’avait pas assassiné le chef de l’Ordre. » (Mais quel coup bas !)

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Qui a empiré la guerre, le Ministère ? Ou Snape ? Je sais qui a cause le plus de morts ! » (Ca ce n’est vraiment pas juste non plus, le Ministère a certainement causé plus de morts en ne faisant rien !)

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-Il était un de ceux qui ont attaqué vos parents, petit idiot! (L’horrible accusation ! :O Je suis choquée !)

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« Même Snape, à l’époque où il se comportait en bâtard, n’a jamais utilisé ça contre moi. Même lui ne serait jamais tombé aussi bas. » (Ooooh ! Bravo Neville ! Là j’applaudis !)

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-Jusqu’ici non » lança-t-elle moqueuse, « mais ce n’est pas une raison pour arrêter. Severus n’est pas le méchant ici. (C’est étonnant qu’il les laisse le défendre…)

-Possiblement parce que Severus, en fait, n’est plus ici » nota la voix traînante de Phineas Nigellus depuis l’un des cadres suspendus au mur de la salle des professeurs. « Il est parti il y a un moment. Si ça intéresse quelqu’un. » (Ah ben oui, je me disais bien que c’était bizarre…)

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J’admets librement qu’il est de notre côté et qu’on lui doit tout, et aussi qu’il semble te rendre heureuse, pour des raisons que je ne comprends vraiment pas, mais il est toujours sacrément terrifiant. » (Sinon ce ne serait plus Severus ;-) )

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Je ne pense pas que tu sois une perte de temps et je sais suffisamment ce que tu as fait pour qu’il n’y ait rien que tu puisses admettre qui pourrait me détourner de toi, alors arrête de tenter de me repousser. Je ne partirais pas. » (Si ça c’est pas une déclaration d’amour je ne sais pas ce que c’est)

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De tous les sorts possibles qu’elle aurait pu utiliser contre lui, l’invasion de son esprit était le pire qu’elle aurait pu choisir, et l’émotion qui s’échappait de lui à présent allait bien au-delà de la rage, quelque part dans les eaux d’une furie psychopathe. (Ohlala j’espère qu’elle n’a pas commis une erreur là :/ )

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Ses bras se défirent assez longtemps pour qu’il la soulève avant de la serrer à nouveau, il plongea son visage contre sa gorge et commença à trembler ; elle passa ses bras autour de ses épaules et ses jambes autour de sa taille, s’accrochant à lui aussi fort qu’elle le pouvait, tentant de ne pas pleurer. (Pfiou, on l’a échappé belle !)

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-Il répare le mur de la salle de bain. Ne demande pas » ajouta-t-elle quand il lui jeta un regard vide. (Il vaut mieux pas)

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« Tu baves » murmura Neville, le sourire moqueur, alors qu’elle le fixait. (Moi aussi :D)

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Toute son attention était apparemment sur sa tasse de café, mais il avait légèrement déplacé sa chaise en s’asseyant et sa jambe touchait la sienne, plus ou moins de la cheville à la hanche. (Moooh)

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Après un instant, elle sourit à son ami. « Tu vois, je t’ai dit qu’il pouvait être gentil. (Ah ah ^^)

-Je pense que le monde va s’écrouler » marmonna-t-il, semblant hésiter entre rire et fuir. L’axe de son univers personnel avait clairement commencé à s’inverser. (C’est ce qu’on pourrait penser ^^)

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« Je pense l’avoir presque vu sourire une fois, alors forcément, je suis inquiet. (Tu m’étonnes. Je l’aime bien ce petit ^^)

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-Parce que je préfère que ma tête reste attachée à mon cou, Professeur Granger. » (Oh que oui, je l’aime beaucoup !)

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« Comme vous dites, Professeur. Merci. » Il déguerpit à la hâte par la porte, la laissant se dire une fois de plus avec un léger sourire qu’elle aurait fait une Serpentard merdique. (Mais non, y’a de l’espoir ^^) Culotté, ce morveux. Mais je l’aime bien. (On se comprend !)

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Mais puisqu’ils étaient des Serpentards, ils ne diraient rien. (J’aime de plus en plus cette maison ^^) En partie parce qu’ils pouvaient se sentir supérieur, puisque personne d’autre n’avait été assez futé pour le deviner, en partie parce que les Serpentards ne diffusaient pas de rumeur en dehors de leur Maison, en partie parce qu’ils aimaient pouvoir faire confiance à plus d’un professeur de l’école, mais aussi parce qu’ils avaient une idée assez précise de ce que leur aurait fait Severus dans le cas contraire. (C’est pas faux. Ils veulent survivre à leurs études ces enfants ^^)

Note de Loten: Ce chapitre est moins joyeux. Je promets que c’est presque la dernière fois que Minerva joue les garces ; elle se choque plus ou moins elle-même cette fois.

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"Take it back, I dare you, take it back.
No, you can't? You should have though
t of that."
– Garbage, 'As Heaven Is Wide'.

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« Reprends-le, je t’en défie, reprends-le.

Non, tu ne peux pas ? Tu aurais dû y penser. »

– Garbage, 'As Heaven Is Wide'

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Vraiment, se dit Hermione, mélancolique, en étudiant la carte du Maraudeur, elle aurait dû le savoir. Tout allait si bien, et elle s’était bêtement autorisée à croire que cela durerait – les gens devinaient pour elle et Severus et, étonnamment, la soutenaient, la charge de travail diminuait enfin pour eux deux, puisque la fin d’année approchait, même le temps était merveilleux.

Et puis il y avait eu une réunion de professeurs…

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Minerva observa la pièce. « J’ai reçu un hibou du Ministère ce matin; la commémoration va devoir être avancée à fin Mai, puisqu’ils sont occupés en juin. »

Severus, qui, comme d’habitude faisait semblant de ne pas écouter, lui jeta un regard, sourcils froncés. « Quoi ? »

Hermione voulut le renseigner, se rappelant qu’il ne pouvait avoir su l’année précédente. « Chaque année, il y a une commémoration au Ministère, pour la guerre. »

Il secoua la tête, impatient. « Je le sais. Mais qu’est-ce que ça a à voir avec le Ministère ?

-Le Ministère gère la cérémonie. »

Son expression s’assombrit. « Pourquoi ? »

A présent, les professeurs le regardaient tous, perdus et prudents –comme ils l’étaient généralement quand Severus décidait de s’impliquer dans une discussion. Les choses devenaient alors systématiquement assez volatiles.

« Pourquoi pas ? » demanda Flitwick.

Severus fronça des sourcils, le regard durci. « Parce que le Ministère dans son entier n’a absolument rien à voir avec la guerre ; qu’ils ont refusé de s’impliquer quand Fudge a enfin été convaincu que nous n’étions vraiment pas un groupe de psychotiques instables tentant de le faire renvoyer. Scrimgeour n’était pas meilleur. Tout le Ministère n’a fait qu’empirer les choses ; pourquoi devrait-il y avoir présence du Ministère maintenant ? »

Il y eut une pause, tandis que tous s’entre-regardaient. Personne, dans cette pièce, n’avait été dans l’Ordre, mais tous avaient pris part à la guerre. Personnellement, Hermione pensait que Severus avait tapé juste.

« Nos Ordres de Merlin viennent du Ministère » tenta Neville après quelques instants, et il dut visiblement s’empêcher de grimacer sous le regard meurtrier de Severus. Tous deux s’entendaient mieux, ces temps-ci, dans le sens où ils parvenaient à s’ignorer l’un l’autre, mais les habitudes avaient la vie dure, et il n’y avait pas grande affection entre eux.

« Et pourquoi ont-ils donné des récompenses ? » demanda le Maître des Potions, semblant à présent sincèrement en colère. « Quel droit avaient-ils de vous tapoter la tête? Ils vous ont essentiellement félicités pour avoir gagné la guerre dont ils niaient l’existence même, pour faire ce qui était nécessaire alors qu’ils s’asseyaient, se serraient la main, minaudaient et tentaient de vous arrêter.

-Oui, et vous n’en avez pas eu » persifla Minerva.

Il lui jeta un regard noir, la colère dans son regard s’accentuant. « Je ne m’attendais pas à en avoir un, et je n’en désire aucun » gronda-t-il. « Je ne comprends pas pourquoi vous tous l’avaient accepté, comme si le Ministère avait quoi que ce soit à voir avec ce qui est arrivé. Ce ne sont pas les titres qui honorent les hommes, mais les hommes qui honorent les titres.

-Alors, qu’est-ce qui aurait dû arriver ? » demanda Hermione, prudente, tentant de calmer la situation. Elle ne pensait pas que citer Machiavel était franchement utile à ce point, aussi justifié que le commentaire puisse être.

« L’Ordre du Phénix n’a rien à voir avec le Ministère de la Magie et aurait dû rester indépendant. Si vous sentiez tous le besoin de vous donner les uns les autres des prix, très bien, mais cela n’avait rien à avoir avec le gouvernement. »

A nouveau, il avait parfaitement raison, mais ce fut assez gâché par la réplique acide de Minerva. « L’Ordre du Phénix aurait trouvé plus facile d’organiser ce genre de choses si quelqu’un n’avait pas assassiné le chef de l’Ordre. »

Severus s’immobilisa tout à fait. Hermione avait déjà vu ça ; la tension dans son corps était immanquable, et même avant qu’un nerf ne s’agite sous son œil, elle le savait à deux doigts de vraiment perdre toute maîtrise. « Ce n’est pas juste, Minerva » dit-elle, surprise de la froideur de son ton. « Ce n’était pas un meurtre, c’était un an avant la fin de la guerre et ce n’était pas la faute de Severus s’il n’y avait aucune direction cohérente à ce point, et cela n’a rien à voir avec ce qu’il disait. Ca n’a vraiment rien à voir avec le Ministère.

-Pour l’amour de Merlin, ma petite, veuillez-vous bien cesser de le défendre ? » lâcha la Directrice. « Ce n’est pas un pauvre elfe de maison incompris, c’est un Mangemort, et que le Ministère ait ou pas à voir avec les commémorations de la guerre, il n’a certainement aucun droit à faire de commentaire ! Qui a empiré la guerre, le Ministère ? Ou Snape ? Je sais qui a cause le plus de morts ! »

Hermione tremblait, si en colère qu’elle ne put parler. Ce fut finalement Neville qui répondit tout bas. « Ce n’est pas juste. » Minerva lui jeta un regard noir et il pâlit, mais carra des épaules et pencha la tête. « Le Professeur Snape était de notre côté, et nous avions besoin de lui. Peut-être que si l’un de nous avait fait ce que lui a fait, nous n’aurions pas eu besoin de lui, mais personne d’autre ne le pouvait. Dumbledore lui-même a expliqué que le Professeur Snape lui obéissait, et s’il n’avait pas fait ça, que serait-il arrivé? Je considère ce que nous avons perdu. Harry aussi, et il savait.

« Comment pouvez-vous le défendre ! Combien de fois vous a-t-il envoyé à l’infirmerie ?

-Je ne m’en souviens pas » répliqua calmement Neville. « Mais si Voldemort avait mis qui que ce soit d’autre à sa place, j’aurais été rapidement tué, et probablement pas de façon agréable. La plupart d’entre nous aussi, d’ailleurs.

-Il était un de ceux qui ont attaqué vos parents, petit idiot!

-Non, pas du tout » parvint à contrer Hermione, tandis que Neville blanchissait, tout en affichant quelques points rouges aux joues. « C’était Barty Croupton junior et les Lestrange. Je ne pense pas que Severus ait seulement été présent, et il n’aurait rien pu y faire si ça avait été le cas.

-Ne me renvoyez pas ça à la tête, Minerva » émit lentement Neville avant que quiconque ne puisse parler. Il semblait réellement en colère, ce qui n’était pas quelque chose que l’on voyait communément chez le Professeur de Botanique, avec son caractère doux. « Même Snape, à l’époque où il se comportait en bâtard, n’a jamais utilisé ça contre moi. Même lui ne serait jamais tombé aussi bas. »

La Directrice déglutit. « Je suis désolée, Neville. C’était inexcusable. Je ne peux juste pas comprendre pourquoi vous voudriez défendre un homme comme Snape.

-Peut-être parce que c’est la chose à faire? C’est ce qu’un Gryffondor est censé faire, non ? » Neville secoua la tête et jeta un coup d’œil à Hermione. « Est-ce que quelqu’un t’a déjà écoutée quand tu expliques ça, Mione ?

-Jusqu’ici non » lança-t-elle moqueuse, « mais ce n’est pas une raison pour arrêter. Severus n’est pas le méchant ici.

-Possiblement parce que Severus, en fait, n’est plus ici » nota la voix traînante de Phineas Nigellus depuis l’un des cadres suspendus au mur de la salle des professeurs. « Il est parti il y a un moment. Si ça intéresse quelqu’un. »

Abasourdie, Hermione regarda autour d’elle et constata que la porte était ouverte et que Severus était clairement absent. Oh, merde. Elle espérait juste qu’il était resté assez longtemps pour entendre que tout le monde ne l’attaquait pas, mais d’une certaine façon, elle en doutait.

« Eh bien, Albus ? » poursuivit Phineas, accusateur. « Que vaut ta justice Gryffondor, maintenant ? »

Le portrait d’Albus Dumbledore secoua tristement la tête. « Minerva, je voudrais que tu cesses cela. Je t’ai raconté toute l’histoire…

-Environ dix-huit mois trop tard » opposa Hermione, en colère. « Ca aurait pu être bien de le dire à quelqu’un avant que vous ne fassiez de Severus un meurtrier et un traître et le deuxième sorcier le plus détesté du monde sorcier, vous ne croyez pas ? Peut-être que si vous l’aviez fait, il n’aurait pas eu à fuir et passer les dix années suivantes à se cacher et à souffrir. »

L’ancien Directeur soupira et acquiesça. « Vous avez raison, ma chère, je l’admets. Je l’ai déjà admis à Severus auparavant, et je me suis excusé, pour ce que ça peut valoir à présent. J’ai fait de très nombreuses erreurs en ce qui le concernait, et il a toujours continué à en faire plus que tout ce que j’aurais pu lui demander. Son avis sur le Ministère est justifié ; et malgré ce que tu en penses, Minerva, Severus n’a jamais été particulièrement intéressé par les récompenses matérielles. Avec le traitement que lui a accordé le Ministère après la première guerre, et avec leur conduite pendant la seconde, je ne pense pas qu’il aurait accepté un Ordre de Merlin, s’il lui avait été offert. Je vais devoir y réfléchir.

-Et je ferais mieux d’aller trouver Severus » conclut tranquillement Hermione en se levant. « Je doute qu’il puisse y avoir quoi que ce soit de dit qui mérite d’être écouté, et il ne risque pas de parler à qui que ce soit d’autre maintenant.

-Je vais t’accompagner un peu » lança à la hâte Neville, les deux Gryffondors ne souhaitant apparemment pas donner à leur employeur la chance de dire quoi que ce soit d’autre, et ils partirent entendant Phineas commencer ce qui ressemblait à une attaque passionnée contre l’hypocrisie.

« On va où, Mione ? » demanda Neville une fois qu’ils furent sortis.

« Aucune idée. Je doute que Severus soit même resté dans le parc. Mais si j’étais restée là-dedans plus longtemps, j’aurais commencé à balancer des sorts. C’est seulement totalement injuste, et je me fiche que ça puisse sonner complètement puéril! »

Neville hocha la tête, compréhensif. « Je suis avec toi. Je n’aurais jamais cru que Minerva pouvait être une telle… garce. Elle s’est attaquée à moi uniquement parce qu’elle était amère. Et Snape avait vraiment raison, nous aurions vraiment dû dire au Ministère d’aller se faire foutre et de se mettre leurs médailles là où le soleil ne brille jamais.

-Nous avions des choses plus importantes à penser à l’époque » répliqua-t-elle d’un ton absent. « Je ne suis pas même sûre d’où j’ai mis mon stupide Ordre de Merlin. Quelque part au fond d’un carton, je suppose.

-Moi non plus » acquiesça-t-il. « Tu te souviens de la cérémonie de remise ?

-Vaguement, mais tout ça est un peu flou, maintenant. Nous étions tous en état de choc, la plupart d’entre nous était blessés, et personnellement, j’avais juste envie de ramper dans un coin pour pleurer avant de revenir dans le grand brassage ambiant. Nous devions tous avoir des têtes de zombies. » Elle soupira. « Ca va ? »

Il acquiesça. « Je ne m’attendais pas à ce qu’elle dise ça, mais… ouais, je vais bien. Je suis blessé qu’elle ait dû faire ça, mais le sujet ne fait plus mal, plus vraiment. Enfin, tu devrais t’inquiéter pour ton homme. Il avait l’air… chais pas. Mal. »

Elle acquiesça, malheureuse. « Ca le blesse plus qu’il ne l’admettra jamais. Ca va le laisser en fatras pendant des jours. Et tout allait si bien, avec les Weasley et le reste. »

Neville s’immobilisa et fronça des sourcils. « Maintenant qu’on est en mode ‘j’emmerde le Ministère’, pourquoi ne pas passer en mode ‘j’emmerde tout le monde’ ?

-Comment ça ?

-Pousse Snape à aller à la cérémonie. Il a autant le droit d’y être que nous autres –plus, en fait. Tu l’as mentionné l’an dernier ?

-Non. Il n’y serait pas allé. Il n’ira pas non plus cette fois, encore moins maintenant.

-Je pense qu’il devrait, tu sais. Il est l’un d’entre nous, même si personne d’autre ne l’admettra. »

Hermione papillonna des yeux, puis l’enlaça brutalement, ses yeux la picotant. « Tu ne sais pas combien ça compte pour moi, Neville. Merci. » Reniflant sans élégance, elle essuya ses yeux avec sa manche. « Il devrait y aller, tu as raison, mais je ne pense pas qu’il le fera. Et maintenant, je ne prévois pas de tenter de le persuader; il va être si énervé et en colère sur ce qui vient d’arriver.

-Ca va aller pour toi ?

-Quoi ? Oh, oui. Il ne s’énerve pas souvent sur moi, jamais physiquement, seulement verbalement, il s’arrête toujours quand il réalise ce qu’il fait. Je déteste juste le voir si mal. »

Il acquiesça lentement. « Même moi je l’ai vu. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Il semble plus… Chais pas, en fait, mais il est plus compréhensible, maintenant. Je présume que c’est grâce à toi ?

-Il ne le verrait pas comme une bonne chose répliqua-t-elle, morose, mais il était vrai que Severus faisait moins d’efforts pour cacher ses sentiments, ces jours-ci –en tout cas, avec elle, et cela débordait probablement sur le reste de sa vie. Petit à petit, elle semblait avoir percé quelques ouvertures dans ses murs.

« Bon » reprit Neville plus légèrement, « on se venge comment de Minerva ? De toute évidence, nous ne pouvons pas la laisser s’en tirer après avoir énervé ses trois plus brillants éléments. »

Elle sourit malgré elle. « Un petit discours d’encouragement et les rôles s’inversent. J’ai créé un monstre. »

Il lui sourit en retour. « Boarf, je suis toujours comme ça, quand Snape n’est pas là pour me jeter des regards noirs. J’admets librement qu’il est de notre côté et qu’on lui doit tout, et aussi qu’il semble te rendre heureuse, pour des raisons que je ne comprends vraiment pas, mais il est toujours sacrément terrifiant. »

Elle sourit plus encore. « Je sais. » Son sourire s’effaça. « Enfin, la vengeance devra attendre. Maintenant, je veux trouver Severus ; je m’inquiète pour lui.

-Il est probablement bien meilleur dans ce domaine que nous » concéda joyeusement Neville. « Je file boire un verre à Pré-Au-Lard, de toute façon. Si je vois Snape, je te le ferai savoir. » Il toucha son bras, l’air plus sérieux. « Désolé. J’espère que ça va s’arranger. »

Hermione l’enlaça à nouveau. « Merci d’avoir essayé, Neville. Ca signifie beaucoup pour moi, surtout venant de toi –je sais que tu ne l’aimes pas.

-Ca ne compte pas, que je l’aime ou pas, il ne mérite pas ça. Et je suis sacrément en colère contre Minerva, maintenant. A plus tard. »

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oOo

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A présent, Hermione fixait une fois de plus désespérément la carte, cherchant en vain le petit point marqué Severus Snape. Elle n’avait aucune idée d’où il était ; il était parti depuis maintenant des heures. Elle avait envoyé son patronus quatre fois, lui demandant de juste lui dire qu’il allait bien, et n’avait pas eu de réponse, la laissant sérieusement inquiète.

Enfin, elle fut réveillée de son sommeil perturbé par Pattenrond ; le demi-fléreur miaula encore et donna un coup de tête impatient sur son visage, et tapota la carte de sa patte dès qu’elle leva la tête. Elle loucha sur le nom familier sanglota presque de soulagement. « Merlin merci, Pattou » expira-t-elle, prenant son familier dans ses bras pour enfouir son visage dans sa fourrure. « J’ai vraiment cru que quelque chose lui était arrivé. » Elle leva les yeux vers l’horloge, au mur ; il était plus de deux heures du matin. Il avait disparu une grande partie de la journée et de la nuit. Enlaçant son chat, qui pour une fois ne tenta pas de lui échapper, elle ramassa la carte et fixa la porte.

Quand Severus entra, elle sentit son cœur se serrer douloureusement en le voyant. Il semblait d’une certaine façon plus petit, et plus âgé ; sa posture était défaitiste, ses épaules courbées. Il leva un instant les yeux vers elle, suffisamment longtemps pour qu’elle voie que ses yeux étaient injectés de sang et que son visage était hagard, puis il détourna les yeux et commença à la contourner.

« Où étais-tu ? » demanda-t-elle doucement, détestant que sa voix semble si petite, tout en serrant plus fort Pattenrond contre elle. « J’étais inquiète pour toi.

-Quelle bêtise de ta part » répliqua-t-il froidement, traversant la pièce pour se diriger vers la porte menant au reste de ses quartiers.

« Pourquoi ne pas m’avoir dit que tu allais bien? »

Il cessa de bouger, mais ne se retourna pas. Après un long moment, il répliqua de façon assez inattendue « J’ai essayé.

-Je ne comprends pas…

-Je n’ai pas pu faire apparaître mon Patronus. Je ne pouvais pas me concentrer sur un souvenir heureux. » Il eut un rire âpre, le son rude et amer dont elle se rappelait, plutôt que le rire chaleureux et sincère qu’elle en était venue à tant apprécier. « J’ignore pourquoi. »

Pattenrond émit un son malheureux entre ses bras, observant Severus d’un air inquiet. Hermione regarda son dos, se demandant que dire. « Severus… »

Il secoua la tête, sans la regarder. « Laisse-moi seul, Hermione » dit-il, fatigué. « Je ne suis pas de bonne compagnie, et je ne mérite pas le temps que tu passes avec moi. Putain, laisse-moi seul, c’est tout. » Ouvrant la porte, il partit, et elle entendit ses pas dans l’escalier menant au laboratoire.

« Oh, Pattenrond » expira-t-elle tristement au chat. « Comment vais-je arranger ça ? »

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oOo

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Quinze minutes avant cinq heures du matin, il quitta le laboratoire. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il avait fait là-bas, mais elle doutait qu’il ait pu concocter quelque chose, pas dans cet état ; si elle avait dû deviner, elle aurait dit qu’il était resté à fixer le mur –et possiblement à boire, bien qu’elle ne pensait pas que ça ait été le cas cette fois. Assise sur le canapé, dans le noir, avec Pattenrond sur ses genoux, Hermione l’écouta grimper les escaliers et se déplacer dans la salle de bain ; quand elle entendit la douche couler, elle prit sa décision et reposa doucement le chat. Il ronronna, encourageant, et disparut dans les ombres ; elle inspira et s’approcha en silence de la salle de bain.

Elle n’était pas verrouillée, ce qui lui donna confiance en le fait qu’elle faisait ce qu’il fallait. Clairement, une part de lui espérait qu’elle viendrait, sans quoi il aurait verrouillé la porte de façon à ce qu’aucun mortel ne puisse la passer. Ou, plus probablement, il était si blessé qu’il ne s’en souciait plus. Elle ouvrit doucement la porte, se glissa à l’intérieur et la referma derrière elle, son regard fouillant l’air brumeux. Severus était une ombre sombre dans la cabine de douche ; d’après la quantité de vapeur, il avait mis l’eau aussi chaude que possible, suffisamment chaude pour vraiment faire mal. Silencieusement, elle commença à se dévêtir.

Quand elle fut dévêtue, elle avança sans un son sur le carrelage et ouvrit la porte de la douche. Il l’ignora complètement, occupé à se savonner mécaniquement les cheveux, lui tournant le dos. Grimaçante à cause de la chaleur presque bouillante de l’eau, Hermione glissa ses bras autour de sa taille et s’approcha d’un pas, déposant sa joue contre son dos sans rien dire. Il continua à l’ignorer, mais après quelques minutes, il baissa assez la température pour qu’elle soit tolérable, quoi qu’à peine ; il avait même cessé de faire semblant qu’il prenait une douche, se contentant de rester immobile. Il ne se détendit pas à son contact, mais ne tenta pas plus d’y résister ; c’était comme si elle n’était pas là du tout.

Quand il lui parla enfin, elle sursauta. « Ne perds pas ton temps. » Sa voix était rauque, râpeuse, et profondément fatiguée.

Elle ne se soucia pas de demander ce qu’il voulait dire. « Je ne le considère pas comme une perte.

-Je ne peux pas être sauvé. Retourne à tes précieux elfes de maison.

-La plupart d’entre eux n’ont pas besoin d’être sauvés, pas plus que toi. Il n’y a rien de mauvais en toi, Severus.

-Hah. C’est ton opinion.

-Et elle n’a pas d’importance à tes yeux? » demanda-t-elle, prudente.

Il resta un moment silencieux. « Tu sais que si. Mais tu te trompes. Je ne le mérite pas.

-Ce n’est pas à toi de le décider. » Elle ferma les yeux et se lova contre son dos, sentant la chaleur humide de sa peau marquée et le mouvement régulier de sa respiration.

« Tu n’es pas en position de prendre une décision informée. » Il prit une profonde inspiration, et quand il parla encore, sa voix était de nouveau éteinte, totalement dénuée d’émotion. « Tout le monde me jette la mort de Dumbledore au visage, mais ce n’est que le moindre de mes crimes. J’ai tué des gens que tu connaissais personnellement, des gens avec qui tu as été à l’école. Ton professeur d’Etudes des Moldus, Charity Burbage, est morte en criant devant moi, me suppliant de la sauver. Si tes parents avaient été pris, j’aurais reçu l’ordre d’aider à leur torture, et je l’aurais fait sans hésitation. J’ai torturé certains de tes amis les plus proches presque jusqu’au seuil de la mort. Et il y en a d’innombrables autres, des victimes anonymes. Le plus jeune enfant que j’aie tué avait peut-être deux ou trois ans. La plupart de leurs morts étaient très lentes –après tout, le sort de découpe était ma spécialité, et j’ai également un certain talent dans l’utilisation du Doloris.

Si Bellatrix t’avait livrée au Seigneur des Ténèbres quand elle t’a capturée, comme elle était censée le faire, il aurait forcé ton esprit et prit toutes les informations qu’il souhaitait ; il aurait ensuite ordonné ton viol, à répétition et en public, et puis tu m’aurais été donnée. J’aurais reçu l’ordre de te tuer, de te garder en vie aussi longtemps que possible avant de te tuer, pour être certain que tu ne retenais rien –de telles tâches étaient fréquemment miennes ; de nombreux autres n’avaient pas mon… contrôle. Et je l’aurais fait. Tu n’aurais pas été la première de mes anciennes élèves dans cette position. Je me serais assuré que ta mort prenne des jours, comme les leurs. Tu aurais été brisée. Nous nous brisons tous, à la fin. »

Hermione fut un peu surprise de découvrir qu’elle ne pleurait pas. En fait, elle se sentit presque anormalement calme lorsqu’elle prit la parole. « Severus, ferme-la. Je ne suis pas idiote. Je sais quel était ton rôle parmi les Mangemorts. Je sais même que le Seigneur des Ténèbres n’était pas le seul à exiger ce genre de choses de toi –tu étais l’équivalent d’une Langue-de-Plomb pour l’Ordre, puisque tu faisais le sale travail que nous ne pouvions pas même évoquer. Nous t’exigions des informations sans jamais oser franchement demander où tu les obtenais, ni comment. A chaque fois que j’entendais parler d’un autre meurtre des mains d’un Mangemort, je me demandais si tu étais impliqué. J’ai parlé à Neville, Ginny et Luna, et vu leurs souvenirs ; je sais ce que tu leur as fait.

Mais je t’ai tenu quand tu pleurais entre mes bras, et je t’ai écouté t’excuser et supplier d’être pardonné dans tes cauchemars. J’ai vu le souvenir où tu dis à Dumbledore que les gens que tu as vus mourir étaient ceux que tu ne pouvais sauver. Je sais que quand tu venais aux réunions de l’Ordre avec les vêtements maculés de sang, c’était bien plus souvent ton sang que celui d’un autre. C’était brutal et c’était ignoble, et c’était la face sombre de la guerre. Je n’ai jamais pensé que tout n’était que batailles et gloire. Tu as largement payé le prix qui t’était exigé, peu importait le coût, et tu as gagné la guerre pour nous, rien à foutre de ce que disait la prophétie. Personne d’autre n’était assez fort pour faire ce que tu as fait ; ce n’était pas juste, mais c’était nécessaire.

Et je ne suis pas la seule à le penser. Tu n’es pas seul, Severus. Neville s’est levé pour prendre ta défense ; Neville, qui a été terrifié par toi pendant des années, qui est toujours un peu effrayé par toi, que –comme tu l’as bien souligné- tu as torturé. Même lui sait ce que tu as fait pour nous. Minerva ne peut pas abandonner son amertume, mais ce n’est qu’une personne. Tous ceux qui savent pour nous nous soutiennent. Je ne suis pas naïve, et je sais que ce ne sera pas toujours le cas, mais tu n’es pas aussi universellement détesté que tu le crois.

-Dans tous les cas, je sais parfaitement que tu te fiches de ce que le monde en son entier pense de toi. Ca n’empêche pas la douleur et cela ne la justifie certainement pas, mais c’est leur problème, et pas le notre. Je ne pense pas que tu sois une perte de temps et je sais suffisamment ce que tu as fait pour qu’il n’y ait rien que tu puisses admettre qui pourrait me détourner de toi, alors arrête de tenter de me repousser. Je ne partirais pas. »

Son discours avait été bien plus long et bien plus mélodramatique que ce qu’elle avait prévu, nota Hermione durant le silence qui suivit, mais il était nécessaire que ce soit dit. La grande question était de savoir si Severus allait ou pas réellement écouter, et si c’était le cas, la croirait-il ? S’il avait été tout autre homme, elle lui aurait dit dans l’instant qu’elle l’aimait, mais ce n’était pas n’importe quel homme –c’était son Severus, son Severus brisé, marqué, amer, et bien qu’elle l’aimât sincèrement, elle ne voulait pas franchement le dire dans ces circonstances. Il se demanderait toujours si elle l’avait dit uniquement parce qu’elle pensait le devoir.

« Je pourrais te faire partir » émit enfin tout bas Severus. « Si je pensais que c’était la chose à faire, si je pensais que tu serais mieux sans moi. » Son ton rendait clair le fait qu’il le croyait, et ses paroles la frappèrent un peu trop bien pour qu’elle reste calme.

Ses nerfs cédèrent. « Vas-y, alors ! » cracha-t-elle, s’écartant brutalement de lui. Sans lui donner une chance de répondre, elle envoya un coup de pied à l’arrière de son mauvais genou, et saisit son bras alors qu’il vacillait, le retournant pour le renvoyer brutalement contre le mur carrelé. Si elle lui avait laissé ne serait-ce qu’une seconde pour réagir, il l’aurait tuée par réflexe avant même de réaliser ce qui était arrivé ; elle n’avait qu’une seule chance, et elle la saisit. Plongeant dans son regard, elle rugit « Legilimens ! »

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Hermione savait que la seule raison pour laquelle elle était toujours en vie était qu’elle l’avait totalement pris par surprise. Il avait confiance en elle, complètement, et cela signifiait qu’elle était la seule personne au monde dont il ne se méfiait pas en permanence ; il ne s’était pas attendu à ce qu’elle trahisse cette confiance et l’attaque. Alors que la connexion mentale se formait, elle tenta de ne pas se sentir effrayée ; c’était sûrement du suicide.

Elle sentit un instant de pure panique chez lui alors que son esprit réagissait par automatisme, retombant dans un très vieux schéma de pensée ; elle le sentit autoriser l’intrusion, laissant de l’espace devant elle alors que des murs s’élevaient violemment quelque part, profondément. Il était conditionné pour le faire, parce que le seul qui envahissait habituellement son esprit avait été Voldemort. L’étendue infinie de sa terreur était horrifiante ; comment avait-il pu retourner si souvent à son maître en le craignant tant ?

Un instant plus tard, plus de murs apparurent, plus puissants et plus évidents, et la peur laissa place à une pure rage. S’il avait eu sa baguette en main à cet instant, elle savait qu’il l’aurait tuée. De tous les sorts possibles qu’elle aurait pu utiliser contre lui, l’invasion de son esprit était le pire qu’elle aurait pu choisir, et l’émotion qui s’échappait de lui à présent allait bien au-delà de la rage, quelque part dans les eaux d’une furie psychopathe.

Mais elle connaissait Severus mieux que n’importe qui d’autre ne l’avait jamais connu, et elle pariait maintenant là-dessus. Son esprit et ses émotions étaient disciplinés, et il agissait très rarement sans penser. Il avait été espion pendant presque deux décennies, tout cumulé, et il était expert pour lire une situation et tout remarquer, en voyant plus loin que l’évidence pour trouver ce qui était caché. Elle sentit cette rage terrible et effrayante mourir lentement, se transformant en immobilité et sut qu’elle avait eu raison ; il réalisait qu’en vérité, elle n’avait pas envahi son esprit. Elle n’avait rien fait d’autre qu’établir la connexion, et maintenant, elle restait passive, son esprit complètement ouvert au sien, et attendait.

Elle lui avait offert une fois de lui permettre de voir la vérité dans son esprit, pour confirmer si elle tentait ou pas de cacher sa relation par honte, et il avait refusé. Il avait dit qu’il voyait cela comme une forme de viol, et bien qu’elle ne soit pas experte en magie mentale, elle en avait suffisamment expérimenté pour croire qu’il en avait le droit. Mais c’était à son instigation, son invitation. Elle avait ouvert la porte ; il avait simplement à regarder par là.

Après ce qui sembla être un assez long moment, elle sentit un effleurement très précautionneux alors qu’il s’avançait mentalement d’un pas ; elle pouvait presque sentir son hésitation tremblante alors que sa morale et sa peur luttaient contre son besoin désespéré de savoir. Hermione se concentra sur le souvenir de la réunion de professeurs et de sa conversation avec Neville, ensuite, tentant de pousser les souvenirs vers lui ; elle n’était pas très bonne à ce petit jeu, mais lui si, et elle le sentit regarder. Si cela avait été une Pensine, elle l’aurait fait suivre de versions soigneusement écourtées de ses conversations avec George et Poppy, mais il aurait repéré toute tentative de censure, et ce n’était pas le but. Elle resta simplement là en silence, se concentrant pour ne pas résister, lui permettant de regarder tout ce qu’il voulait.

Il hésita, réalisant à quel point elle devait se sentir dévoilée, et elle saisit un frémissement d’émotion qui passa trop rapidement pour être identifié avant qu’il n’effleure à nouveau très timidement son esprit, très légèrement et rapidement, passant à la surface de ses pensées les plus immédiates et collectant une impression générale sans regarder quoi que ce soit de spécifique. Il ne s’aventura pas plus loin et ne regarda pas plus avant, s’extirpant avec une gentillesse surprenante avant de trancher brutalement le lien et de claquer la porte.

Hermione cligna rapidement des yeux et se concentra sur le monde réel pour découvrir Severus la fixant, l’expression troublée, tous deux ignorant l’eau coulant toujours sur eux. Son regard contenait des larmes qui ne coulaient pas, mais il ne pleurait pas ; il semblait plus choqué que quoi que ce soit d’autre, bien que son expression disparaisse rapidement.

« Tu vas bien ? » demanda-t-elle doucement.

« C’était incroyablement dangereux » répliqua-t-il d’une voix rauque. « J’ai failli te tuer.

-Je sais » répondit-elle. « Je savais ce que je faisais et comment tu réagirais. Mais je te connais aussi. Je savais que tu hésiterais, et j’étais bien certaine que tu hésiterais assez longtemps pour réaliser ce que j’avais fait. »

Il lui jeta un regard étonnamment calculateur et leva la main, désignant quelque chose par-dessus son épaule. Elle se retourna et poussa un cri ; la vitre de la cabine de douche était brisée, et le mur carrelé, derrière, était enfoncé, et il y avait des marques de brûlures sur le sol. « J’ai failli te tuer » répéta-t-il, sa voix vide de toute inflexion. « Ne refais jamais ça, Hermione.

-Tu ne m’écoutais pas, Severus. Je ne savais pas comment t’atteindre autrement. »

Il secoua la tête. « Ca ne compte pas; ne refais jamais ça, pour aucune raison. La prochaine fois, je pourrais bien ne pas pouvoir m’arrêter à temps. As-tu la moindre idée de ce que ça me ferait de réaliser que je t’aurais sérieusement blessée, voire même tuée ? »

Déglutissant en jetant un nouveau coup d’œil sur la destruction, elle serra ses bras contre son corps, frissonnante malgré la chaleur de la douche, et ferma les yeux. « Je suis désolée, Severus. Je ne pouvais pas supporter de te voir comme ça. »

Brusquement, il l’enlaça dans une étreinte rude, la serrant assez fort pour arracher toute bribe d’air de ses poumons. « Quelle femme idiote » expira-t-il d’une voix rauque. « Tu as risqué une attaque physique ou mentale juste pour tenter de me remonter le moral ? Tu ne te protégeais pas du tout. J’aurais pu effacer ton esprit ou brûler chaque gramme de chair sur tes os. »

Lorsqu’elle parvint à inspirer, elle lui rendit son étreinte avec tout autant de force. « Severus, j’aurais presque tout risqué pour te voir sourire. » Ses bras se défirent assez longtemps pour qu’il la soulève avant de la serrer à nouveau, il plongea son visage contre sa gorge et commença à trembler ; elle passa ses bras autour de ses épaules et ses jambes autour de sa taille, s’accrochant à lui aussi fort qu’elle le pouvait, tentant de ne pas pleurer.

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oOo

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« Merlin, Hermione, tu fais peur à voir » murmura Neville au petit-déjeuner. Tu n’as pas dormi ?

-Non » répondit-elle d’une voix un peu rauque, lui souriant timidement.

« Pourquoi ? Ca allait si mal ?

-Il n’est revenu qu’à plus de deux heures du matin, et il était bien cinq heures du matin quand j’ai pu lui parler. Lorsqu’on a réussi à arranger les choses, il était presque l’heure du petit-déjeuner, de toute façon.

-Ouch. Mais c’est bien arrangé ? »

Elle se surprit à sourire. « Oui. » Neville arqua les sourcils, et elle secoua la tête avec un sourire en coin. « Du calme, mec ; pas comme ça. Ca ne marche pas vraiment avec Severus –enfin, si, ça marche, mais il aurait probablement été encore pire après. Nous n’avions pas le temps, de toute façon. »

Neville lui jeta un regard reconnaissant, puisqu’elle n’avait pas développé, et reporta son attention sur ses œufs. « Alors, il est où, maintenant ?

-Il répare le mur de la salle de bain. Ne demande pas » ajouta-t-elle quand il lui jeta un regard vide. Elle fit un signe de tête en direction du centre de la Grande Table. « Il y a eu quelque chose de sa part, ce matin ?

-Aucune idée » répondit Neville, « puisque je ne lui ai pas laissé une chance de parler. Ce n’est pas parce que ça me blesse moins maintenant qu’il y a quelques années que je vais la pardonner aussi vite. »

Hermione acquiesça, approbatrice, et reprit son toast. Quelques minutes plus tard, Neville lui mit un coup de coude et elle leva les yeux pour voir nul autre que Severus lui-même entrer dans la Grande Salle et s’avancer vers eux entre les longues tables des maisons ; apparemment, il avait décidé de prouver à Minerva qu’elle ne l’intimidait pas. L’observant, elle réalisa que quelque chose avait changé ; il se déplaçait avec plus de confiance, plus à l’aise dans sa propre peau, l’aura de son pouvoir et de sa certitude étaient presque tangibles, et son boitement presque inexistant. Il ressemblait plus au Professeur Snape dont elle avait gardé souvenir, obstiné et en colère, se refusant à toute forme de compromis. De toute évidence, son petit discours de motivation, couplé à ce qu’il avait vu dans son esprit, quoi que ce fut, lui avait profité, d’une façon ou d’une autre.

« Tu baves » murmura Neville, le sourire moqueur, alors qu’elle le fixait.

« Pas du tout » nia-t-elle vivement en un souffle, incapable de retenir tout à fait son sourire. Le charisme et l’air de force qu’elle avait longtemps associé à Severus était à présent plus évident, et elle devait l’admettre, cela le mettait en valeur. Il semblait enfin heureux de qui il était. Observant les personnes attablées, elle saisit le regard de Madame Pomfresh, et l’infirmière lui sourit un peu avant de détourner le regard ; l’expression de Minerva était fermée.

Ignorant toutes les personnes présentes comme à son habitude, Severus prit place en bout de table et se concentra à, semblait-il, boire son propre poids de café noir ; il semblait plus fatigué encore que ce qu’Hermione ressentait, bien que seule une personne le connaissant comme elle pouvait l’avoir repéré. Toute son attention était apparemment sur sa tasse de café, mais il avait légèrement déplacé sa chaise en s’asseyant et sa jambe touchait la sienne, plus ou moins de la cheville à la hanche.

Une plus grande surprise était à venir, puisque lorsqu’ils quittèrent la Grande Salle, elle avançait avec Neville quand elle sentit Severus surgir près d’eux. Neville lui jeta un œil de côté et elle haussa vaguement des épaules ; elle ne savait pas non plus ce qu’il avait en tête. Il évitait habituellement tout le monde en public. Tous trois marchèrent un court moment en silence avant que Severus ne lance soudainement « Neville. »

Surpris, Neville prit un instant pour répondre. « Euh, oui ?

-Merci pour ce que vous avez dit hier. »

Ils le fixèrent tous deux ; il évita de croiser leur regard et après un instant, il fila dans un couloir de côté, disparaissant en souplesse de leur vue de son habituelle démarche fluide. Neville le regarda faire, bouche bée, pendant un long moment. « En dehors de lorsqu’il a fait l’appel pour notre premier cours de potions, je ne pense pas qu’il ait jamais utilisé mon prénom avant » parvint-il finalement à dire. « C’est toi qui lui a fait faire ça, ‘Mione ?

-Non » nia-t-elle, secouant la tête pour faire bonne mesure. « Je lui ai montré le souvenir de ce qui a été dit à la réunion et de notre conversation après, c’est tout. Nous n’en avons même pas discuté, et je ne savais vraiment pas qu’il allait faire ça. » Après un instant, elle sourit à son ami. « Tu vois, je t’ai dit qu’il pouvait être gentil.

-Je pense que le monde va s’écrouler » marmonna-t-il, semblant hésiter entre rire et fuir. L’axe de son univers personnel avait clairement commencé à s’inverser.

« Tu t’y feras. A plus tard. » Epuisement exclu, aujourd’hui semblait s’annoncer bien meilleur que la veille, nota Hermione en se dirigeant vers sa salle de classe.

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La journée se passa comme toutes les autres journées d’enseignement, bien qu’elle soit à présent incroyablement fatiguée, et choisit de faire une sieste à la place du déjeuner, dans l’espoir de tenir jusqu’à la fin de la journée. Son dernier cours était avec les troisièmes années, et lorsqu’ils partirent, Timothy Alton resta en arrière pour lui poser une question.

« Oui, Mr Alton ? »

Il lui jeta un grand regard innocent qui signifiait clairement que des soucis suivaient. « Je me demandais si le Professeur Snape allait bien…

-Et pourquoi vous poser une telle question ? » demanda-t-elle en levant la tête pour lui jeter un regard calculateur.

« Eh bien, j’ai eu potions ce matin, et il n’agissait pas comme lui-même, Professeur » répondit-il honnêtement. « Je pense l’avoir presque vu sourire une fois, alors forcément, je suis inquiet.

-Serpentard vient de perdre cinq points pour votre impudence, Mr Alton » soupira-t-elle en se forçant à ne pas sourire. « Pourquoi avoir choisi de me parler à moi de ces ‘inquiétudes’, plutôt qu’au Professeur Snape ?

-Parce que je préfère que ma tête reste attachée à mon cou, Professeur Granger. »

Se mordant un instant fermement la langue pour garder son expression sous contrôle, Hermione secoua légèrement la tête et désigna la porte. « Je pense que vous devriez partir avant que je ne sois forcée de déduire plus de points, Mr Alton. Cela suffira. » Alors qu’elle le prononçait, elle réalisa qu’elle avait cité sans y penser un des phrases que Severus avait dites lors de la dernière occasion où elle avait vu Timothy avec son Directeur de Maison. Elle ne fut donc pas surprise de voir le garçon afficher un large sourire.

« Comme vous dites, Professeur. Merci. » Il déguerpit à la hâte par la porte, la laissant se dire une fois de plus avec un léger sourire qu’elle aurait fait une Serpentard merdique. Culotté, ce morveux. Mais je l’aime bien. Elle était parfaitement consciente du fait que toute la Maison Serpentard suspectait fortement leur relation, avant même Noël, quand Severus leur avait dit d’avoir confiance en elle comme en lui –d’un point de vue Serpentard, c’était l’équivalent de le hurler sur les toits, en réalité.

Mais puisqu’ils étaient des Serpentards, ils ne diraient rien. En partie parce qu’ils pouvaient se sentir supérieur, puisque personne d’autre n’avait été assez futé pour le deviner, en partie parce que les Serpentards ne diffusaient pas de rumeur en dehors de leur Maison, en partie parce qu’ils aimaient pouvoir faire confiance à plus d’un professeur de l’école, mais aussi parce qu’ils avaient une idée assez précise de ce que leur aurait fait Severus dans le cas contraire.

Incapable de retenir un petit sourire, Hermione se leva et s’étira, jetant un œil à l’horloge. Elle avait maintenant un temps libre, mais elle savait que ce n’était pas le cas de Severus ; il était probablement préférable qu’elle retourne à ses appartements presque inutilisés pour tenter de récupérer un peu de sommeil avant le dîner.

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Quand elle revint aux cachots, elle trouva Severus à son bureau ; apparemment, il avait lui aussi dormi en pointillé au cours de la journée pour tenir le coup. Il était de toute évidence d’humeur académique, entouré de notes éparpillées et griffonnant furieusement, et leva à peine les yeux quand elle entra.

« Tu travailles sur quelque chose de nouveau ? » demanda-t-elle en se perchant sur le seul coin libre qu’elle avait pu repérer sur son bureau, pour tenter de lire son écriture étriquée et hérissée à l’envers.

« D’une certaine façon » répondit-il d’un ton absent, raturant brutalement quelque chose qu’il venait juste d’écrire. « Pas une potion, cette fois, par contre. Je pense à prendre un nouveau projet, non pas que j’imagine en avoir le temps. »

A présent curieuse, Hermione cessa de loucher sur ses notes chaotiques et leva les yeux vers lui. « Quel projet ?

-Hier m’a au moins montré que nous ne pouvons dépendre de Poudlard pour un rapport véridique et impartial de la guerre » marmonna-t-il, écrivant si vite qu’elle ne comprit pas comment il pourrait relire ensuite quoi que ce soit. Terminant la phrase avec un mouvement d’arrêt inutilement puissant, il se renfonça dans son siège et leva les yeux vers elle, le regard prudent et indéchiffrable. « Minerva ne sera certainement pas la seule incapable d’empêcher ses sentiments personnels de teinter son rendu de ces années-là. Et comme nous l’avons vu quand nous essayions de l’expliquer à tes parents, toutes les sources d’information officielles seront pires qu’inutiles. »

Elle tritura ses mots dans son esprit, cherchant un sens caché, et enfin, cligna des yeux et lui jeta un regard assez surpris. « Tu penses écrire un livre ? C’est merveilleux, mais tu as raison, tu n’as pas franchement le temps. »

Il sourit à demi et replongea dans ses notes. « Pas… exactement » dit-il lentement, évitant son regard. « Je pensais à la possibilité d’une collaboration. » Il lui jeta un coup d’œil incertain. « As-tu déjà pensé à une carrière plus littéraire ? »

Considérant le fait qu’elle n’avait que récemment mesuré à quel point elle aurait fait une mauvaise Serpentard, Hermione fut assez impressionnée de la myriade de motifs possibles tourbillonnant à présent dans son esprit. Et au vu du désastre de la veille, il était inévitable que celle qui atteigne ces lèvres soit « Un récit complet de la guerre, co-écrit par Snape et Granger ? Ca, ça ferait une bonne claque dans la face de… eh bien, tout le monde ! »

Severus rit tout bas, l’incertitude se transformant en joie. « J’admets que l’idée serait attirante, ne serait-ce que pour cette raison.

-Mais c’est vraiment tentant » dit-elle plus pensivement. « Ta vision personnelle de l’histoire, et les élèves qui ont besoin de connaître toute l’histoire. Avoir ton côté des choses pour que les gens cessent de te cracher dessus et de t’insulter. C’est vraiment une très bonne idée, même si Merlin seul sait quand nous trouverons le temps. C’est sans doute pour ça que les sorciers vivent si longtemps, je pense. » Elle lui sourit. « Peut-être que nous pourrions en parler correctement une fois l’année terminée et que nous aurons plus de temps. »

Il acquiesça, l’incertitude apparaissant à nouveau brièvement dans son regard. « En parlant de l’été… » commença-t-il avec prudence, « je me demandais si tu avais des projets pour les vacances.

-Non, je n’en ai pas vraiment » répondit-elle lentement, « mais apparemment, toi, oui. Tu veux bien m’éclairer ? »

Il se redressa sur sa chaise, joignit les doigts et lança d’un ton neutre « Je pensais à la France.

-Oh ?

-Oui. J’ai entendu que la région de la Dordogne en particulier a beaucoup à proposer. »

Hermione lutta pour ne pas rester bouche bée. A moins qu’elle se trompât totalement, Severus venait juste de lui proposer de l’emmener rencontrer ses parents ; elle se demanda si quelqu’un d’autre pouvait comprendre ce que faire cette offre lui coûtait. Résistant à sa première impulsion –se jeter sur lui pour l’embrasser à pleine bouche- elle parvint à garder un ton léger. « Un jour, tu auras une surprise pour moi qui ne me plaira pas. »

Il se détendit et sourit encore. « Absurde ; je suis de toute évidence expert lorsqu’il s’agit de plaire aux femmes » répliqua-t-il, sarcastique.

C’était le sous-entendu le plus ouvert qu’elle ait jamais entendu de sa part, et elle n’allait certainement pas le laisser filer ; elle lui sourit et arqua un sourcil. « Oh, vraiment ? Je ne me rappelle pas avoir remarqué cette expertise. Je pense qu’une démonstration est nécessaire… »

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Note de Loten: Encore plus de fanart: une belle bannière de EreshkigalGirl : http://s10.photobucket.com/user/EreshkigalGirl/media/PTLbannar.jpg.html

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Note de Sockscranberries : Hé bien, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu droit à des remarques déplacées de Minerva. Ca ne m’avait pas manqué.

Je confirme que Hermione a été un tantinet (bonjour l’euphémisme) imprudente de se mesurer à Severus, mais tout est bien qui finit bien, et heureusement.

Je suis toujours aussi fan de ce Thimothy Alton (manque pas un D à son nom de famille ?? ^^) et j’ai hâte de voir ce que pourrait donner un livre sur la guerre écrit par nos deux héros favoris :D

J’ai hâte de me plonger dans le prochain chapitre !! :D

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Aë : XD J’adore tes commentaires… J’avais pas même fait gaffe pour Tim ^^’

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Note de Cricri : c'est un de mes chapitres préférés... J'espère qu'il y aura une vengeance bien salée contre le vieux chat de gouttière qui crache des boules de poils partout... Et que leur projet aboutira...

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Aë : eheheh…

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Ce ne sont pas les titres qui honorent les hommes, mais les hommes qui honorent les titres. (C’est vraiment bien dit !)

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« L’Ordre du Phénix aurait trouvé plus facile d’organiser ce genre de choses si quelqu’un n’avait pas assassiné le chef de l’Ordre. » (Mais quel coup bas !)

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Qui a empiré la guerre, le Ministère ? Ou Snape ? Je sais qui a cause le plus de morts ! » (Ca ce n’est vraiment pas juste non plus, le Ministère a certainement causé plus de morts en ne faisant rien !)

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-Il était un de ceux qui ont attaqué vos parents, petit idiot! (L’horrible accusation ! :O Je suis choquée !)

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« Même Snape, à l’époque où il se comportait en bâtard, n’a jamais utilisé ça contre moi. Même lui ne serait jamais tombé aussi bas. » (Ooooh ! Bravo Neville ! Là j’applaudis !)

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-Jusqu’ici non » lança-t-elle moqueuse, « mais ce n’est pas une raison pour arrêter. Severus n’est pas le méchant ici. (C’est étonnant qu’il les laisse le défendre…)

-Possiblement parce que Severus, en fait, n’est plus ici » nota la voix traînante de Phineas Nigellus depuis l’un des cadres suspendus au mur de la salle des professeurs. « Il est parti il y a un moment. Si ça intéresse quelqu’un. » (Ah ben oui, je me disais bien que c’était bizarre…)

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J’admets librement qu’il est de notre côté et qu’on lui doit tout, et aussi qu’il semble te rendre heureuse, pour des raisons que je ne comprends vraiment pas, mais il est toujours sacrément terrifiant. » (Sinon ce ne serait plus Severus ;-) )

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Je ne pense pas que tu sois une perte de temps et je sais suffisamment ce que tu as fait pour qu’il n’y ait rien que tu puisses admettre qui pourrait me détourner de toi, alors arrête de tenter de me repousser. Je ne partirais pas. » (Si ça c’est pas une déclaration d’amour je ne sais pas ce que c’est)

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De tous les sorts possibles qu’elle aurait pu utiliser contre lui, l’invasion de son esprit était le pire qu’elle aurait pu choisir, et l’émotion qui s’échappait de lui à présent allait bien au-delà de la rage, quelque part dans les eaux d’une furie psychopathe. (Ohlala j’espère qu’elle n’a pas commis une erreur là :/ )

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Ses bras se défirent assez longtemps pour qu’il la soulève avant de la serrer à nouveau, il plongea son visage contre sa gorge et commença à trembler ; elle passa ses bras autour de ses épaules et ses jambes autour de sa taille, s’accrochant à lui aussi fort qu’elle le pouvait, tentant de ne pas pleurer. (Pfiou, on l’a échappé belle !)

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-Il répare le mur de la salle de bain. Ne demande pas » ajouta-t-elle quand il lui jeta un regard vide. (Il vaut mieux pas)

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« Tu baves » murmura Neville, le sourire moqueur, alors qu’elle le fixait. (Moi aussi :D)

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Toute son attention était apparemment sur sa tasse de café, mais il avait légèrement déplacé sa chaise en s’asseyant et sa jambe touchait la sienne, plus ou moins de la cheville à la hanche. (Moooh)

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Après un instant, elle sourit à son ami. « Tu vois, je t’ai dit qu’il pouvait être gentil. (Ah ah ^^)

-Je pense que le monde va s’écrouler » marmonna-t-il, semblant hésiter entre rire et fuir. L’axe de son univers personnel avait clairement commencé à s’inverser. (C’est ce qu’on pourrait penser ^^)

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« Je pense l’avoir presque vu sourire une fois, alors forcément, je suis inquiet. (Tu m’étonnes. Je l’aime bien ce petit ^^)

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-Parce que je préfère que ma tête reste attachée à mon cou, Professeur Granger. » (Oh que oui, je l’aime beaucoup !)

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« Comme vous dites, Professeur. Merci. » Il déguerpit à la hâte par la porte, la laissant se dire une fois de plus avec un léger sourire qu’elle aurait fait une Serpentard merdique. (Mais non, y’a de l’espoir ^^) Culotté, ce morveux. Mais je l’aime bien. (On se comprend !)

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Mais puisqu’ils étaient des Serpentards, ils ne diraient rien. (J’aime de plus en plus cette maison ^^) En partie parce qu’ils pouvaient se sentir supérieur, puisque personne d’autre n’avait été assez futé pour le deviner, en partie parce que les Serpentards ne diffusaient pas de rumeur en dehors de leur Maison, en partie parce qu’ils aimaient pouvoir faire confiance à plus d’un professeur de l’école, mais aussi parce qu’ils avaient une idée assez précise de ce que leur aurait fait Severus dans le cas contraire. (C’est pas faux. Ils veulent survivre à leurs études ces enfants ^^)

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« Tu penses écrire un livre ? C’est merveilleux, mais tu as raison, tu n’as pas franchement le temps. » (Hum, je ne pense pas que c’est lui qui va l’écrire le bouquin… Personne n’achètera un livre sur la guerre signé Severus Snape)

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Il lui jeta un coup d’œil incertain. « As-tu déjà pensé à une carrière plus littéraire ? » (AH AH ! Je le savais ! ^^)

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« Tu penses écrire un livre ? C’est merveilleux, mais tu as raison, tu n’as pas franchement le temps. » (Hum, je ne pense pas que c’est lui qui va l’écrire le bouquin… Personne n’achètera un livre sur la guerre signé Severus Snape)

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Il lui jeta un coup d’œil incertain. « As-tu déjà pensé à une carrière plus littéraire ? » (AH AH ! Je le savais ! ^^)

Post Tenebras Lux 30
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M
Pour le coup Minerva à abusé franchement pourquoi elle lui sortie sa c'est pas normal enfin heureusement que Neville et Hermione sont là le pauvre mais tout va s'arranger avec Hermione pour l'aider
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A
Minerva est plutôt écoeurante dans PTL ^^'
A
Juste un petit moment pour te dire que j'apprécie toujours autant tes traductions! Pas beaucoup de temps en ce moment, j'ai commencé un nouveau boulot récemment.<br /> A bientôt pour te lire!
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A
Pas de souci ^^ félicitations ^^
N
Sublime ! Loten et toi faites aller les lecteurs de plus en plus loin dans les émotions... Merveilleuse histoire. <br /> Merci.
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A
Merci beaucoup ^^<br /> le suivant la semaine prochaine (voire avant)
Z
Flamboyant et dur, mais magnifique chapitre ! J'aime beaucoup la réaction de Neville... Merci, Aë !
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A
Merci!!!
S
Je crois que c'est le chapitre qui m'a fait ressentir le plus d'émotions différentes : j'ai eu peur, envie de pleurer de tristesse et de joie. Parfait, il est parfait.<br /> C'était vraiment un plaisir de le lire, meme apres ma quasi nuit blanche d'hier j'ai attendu que tu le publies avant d'aller dormir.<br /> Merci Ae et vivement la suite (bientôt si j'ai bien compris) <br /> Vivement la vengeance comme Minerva !!
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A
Merci ^^<br /> le chapitre suivant est chez les bêtas (et déjà revenu de chez la première!) doncil sera sûrement vite prêt à sortir ^^
S
*contre* Minerva