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les fanfics d'Aë

30 jours, un mariage 9

17 Octobre 2015 , Rédigé par Aësälys Publié dans #30 jours un mariage (C)

Note de Lady Memory: Mille mercis à mes lecteurs et reviewers.

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Lundi - Jour 9 – Questions

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Ce lundi matin, Hermione se réveilla tôt et écouta les bruits étouffés de l’autre hors de sa chambre. Elle se sentait partagée : une part d’elle appréciait l’idée de se détendre enfin, seule dans la maison, sans se soucier de cuisiner ni se méfier d’une potentielle explosion du volcan. Une autre part souffrait pour exactement les mêmes raisons. Le Professeur Snape était son lien avec les autres êtres humains, et la vie normale lui manquait énormément. Bien que ses manières soient désagréables, il était tout de même un être doué de parole avec lequel interagir. Et bien plus intéressant qu’un livre.

Silencieusement, elle se leva et enfila sa lourde robe de chambre. La maison était si froide à cette heure matinale ! Le vent hurlait, et elle imagina combien l’extérieur devait être glacial. Un frisson soudain la secoua violemment, et elle se pressa d’ouvrir la porte pour entrer dans le salon.

Le Professeur Snape était entièrement habillé et chargé de ses livres et d’un paquet déplaisant : un sac plastique noir plein de déchets. Elle se sentit immédiatement mal à l’aise. Il détestait être découvert dans ces tâches moldues humiliantes… Mais c’était trop tard. Il l’avait vue.

« Bonjour, Miss Granger » la salua-t-il en revenant vers la table où ses livres étaient empilés pour commencer à les insérer dans un autre sac plastique, cette fois en utilisant un des sacs du supermarché. « J’aurais pensé que c’était le matin parfait pour rester tard au lit. Vous avez des cauchemars ? Ou vous vous assurez juste que je parte ? »

Il désigna les objets étalés sur la table et déposés à ses pieds, ajoutant d’un ton sarcastique « Eh bien, détendez-vous, car en effet, je pars.

-Non, pas du tout… Je… Eh bien, bonne journée, Professeur » répondit-elle maladroitement, attristée par sa réaction. « Je me demandais simplement si je pouvais vous aider.

-Encore ? » Ses lèvres se plissèrent en un sourire bizarre. « Votre rôle d’aide vous manque ? Maintenant que vos amis écervelés ne sont pas disponibles pour être lassés, vous recherchez de nouvelles victimes pour leur infliger votre présence. »

Elle sentit une chaude vague rouge envahir ses joues. Mais principalement, c’était une immense sensation de défaite qui serrait son cœur. Il se comportait comme si la veille n’avait pas eu lieu. Pire encore, il se comportait comme s’il s’était à nouveau barricadé derrière un mur, refusant de reconnaître ce qui était arrivé. Elle soupira et baissa la tête.

« Dans ce cas, Professeur » souffla-t-elle, « je vous verrais cet après-midi. Je vous souhaite une bonne journée. »

Elle attendit un moment, puis lui tourna le dos et commença à s’avancer vers sa chambre. Derrière elle, la voix ironique s’éleva à nouveau.

« Je vous suggère d’aller vous recoucher et de dormir, Miss Granger. C’est la meilleure chose à faire lors d’une telle journée. »

Elle ferma la porte, l’enfermant hors de son monde.

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Comme toujours, la journée sembla sans fin, mais elle se concentra au maximum sur ses deux objectifs principaux: la recherche assignée et le livre de recettes.

Son travail ayant avancé rapidement jusqu’alors, elle tenta donc de ralentir le rythme pour éviter de terminer trop vite, et donc en revenir à son existence dénuée de sens. Mais le travail semblait si ennuyeux aujourd’hui, et la maison si vide!

Au milieu de la matinée, Hermione croisa les bras sur la table, pencha la tête et laissa des larmes de frustration rouler sur ses joues, les observant choir et inonder la surface de bois tandis qu’elle repoussait les parchemins et le livre pour éviter de les souiller. Bientôt, son désespoir s’accentua, insupportable, et en quelques minutes, elle se retrouva à sangloter désespérément, se noyant dans une mer d’auto-apitoiement.

Le silence de l’après-midi l’aida à recouvrer son calme. A dix-huit heures, elle avait terminé de préparer la table et leur dîner, et une sérénité toute relative occupait son esprit.

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Le Professeur Snape sembla très tendu ce soir-là, fatigué et d’humeur maussade. Il ne dit pas un mot, mais dès qu’il entra et lui tendit les sacs du supermarché, il alla sans un mot prendre la bouteille de Whisky Pur Feu qu’il gardait enfermée dans sa chambre. Déconcertée, Hermione le vit s’asseoir et boire deux verres pleins avant même de remarquer qu’elle avait servi son assiette. Jamais encore avait-il agi ainsi, et elle s’en sentait très inquiète… Et, plus encore, très mal à l’aise.

Il continua à boire, déterminé, pendant le repas, s’enfermant dans un sombre silence. La situation devenait intolérable, alors, espérant en obtenir une réaction, elle lui demanda comment s’était déroulée sa journée. Il soupira et ferma longuement les yeux. Puis il dit lentement, « S’il vous plaît, taisez-vous, Miss Granger. La tâche exaspérante d’aider vos amis idiots à rester en vie exige suffisamment sans que vous ne veniez y ajouter vos commentaires.

-Qu’est-ce que vous voulez dire ? Quelque chose est arrivé à Harry ? » s’exclama-t-elle, sa main se resserrant spasmodiquement sur sa fourchette.

Il la considéra avec une étrange expression dans laquelle regret, rage et frustration semblaient se mêler.

« Ne vous inquiétez pas » répondit-il. « Le Professeur Dumbledore fait de son mieux pour protéger son élève préféré. Aucune action ne pourrait restée injustifiée, aucun mot ne serait pas accepté de sa part venant de Potter… Même si cela signifie mettre toute l’école en danger. »

Sa lèvre se plissa en une expression dédaigneuse. « Non, vous ne devriez pas vous inquiéter pour votre ami. Laissez-moi cette tâche déplaisante. Après tout » murmura-t-il, déposant son front las dans sa main, « j’ai des péchés à me faire pardonner… »

Un silence inquiet suivi ces mots, et finalement, Snape sembla réaliser à quel point Hermione le regardait, anxieuse.

« En revanche » conclut-il brusquement, « Il est hautement déplorable que Potter ait été privé de la seule influence positive qu’il ait jamais eue. »

Une pause. « Et je parle de vous. »

Il l’observa d’un regard qui commençait à se perdre. « Bien que je doive confesser que votre gentillesse envers Potter me déconcerte toujours… »

Hermione fronça les sourcils. Même en sachant qu’il était sous l’effet d’une boisson lourdement alcoolisée, ses commentaires allumèrent une rage aveugle qu’elle devait relâcher. Elle réagit donc immédiatement.

« Il n’y a pas de quoi se déconcerter. Il est courageux, généreux et loyal… Et je me soucie de lui ! »

Il se détendit contre le dossier de sa chaise. « Alors pourquoi ne pas vous soucier de tous les autres ? De nombreuses personnes ont ces qualités et méritent tout autant votre affection. »

Elle se sentit coincée. « Eh bien, je… Je ne sais pas. Au début, je le détestais. »

Elle regarda son sourire ironique et décida de lui renvoyer le défi. « En revanche, je suppose que vous savez comment les amis se choisissent l’un l’autre. Parfois, c’est sans raison compréhensible. C’est notre cœur qui choisit pour nous. »

Il agita une main, riant avec méchanceté.

« Notre cœur… » répéta-t-il, sarcastique. « Et nos cœurs ne nous abandonnent jamais, n’est-ce pas ? Je vois que vous croyez à ces théories féminines et romantiques. Je m’attendais à mieux de la part d’un esprit comme le votre. Mais vous n’êtes qu’une femme, après tout, et très jeune. »

Blessée par le venin de ses paroles, Hermione plissa les lèvres et ne rétorqua pas, croisant les bras en affichant un regard de défi.

Snape fronça les sourcils. « Je suppose qu’il ne vous est jamais venu à l’idée que vos amis pouvaient vous négliger » poursuivit-il d’une voix légèrement pâteuse.

Cette fois, les mots de son ressentiment explosèrent.

« J’ai confiance en mes amis. Je sais que je peux compter sur eux » répliqua-t-elle fermement.

Snape pencha la tête. Ses yeux étaient veinés de rouge et la fixaient sans vraiment voir.

« Vous avez confiance en vos amis… » répéta-t-il lentement. « Ah, quelle déclaration naïve ! Eh bien, Miss Granger, que feriez-vous si votre meilleur ami vous insultait brutalement… Et devant une foule ? »

Elle l’observa, confuse et vaguement effrayée. Le Professeur Snape était à présent immanquablement saoul. Il se pencha pour parler, le regard flou de colère.

« Que diriez-vous si vous essayiez de défendre votre meilleur ami contre une menace et qu’au lieu d’être reconnaissant, il vous rejette, vous crie qu’il n’a pas besoin de votre aide ? »

Sa voix s’élevait, incontrôlable, et Hermione recula, alarmée, tandis qu’il continuait, tremblant d’une furie réprimée.

« Que feriez-vous s’il vous repoussait et vous insultait, vous traitant de sale petite Sang-de-Bourbe, devant toute l’école… Et seulement parce que vous auriez tenté de l’aider ? Qu’est-ce que votre cœur tendre suggère dans ce cas, Miss Granger ? »

Ses poings étaient serrés. La veine, sur son front, pulsait. Ses traits s’étaient altérés en un masque si affreux que la jeune fille leva une main comme pour se protéger, sentant la panique courir dans ses veines comme une vague glacée. Pourquoi le Professeur Snape était-il si enragé ? Qu’avait fait Harry ? Le professeur et l’élève s’étaient-ils à nouveau heurtés? Qu’était-il arrivé?

Tandis qu’Hermione tâtonnait pour trouver une réponse, les souvenirs s’éveillèrent à l’improviste dans son esprit, et elle revit en une rapide succession les nombreuses fois où elle et ses amis s’étaient querellés. Mais combien ces épisodes semblaient éloignés à présent, combien ils semblaient insignifiants comparés à l’inexplicable souffrance dont elle était témoin ! Mais il n’était pas temps de réfléchir. Il était trop agité pour attendre, et elle était trop effrayée pour différer.

« Alors, Miss Granger ? Que feriez-vous ? » la pressa férocement Snape. Elle prit une profonde inspiration et força sa voix tremblante à s’élever.

« Je lui dirais que ses paroles étaient injustes. Je lui dirais à quel point il est stupide. Je lui mettrais peut-être même une claque. »

Elle pensa soudainement à Draco, qu’elle avait frappé en troisième année. Que faisait-il à présent ? Il filait sur les chemins de la perdition avec ses deux acolytes ? Elle déglutit, tentant d’empêcher ses pensées de dériver. Il était difficile de se concentrer sous le regard fiévreux de cet homme pâle et tourmenté.

Et finalement, elle trouva les mots : sa voix s’adoucit, et en même temps, devint étrangement déterminée.

« Mais alors je devrais attendre qu’il vienne à moi. »

Snape pâlit plus encore tandis qu’elle poursuivait. « Oui, je l’attendrais. Et s’il ne vient pas, j’irais le chercher et lui demander des explications. »

Ses yeux étaient à présent des océans de douleur.

« Et alors ? Que feriez-vous ? » Sa question inquiète sonnait comme un cri.

« Je l’écouterais et tenterais de le comprendre. Peut-être cela serait-il vraiment de ma faute, et je lui demanderais de me pardonner. Mais si c’était de sa faute, et s’il s’excusait, me disait être désolé, je lui pardonnerais. »

Snape plongea son visage entre ses mains.

« Lui pardonner ! » répéta-t-il, désespéré. « Lui pardonner.. »

Choquée par sa réaction, Hermione osa plaider en faveur de son ami.

« S’il vous plaît, Professeur, laissez une chance à Harry. Il n’est pas aussi mauvais que vous le pen…

-Potter ?! » Abasourdi, Snape abaissa ses mains et écarquilla les yeux. La surprise, la rage et une émotion mystérieuse vibraient dans sa voix.

« Vous parlez de Potter ? Je ne… Je n’étais pas… »

Il bafouillait sous l’émotion, et se tut donc pour inspirer profondément, tentant de contrôler sa réaction. Une fois de plus, ses poings se serrèrent en un acte de volonté suprême. Ses yeux clignèrent à répétition, puis s’éclaircirent étonnamment. Il se laissa aller au fond de son fauteuil et fixa Hermione pendant ce qui lui sembla être une éternité.

« Votre loyauté envers vos amis est… Admirable » déclara-t-il finalement avec un sourire déconcertant.

Puis il repoussa son assiette et ajouta froidement « J’ai terminé. Bonne nuit, Miss Granger. »

Il se leva, vacillant un peu, jeta un dernier regard sur la table et se détourna pour sortir, s’arrêtant un instant pour prendre la bouteille entre ses doigts tremblants. Hermione réalisa, horrifiée, qu’il l’avait totalement vidée.

Elle le vit marcher jusqu’à sa chambre et refermer la porte en la claquant brutalement. Puis elle entendit le son de ses poings frapper violemment et à répétition une surface de bois, et enfin, le son de la bouteille s’écrasant au sol. Elle retint son souffle. Mais le silence qui suivit ces explosions fut encore plus alarmant, et elle soupira, désespérée, une fois de plus seule avec ses pensées amères.

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Note de Lady Memory :

1) “Now that your brainless friends aren't available to be wearied, you need to seek new victims to inflict yourself on" et "Your loyalty to your friend is… admirable” ( note d’Aë: traduits en « Maintenant que vos amis écervelés ne sont pas disponibles pour être lassés, vous recherchez de nouvelles victimes pour leur infliger votre présence. » Et « Votre loyauté envers vos amis est… Admirable ») : Je voudrais remercier Duj et sa merveilleuse histoire ‘In Your Dreams’, à laquelle j’ai emprunté ces des phrases. Merci pour toute ton aide !

2) Juste pour clarifier: veuillez vous rappeler qu’Harry n’a pas raconté à ses amis l’épisode qu’il a vu dans la Pensine où ils étaient à l’école, et c’est pourquoi Hermione ne peut comprendre…

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Note de Sockscranberries : Houlaaa il était intense ce chapitre. Snape était vraiment démonté là, et dans tous les sens du terme.

Pauvre Hermione qui ne sait toujours pas sur quel pied danser… Un as en avant, deux en arrière. Espérons que la situation change un peu.

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Bien que ses manières soient désagréables, il était tout de même un être doué de parole avec lequel interagir. Et bien plus intéressant qu’un livre. (Peut-être… ^^)

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Pire encore, il se comportait comme s’il s’était à nouveau barricadé derrière un mur, refusant de reconnaître ce qui était arrivé. Elle soupira et baissa la tête. (Ouais, Snape dans toute sa splendeur quoi.)

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« En revanche » conclut-il brusquement, « Il est hautement déplorable que Potter ait été privé de la seule influence positive qu’il ait jamais eue. »

Une pause. « Et je parle de vous. » (Wow, ça ressemble presque à un compliment…)

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Je m’attendais à mieux de la part d’un esprit comme le votre. Mais vous n’êtes qu’une femme, après tout, et très jeune. » (Hum, la misogynie n’est pas le trait de caractère que je préfère chez lui)

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« Vous parlez de Potter ? Je ne… Je n’étais pas… » (Non en effet, tu étais bien loin de lui)

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« Votre loyauté envers vos amis est… Admirable » déclara-t-il finalement avec un sourire déconcertant. (Bon, là c’est un vrai compliment je crois, non ?)

30 jours, un mariage 9
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M
Eh beh pauvre Severus vivement que toute cette guerre se termine sa te permettras de faire le point sur tout ce qu'il c'est passé depuis ton enfance. Merci pour la suite
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A
Merci à toi!
C
Ravie de lire cette suite!! Vivement le prochain chapitre!!! Merci Aë!!!
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A
j'en ai plusieurs d'avance et le suivant est peut-être pour ce soir ^^
Z
Merci pour ce nouveau chapitre !
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A
je t'en prie ^^
N
Je ne sais pas pourquoi je trouve cette histoire prenante. Je ne peux pas m'empecher d'etre frustree a la fin de chaque chapitre et de vouloir la suite. Pourtant les choses avancent trèèèèèèès lentement, meme si il y a une petite evolution... La pauvre Hermione a de quoi se morfondre. Snape en heros anonyme et malheureux. C'est long. Mais vraiment. J'aime cette histoire. La suiiiiiiite !!
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A
et pourtant la fic n'est pas 'très' longue, puisqu'on arrive au quart ^^<br /> merci beaucoup!
F
Un chapitre intense : Severus laisse entrevoir à Hermione son côté torturé et humain... Nous, nous savons à qui il fait allusion, mais pas sa femme.<br /> Très beau chapitre, merci Aë pour le partage !!!
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A
je t'en prie!<br /> les choses évoluent tout de même ^^