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les fanfics d'Aë

Love is war

8 Août 2014 , Rédigé par Aësälys Publié dans #Aësälys, #Histoires originales

Love is war (Art of war)



L’amour est un combat, une lutte.

Je me bats, je me bats chaque jour, même si mon courage fuit.



« **** ! »

Il m’appelle. C’est mon petit ami, pas mon amoureux. Je l’apprécie. Le sexe, avec lui, ça le fait, plus qu’avec la plupart de mes anciens amoureux. Alors, pour l’instant, il a l’exclusivité.

Même si j’en aime un autre.


J’ai passé la nuit chez lui, mais, comme à chaque fois qu’il s’endort le premier, j’ai quitté la chambre et dormi sur le canapé –il ronfle trop fort. Il m’a réveillée tôt, d’un baiser, m’a servi le petit déjeuner « au lit », sur un plateau, m’a câlinée. Je l’aime bien. Lui, il m’aime tout court. Et je souffre de ne pas le lui rendre.

« Björn…

-Oui ? »

Il est plus près que je ne le croyais, et il lui suffit d’un pas pour me toucher –un baiser dans le cou.

« J’ai envie de faire l’amour. On a le temps ?

-On va dire que oui. Si je ne t’amène pas à la fac, c’est bon.

-Cool. Viens ici, alors.

-Sur le canapé ?

-Pourquoi pas ? »


J’ai pris le bus, chose rare. En général, il m’amène lui-même à la fac. J’y retrouve mon groupe d’amis, pas un n’est issu de la même section que moi –la plupart des étudiants en médecine sont des petits péteux. Je trouve mes amis dans les sections de langues vivantes, de lettres et d’arts.

« **** ! »

Liouda me plaît. Elle est assez petite, comme moi, et son accent russe lui donne une voix presque agressive, très éloignée de son caractère. Elle est plutôt mince, avec un visage très typé « beauté slave » -pommettes hautes, yeux gris, avec ce teint si spécifique. Ses cheveux blonds cendrés cachent cette beauté –Liouda est extrêmement prude, et camoufle toujours chacun de ses charmes. Elle ne veut pas avoir à s’attacher amoureusement ici, pour pouvoir « rentrer sans regret », comme elle dit.

Je crois qu’elle aime, elle aussi. De son point de vue, c’est un échec.

Elle doit quitter le pays dans quelques mois, et entrer dans l’armée, sous la poigne de fer de son paternel. Je l’ai vu quatre fois, il m’est détestable, mais, pour une raison obscure, je crois qu’il m’aime bien. Beurk.

Il a du être bel homme, à une époque, dans le genre « officier glacial », mais ce n’est pas ce qui me plaît.

Björn est très différent. Chacun de ses traits m’est désirable, et son caractère même m’est désirable ; il irradie de chaleur, et je réchauffe mon cœur blessé auprès du sien. Alors, pour l’instant, il a l’exclusivité.

Même si j’en aime un autre.

L’amour est une lutte, un combat.

Mais pour lui, je ne me bats plus.

Je ne me suis jamais vraiment battue pour lui –je me suis tant battue, tant battue pour d’autres, au sens propre comme au figuré, j’en ai des cicatrices au corps et des bleus à l’âme. Mais pour celui-là, je n’ai pas lutté –si, en fait, mais si peu. Je l’ai rencontré, suis tombée amoureuse, puis ai appris que ce type apparemment sympathique n’était qu’un sale con sautant toutes les filles qu’il trouvait potentiellement baisables.

Ca m’a quelque peu refroidie, et j’ai avorté ma tentative de conquête, mon début de campagne militaire.



Je pianote vaguement pendant les trois heures que dure le cours, retrouve Liouda dans la cafétéria, le nez presque dans son chocolat chaud. Elle s’est assise sur une chaise, a replié ses jambes sur la chaise voisine, les bras dans le vide et la tête sur la table. Je l’interpelle, elle ne répond pas : deux fils relient ses oreilles à la poche arrière droite de son jean élimé. Je récupère une tasse en carton, la remplis d’eau chaude, arrache un écouteur aux oreilles de Liouda, le plante dans une des miennes. Une fille beugle en russe sur un martèlement de batterie.

« Ah, tu as fini.

-Visiblement.

-Tu bois quelque chose ?

-J’ai pris de quoi faire. »

Je farfouille dans mon sac, récupère un des sachets de thé, le fait tremper dans l’eau chaude, ingurgite. Ce n’est pas top, mais je manque de sommeil –ô passion dévorante de Björn. C’est aussi pour ça qu’il a l’exclusivité : je ne me vois pas conjuguer sa passion avec les élans d’un autre –Björn m’épuise trop pour ça.

En fait, il m’épuise parfois même trop pour que je puisse suivre sa seule passion.

Le contraire est vrai également, mais jamais les veilles de jour ouvré, c’est contre-productif.


Liouda est en général assez silencieuse, surtout en société, mais peut se montrer particulièrement volubile. Quoi qu’elle fasse, qu’elle dise, elle me « convient ».

Junko surgit, s’extirpe presque d’un groupe de jeunes asiatiques, majoritairement chinois, rapidement suivie par son frère aîné, gardien de sa sécurité –plus de sa chasteté, dans les faits, mais il ne vaut mieux pas pinailler avec lui.

« Il va falloir que tu réexpliques ça, pour que lui il entende, je retrouve plus ce que c’était…

-Ca quoi ?

-Les fleurs rouges aux boutonnières.

-C’était des œillets, Jun.

-C’est quoi, « œillet », en japonais ?

-Nadeshiko desu, Ryutaro.

-J’apprécie ton accent enfantin, mais il incommode mon frère. Et on va finir par larguer Lilya, ce qui n’est pas élégant.

-Oui.

-Ne vous en faites pas pour moi, je me suis mise en attente.

-C’est joli, Nadeshiko.

-Kawai desu ka ? » (Je ne savais pas que tu savais parler japonais, c'est cool! :-) ) Aë : Très vaguement ^^

Les intonations enfantines s’échappent à nouveau de ma gorge, et Ryu grimace vaguement, puis répond.

« Hai, so des’, kawai. Doko…

-Je me remets en attente ou vous recommencez à utiliser un langage européen ?

-Pardon, pardon… Bon. On bouffe où ? »


On bouffe chez moi. Je n’y suis pas allée depuis quatre ou cinq jours –l’appartement de Björn m’accueille toutes les nuits qui ne sont pas suivies de matinées de cours, ce qui comprend les week-ends- et les légumes commencent à tirer la gueule. Je coupe, je fais frire et bouillir, je sers.

« Celui qui laisse des restes fait la plonge. Et si vous êtes plusieurs, je vous refile du ménage avec. »

En général, les repas pris chez moi accueillent plus de monde, mais Ichiko est partie passer six jours à Paris, faire une tournée des musées d’art, pour ses études, et les potes de Ryutaro cuvent leur sortie du mercredi soir, comme tous les jeudis.

Ils partent, je range, nettoie, prend quelques babioles et retourne chez Björn. Je ne sais pas à quelle heure il rentre, mais ça n’a pas d’importance. Dans tous les cas, je vais lui faire son dîner -plat de viande-, faire le mien –platée de légumes- et l’attendre.



Björn est rentré, je le sens.

Je ne l’ai pas entendu, ni vu, mais je sais qu’il est là : l’odeur de son eau de toilette flotte dans la chambre. Je me redresse, jette un coup d’œil à l’horloge posée sur la commode.

« Björn ?

-Tu es déjà au lit ? Tu as mangé ?

-Non. J’ai faim.

-Je le fais chauffer. Viens, chérie. »

J’ai dormi presque deux heures, un livre ouvert sur le nez. Björn est là, en jean et chemise, pieds nus, une main parée d’une cuillère en bois, l’autre d’une manique, il s’occupe de la tambouille. Je suis en culotte et débardeur –l’après-midi a été brûlant.

« Tu n’as pas froid ?

-Je commence. »

Je récupère un de mes jeans sur l’étendoir, l’enfile, m’installe à table pour le repas.

« Tu sais… Je…

-Oui ?

-Je t’aime.

-Je sais.

-J’aimerais bien t’entendre me le dire, un jour.

-Désolée. Pour l’instant, il y a…

-« L’autre ». Je sais. Comment ça avance ?

-Ca n’avance pas et ça n’avancera jamais. C’est un sale con, et il n’est pas question que je me bouge pour un sale con. »

Il ricane. Comme à chaque fois, ma réponse le satisfait.



L’amour est un combat, une lutte. Avec Björn, il n’y a pas de lutte, pas de bataille à mener. Lui lutte pour moi, mais à aucun moment je n’ai lutté pour lui. Il le sait, et me veut quand même. Il lutte pour moi. Alors, pour l’instant, il a l’exclusivité.

Même si j’en aime un autre. Parce que cet autre, je ne le veux pas.



Je souhaite quelque chose de durable, de brûlant, de réel, qui me donne quelque chose de plus réel encore, de tangible.

L’autre ne peut me donner rien de tout ça. Il n’en a pas la volonté, et je doute que son petit esprit étriqué uniquement occupé à chercher de nouveau trous puisse ne serait-ce qu’envisager de faire cela pour une femme. Dans quinze ou vingt ans, il sera père, avec une épouse aux allures de cocotte, deux ou trois enfants, et un chien –en plus du reste, il n’aime pas les chats.

Et en plus, c’est un sale con.

Alors Björn a mon affection, mon corps, et l’exclusivité.

Et il semble s’en satisfaire.


« J’ai reçu la réponse du patron. Ce matin, en fait. Il a envoyé sa secrétaire, elle m’a passé le courrier.

-La réponse pour quoi ? L’augmentation ou le changement de contrat ?

-Les deux.

-Alors ?

-J’ai trois pour cent, et le CDI. Alors…

-Alors, quoi, Björn ? »


Il hésite, déglutit péniblement, renifle, se prend le menton dans la main gauche, le lâche, repousse son assiette, comme à chaque fois qu’il a finit son repas, se lève. Il la prend dans sa poche arrière de jean.

Il se plante devant moi, tombe à genoux. Elle, je l’ai déjà vue, c’est celle qu’il porte toujours, celle qu’il tient de son père. Celle dont il dit que c’est la chose la plus précieuse qu’il ait. Je l’ai déjà mise plusieurs fois, par jeu. Lui la portait à l’auriculaire, je la mettais à l’index ; un jour, il me l’avait retirée et glissée à l’annulaire, elle y tenait mieux qu’ailleurs. Il avait dit « c’est beau », j’avais répondu « j’ai pas des mains à bagues ». Et pourtant, pour lui, si.


« Alors, épouse-moi, Emma. »

Je l’ai dit sans réfléchir, et la question ne le surprend pas. Visiblement, il s’y attendait.

« Tu me feras des enfants ?

-Oui, autant que tu en voudras. Et on commence ce soir, si tu veux. »



L’amour est un combat, une lutte.

Mais je n’ai plus envie de lutter.



Ma volonté me quitte, mon désespoir, bien que cerné, cerclé, maîtrisé, reste présent et puissant. Mon sourire, autrefois simple façade, est à la fois mon armure et le reste de mon âme. Je ne suis pas malheureuse, mais ce vide, que je croyais n’être qu’une zone d’ombre camouflant ce qu’il m’a en réalité bouffé, j’ai fini par le comprendre. Il faut connaître son adversaire pour pouvoir espérer le vaincre, j’ai coincé le mien. Il empêche la zone de se reconstruire, mais, au moins, il n’attaque pas le reste, comme il l’a autrefois fait.


La russe ouvre la porte, entre en trombe. Elle a choisi un uniforme, l’a teint en noir, retiré les gallons et transformé en quelque chose de classe, mais qui aurait mieux convenu à un homme et à un enterrement. Elle est femme et à mon mariage.

« Tu es prête ? »

Ma robe blanche et vaporeuse s’est coincée sous le pied d’un petit meuble. Elle l’a décroche.

« Je n’aurais pas dû…

-Me laisser me marier ? Pas envie d’en parler. Ce sourire, il va ?

-Aux circonstances, non, à l’illusion, oui.

-Superbe. On y va. »



L’amour est un combat, une lutte.

J’abandonne le combat, je rends les armes.

Aujourd’hui, je me marie.

.

.

oOoOoOo

.

.

Note de Lizziye :

Je ne sais pas si « Les mères, la fleur et l'arbre » sont liés – on dirait – mais en tout cas, cet OS est très beau. Ce n'est pas un « happy-end », on n'a pas de démonstration de belles histoires d'amour comme dans les films. C'est une histoire réaliste, qui pourrait arriver, et on est plongés dedans à cœur perdu. J'ai vraiment aimé, je l'ai trouvé très beau.

Très beau travail :-)

.

Aë : Alors, ‘Nadeshiko’, qui est dans cet Os, est une des mères (l’adoptante) de ‘ les mères, la fleur et l’arbre’. C’est aussi celle de ‘nuits d’orage’, et de pas mal d’autres choses à venir.

Love is war
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S
Sympa<br /> Merci
Répondre
A
Merci beaucoup ^^
C
Vraiment beau. Aesalys seriez-vous d'humeur tristoune en ce moment? Merci pour ce texte.
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A
Non, c'est un 'vieux' texte XD
E
Très sympa cet OS ! Merci ^_^
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A
Merci ^^
Z
Ce texte m'a émue ;w; Mais j'ai pas réussi à identifier un fandom eê Il y en a un ou c'est un texte totalement original ? (Dans le sens bien sûr, qu'il n'est pas inscrit dans un univers déjà existant)
Répondre
A
Comme l'indique cette catégorie, ce sont des textes entièrement originaux ^^